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Les saisies de terres à Gaza jettent un doute sur le retrait des colons

Publie le dimanche 29 février 2004 par Open-Publishing

http://www.guardian.co.uk/israel/Story/0,2763,1157380,00.html

Al-Mughraga - Israël est en train de saisir des terres à Gaza pour agrandir une des colonies juives les plus controversées, trois semaines après que Sharon ait annoncé son intention de retirer toutes les colonies du territoire.

L’armée israélienne a délivré des ordres lundi 23 février 2004 à des familles palestiniennes visant à exproprier des terres pour « construire une barrière de sécurité pour Netzarim », qui augmente le territoire sous contrôle israélien à Gaza.
Les ordres laissent une semaine aux Palestiniens pour faire appel, mais des bulldozers blindés sont arrivés deux jours plus tard pour détruire des vergers et d’autres cultures.

Les saisies sont arrivées en même temps que l’armée confisquait de larges zones de terres autour d’une deuxième colonie : Kfar Darom.
Les expropriations ont renforcé les doutes parmi les Palestiniens sur la volonté de Sharon de déplacer les 7.000 colons qui occupent un quart de Gaza alors que 1,1 million de Palestiniens occupent le reste.

Les dernières saisies sont à al-Mughraga, sur la bordure est de Netzarim, où quelques dizaines de familles juives habitent. L’ordre, qui vient du directeur du Commandement Sud de l’armée israélienne, le Brigadier Général Dan Harel, stipule que c’est pour des raisons de « nécessité militaire ».

Parmi ceux qui ont reçu les avis de confiscation se trouvent Heder et Mohammed Zahar, deux frères qui racontent qu’un immense bulldozer arrachait environ 400 pieds de vigne, qui sont leur seule source de revenus après que l’armée ait détruit, il y a un an, des hectares d’arbres fruitiers sur une autre parcelle de terre.
Heder Zahar (52 ans) dit : « Les bulldozers sont sur nos terres en train de tout détruire sur 100 mètres à partir de la barrière en disant que c’est une zone de sécurité et qu’ils tireront sur nous si nous y allons. »

« Ils sont en train d’étendre la colonie et ils utilisent la barrière comme excuse. Ils veulent que nous partions et ils nous chassent en venant chaque année un peu plus près et en nous enlevant notre terre morceau par morceau. Les Israéliens sont très patients et pendant que le reste du monde regarde ailleurs, ils s’avancent. »
Malgré le fait que la barrière n’empiète que sur une mince bande de terre, les fermiers palestiniens perdront tout accès des deux côtés du grillage.

Vicky Metcalfe, du Centre Palestinien pour les Droits Humains, dit : « Tout ce qui est au-delà de la barrière est en fait annexé. Les Israéliens déclarent aussi que les 100 mètres devant la barrière constituent une zone de sécurité et ils tirent sur toute personne qui s’y avance. »

« Le résultat, quand ils avaient fait cela avant à Netzarim, a été la désertification graduelle de la terre, parce que les Israéliens détruisent les récoltes, détruisent les canalisations d’irrigation et changent le caractère de la terre. »

Pour les Palestiniens, Netzarim est un symbole amer de l’occupation. La présence d’environ 60 familles juives impose de sévères restrictions sur les déplacements de dizaines de milliers d’habitants de Gaza chaque jour, y compris l’interdiction pour les Palestiniens d’utiliser une grande partie de la route principale qui passe à travers le territoire.

La colonie est synonyme de la cruauté israélienne pour les Palestiniens depuis que l’armée a été blâmée pour avoir tué au début de la présente Intifada un garçon de 12 ans, Mohammed al-Durah, alors qu’il s’abritait derrière son père près de l’entrée de Netzarim.

L’armée a fait sauter de grands bâtiments qui surplombaient la colonie après qu’ils aient apparemment été utilisés, en octobre, comme position pour tuer trois soldats israéliens qui la gardaient. L’armée a également délivré un ordre permettant aux soldats de tirer sur toute personne qui utiliserait des jumelles pour regarder Netzarim.

La maison des Zahar est constellée de traces de balles israéliennes, dont plusieurs ont pénétré dans la chambre des enfants, comme c’est le cas dans pratiquement chaque maison palestinienne dans la région.

« Il y a des tirs presque chaque nuit, chaque fois qu’ils en ont envie », dit Heder Zahar. « Nous ne bougeons pas librement dans notre maison. Quand la tour de l’armée sera encore plus près, cela deviendra encore plus dangereux. »

Malgré le fait que Netzarim soit la première saisie annoncée depuis que Sharon a dit qu’il avait l’intention de retirer les colons juifs de Gaza, des expropriations continuent dans d’autres régions.

Le mois dernier, l’armée a délivré des ordres confisquant près de 100 hectares de terres près de la colonie de Kfar Darom au sud de Gaza. Dix-sept familles vont perdre presque toutes leurs ressources pour des raisons de « nécessités militaires ».

Jonathan Peled, un porte-parole du gouvernement, dit que les saisies sont purement une question de sécurité. « Tant qu’une décision sur le redéploiement hors de la Bande de Gaza n’est pas prise, le gouvernement israélien est responsable de la sécurité des Israéliens vivant là-bas », dit-il.

Mais les confiscations ont renforcé les doutes des Palestiniens sceptiques sur le sérieux de Sharon concernant le retrait des colons. « Ce sont des mensonges », dit Mohammed Zahar. « Il utilise ces mots comme un anesthésique pour que les gens pensent que Sharon est modéré et ainsi ils ne remarquent pas ce qu’il fait réellement. »

Chris McGreal
Traduit de l’anglais par Ana Cleja
http://www.solidarite-palestine.org/rdp-rea-020427-1.html