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Lettre à Obama après son prix Nobel

Publie le jeudi 15 octobre 2009 par Open-Publishing

Monsieur le Président Obama Le quatorze octobre 2009.
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500

Monsieur le Président Obama,

Permettez-moi avant tout, de vous féliciter pour le prix Nobel de la Paix qui vient de vous être attribué.

Ce n’est pas un hasard si vous avez été choisi.

Attribuer ce prix au tout nouveau Président des Etats-Unis que vous êtes prouve à quel point est grande l’aspiration dans le monde à voir une politique de votre pays enfin basée sur d’autres valeurs que des rapports de dominant à dominés, n’engendrant que guerres, misères et injustices.

Vos déclarations de principe ont montré que vous avez la volonté d’engager votre pays dans une nouvelle direction, et ce prix Nobel concrétise l’espoir de vous voir les mettre en application.

Je voudrais vous parler de vos relations avec Cuba.

La guerre d’indépendance de Cuba confisquée par les Etats-Unis n’est pas bien éloignée dans le temps, elle remonte à peine à un peu plus d’un siècle. Depuis, la politique de votre pays a peu changé à l égard de ce petit pays. Dans le mémorandum que le sous-secrétaire à la guerre Breckenridge écrivait à propos de Cuba au lieutenant général Nelson A.Miles le 24 décembre 1897 on pouvait lire :

« …we must clean up the country, even if this means using the methods Divine Providence used on the cities of Sodom and Gomorrah.
We must destroy everything within our cannons’ range of fire. We must impose a harsh blockade so that hunger and its constant companion, disease, undermine the peaceful population and decimate the Cuban army … »

(« Il convient d’assainir ce pays, même si ce doit être à la manière qui fut celle de la Divine Providence dans les villes de Sodome et Gomorrhe.
Il faudra détruire par le fer et le feu tout ce qui est à portée de nos canons, renforcer le blocus pour que la faim et la peste, son éternelle compagne, déciment sa population pacifique et réduisent son armée »)

Ces propos sont d’ une sinistre actualité, comme on peut en juger en voyant ce qu’écrivait le sous-secrétaire d’Etat assistant pour les Affaires interaméricaines Lester D.Mallory à son secrétaire d’ Etat Roy R. Rubottom le 6 avril 1960 dans un mémorandum lui aussi :

« Most Cubans support Castro. There’s no effective political opposition (...) the only foreseeable means to alienate internal support is by creating disillusionment and discouragement based on lack of satisfaction and economical difficulties (...) We should immediately use any possible measure to (...) cause hunger, desperation and the overthrow of the Government. »

(« La majorité des Cubains soutiennent Castro, il n’y a pas d’opposition politique efficace…Tous les moyens doivent être entrepris rapidement pour affaiblir la vie économique de Cuba…Une mesure qui pourrait avoir un très fort impact serait de refuser tout financement et livraison à Cuba, ce qui réduirait les revenus monétaires et les salaires réels et provoquerait la famine, le désespoir et le renversement du gouvernement ».)

Le blocus continue, au mépris de la volonté d’une grande majorité de nations !

Cuba n’a que trop souffert de la politique agressive des Etats-Unis, tout au long de son histoire et particulièrement depuis la révolution castriste. Les Etats-Unis n’ont jamais accepté les choix de société des Cubains, qui pourtant ne concernent qu’eux. Les actes de terrorisme fomentés depuis les Etats-Unis se sont multipliés depuis l’avènement de cette révolution. Malgré la violence déchainée contre Cuba et la monstruosité des actes commis, les mafieux de la société cubano-américaine responsables de ces crimes ont toujours été protégés voire encouragés par les différents gouvernements de votre pays.

Les cinq Cubains Gerardo Hernandez, Fernando Gonzalez, Antonio Guerrero, Ramon Labañino et René Gonzalez qui ont défendu leur pays contre les attentats en infiltrant ces groupes terroristes sont toujours, eux, emprisonnés dans votre pays.
La mascarade de procès qui s’éternise d’appel en appel depuis tant d’années est insupportable d’iniquité, d’injustice.

Vous le savez, Monsieur le Président, une normalisation des relations entre vos deux pays passe par la libération de ces cinq Cubains, c’est incontournable.

Il est grand temps que ces hommes qui ont lutté contre le terrorisme soient enfin libérés, ils ont déjà passé beaucoup trop de temps dans vos prisons, et dans des conditions particulièrement inhumaines.

Vous avez le pouvoir, Monsieur le Président de gracier ces hommes. Ce geste fort de votre part est très attendu, nous l’espérons proche. Ce serait un très bel hommage rendu à l’attribution de votre Nobel de la Paix.

Espérant que vous ferez un tel geste sans plus tarder, croyez, Monsieur le Président, à mes sentiments humanistes les plus sincères.

Jacqueline Roussie.
64360 Monein (France)