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Les syndicats se refusent à toute pause revendicative

Publie le mardi 6 février 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

de Comarmond Leïla

Pendant la campagne, « les revendications continuent », affirment les syndicats. Adresses, interrogations écrites, questions : tous, sauf Force ouvrière, vont interpeller officiellement les candidats comme en 2002.

« Nous n’allons pas décréter une pause revendicative au simple motif qu’il y a une campagne électorale », a déclaré hier dans une interview au quotidien « Aujourd’hui » Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, qui ne manque pas une occasion de tacler Nicolas Sarkozy. « Pendant la campagne, les revendications continuent », avait expliqué Jean-Claude Mailly, son homologue de Force ouvrière, le 24 janvier. Pour les syndicats, c’est clair : il n’y aura pas de trêve sociale. L’appel des fonctionnaires et des cheminots à une journée d’action, jeudi, en est la traduction (lire page 35). Il s’inscrit dans une continuité. « Seules les premières élections présidentielles après l’instauration du suffrage universel ont coïncidé avec une baisse des grèves. Après, au contraire, cela a été l’occasion de faire pression », explique le politologue René Mouriaux.

Une liste de 14 questions Encore faut-il que la mayonnaise prenne. Toutes les années présidentielles ne se sont pas ressemblées. En 2002, le calme a prévalu, pas forcément de bon augure avec l’élimination de Lionel Jospin par Jean-Marie Le Pen. En 1995, il y a eu une poussée de revendications salariales au printemps... et une flambée de décembre. Quoi qu’il en soit, les appels à mobilisation ne constituent pas le seul outil des syndicats pour peser sur la période électorale. Comme en 2002, tous vont interpeller les candidats sur leurs revendications.

La CFTC, qui a déjà vu François Bayrou et Nicolas Sarkozy, a envoyé aux candidats une liste de 14 questions et fait du lobbying auprès des députés. La CGC finalise le texte de son « interrogation écrite » aujourd’hui et va demander à être reçue par les candidats. Pas Force ouvrière qui rappellera « le plus possible ses positions », mais n’a pas l’intention d’interpeller les candidats ni de « faire du benchmarking ». La CFDT met la dernière main à une adresse aux candidats qu’elle publiera mi-février, tandis que la commission exécutive de la CGT doit plancher le 1er mars sur le sujet. Au programme de tous : Sécurité sociale professionnelle, mais aussi pouvoir d’achat, protection sociale et représentativité syndicale.

La page pas totalement tournée La consigne de vote est passée de mode. FO n’en a jamais voulu. La CFDT l’a abandonnée au début des années 1980. La CGT a été la dernière à s’en défaire, à la fin des années 1990. La page n’est cependant pas encore totalement tournée à Montreuil. Dernier épisode : le secrétaire général de la fédération des cheminots, Didier Le Reste, fait part, dans le mensuel « Le Peuple », de son refus de toute « pause sociale ». Il y précise aussi que le syndicalisme « ne peut être cantonné dans un rôle de spectateur ou de consommateur de programmes politiques ». Une phrase sibylline sans doute destinée à justifier la participation à la campagne de la candidate du PCF, Marie-George Buffet, de ceux qui sont comme lui des communistes revendiqués. La commission exécutive de la CGT a pourtant rappelé à l’ordre ses responsables en septembre dans une « note » qui affirme que « la CGT s’interdit toute attitude de soutien ou de co-élaboration d’un projet politique, quel qu’il soit, toute participation, sous quelque forme que ce soit, à une coalition à vocation politique ».

Les Echos

Messages

  • "Les syndicats se refusent à toute pause revendicative".....???????Malheureusement "la pause revendicative permanente" c’est un peu ce que pratique les Thibaut, Mailly (sans parler de Chereque...la CFDT n’est plus un syndicat). Il y a un vrai problème de stratégie syndicale, les grandes centrales misent tout sur les "journées d’actions", comme celle de jeudi, journée corporatrice et limitée par principe. Il faut arrêter de croire que ce genre de journées isolés va permettre de bouger quoi que ce soit, de "se faire entendre".... On va se faire plaisir, on va descendre dans la rue entre nous, on va voir les copains, mais au bout du comte, à quoi cela va t’il servir ?
    Sur la question des salaires, comme sur celle de la défense des services publics, il y a à mon avis de la place pour un grand mouvement interprofessionnel. Mais ça il y a bien longtemps que la CGT (au niveau de la Conf’)a abandonné ce genre de référence, malheureusement....
    Il faudrait pour cela réinvestir dans les structures de base, permettant vraiment de construire les liens interpro : les UL ! C’est aussi à partir de ces ULs qu’on pourrait redévelopper des caisses de solidarité permettant d’aider les grévistes, de prendre en charge une partie du coût financier.

    Je précise que suis fonctionnaire, et militant actif à l’Unas CGT (branche de l’UGFF, inspection du travail)

    Cédric

    • La gréve générale mon cher Cédric ?décréte la et tu verra combien il y aura de personnes en gréve !

      Elle ne se décréte pas,elle est la résultante de convergences de luttes,et c’est à la base qu’elle doit se construire,la Confération CGT le fera quand ces convergences existeront et ne fera qu’entériner une situation.

      tout le reste c’est du blabla.

      Jean Claude des Landes

    • L’argument selon lequel "la grève générale ne se décrète pas" est tout à fait valable.
      Là où il devient problématique, c’est quand, répété de manière incantatoire (et souvent méprisante), il sert finalement à dédouaner les directions syndicales de leur responsabilité. Tout simplement parce qu’il ne répond pas à la question qui se pose de plus en plus fortement à la base : pourquoi les directions syndicales refusent-elles non seulement de la décréter mais même désormais tout simplement de l’évoquer et a fortiori de la préparer ?

      Rappelons à cet égard la phrase de B. Thibault, désespérant les nombreux syndicats CGT combatifs, en mai 2003 lors du conflit sur les retraites et la décentralisation : "La CGT n’a pas vocation à bloquer le pays !" On n’est plus du tout dans un problème tactique (à quel moment évoquer une grève interpro durable ?) mais dans le refus pur et simple de construire une telle perspective.

      En cette période de régrassion sociale généralisée, il devient de plus en plus urgent de contrer la stratégie du "syndicalisme rasemblé" derrière la CFDT et au sein de la Confédération Européenne des Syndicats dont le sécrétaire général John Monks n’est autre que l’ancien conseiller "social" de Blair à qui il a permis de maintenir les lois anti-syndicales de Thatcher...

      http://collectif-syndical-classe.over-blog.com/

    • En effet, la grève générale ne se décrète pas, camarade JC, et je suis également d’accord avec toi qu’elle se construit à la base, par la convergence des luttes. Mais justement pourquoi la CGT ( mon orga - peut être la tienne ?- celle que je connais le mieux) n’agit elle pas dans ce sens, dans le sens de la convergence des luttes ? Pourquoi ne pas lancer une grande bataille interpro (public/privé) sur la question salariale ? Pourquoi se dédouaner de ces responsabilités confédérales, en appeller sans cesse à la base, alors que dans le même temps les structures de base (les UL) sont systémétiquement oubliées, voire vouées à la disparition, dans les textes de congrés ? Pourquoi continuer cette réthorique des manifestations pour "se faire entendre" mais jamais ô grand jamais pour "bloquer le pays" ou "l’économie" ? Pourquoi avoir refusé l’appel à la grève générale et au blocage massif quand les convergences et la situation existaient, au moment du CPE ou des retraites par exemple ?

      Tout cela me semble être des questions importantes. Les syndicaliste-Révolutionnaires, syndicalistes de classe et autres ne passent pas leur temps (enfin pas tous....) sà avoir à quelle date on décrêtera le Grand Soir ou la Grêve Générale !

      Autre chose JC, ce n’est pas parce que nous aimons notre CGT (ou notre parti -je suis moi aussi au PC) qu’il faut s’abstenir de remettre en cause la ligne et qu’on ne peut critiquer. Ce qui doit être combattu, ce sont les tentations scissionnistes à l’intérieur, les volontés de tendance, la chasse à l’homme ou à la femme, la critique radicale (souvent justifiée) mais bien souvent cachant des volontés de pouvoir et une absence de pistes alternatives.

      Cédric