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Liban, Palestine, Irak, Afghanistan : Massacre des innocents

Publie le lundi 4 septembre 2006 par Open-Publishing
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de Sarah Petrovna Struve

Le fait d’avoir été victime ne nous protége pas de devenir un jour bourreau. Au contraire, sans un accompagnement, sans un travail de résiliences, sans la relativisation de son rôle d’objet victime, la victime deviendra bourreau, se trouvant un bouc émissaire de remplacement.

Il se peut aussi qu’un groupe s‘empare de la souffrance de ses victimes par assimilation et en partageant d’apparence la même identité, devienne le bras vengeur de L’identité qu’il s’est approprié.

Il est difficile d’écrire sur ce qui se passe au moyen orient, la Palestine sans cesse martyrisée, le Liban - pays que j’ai connu avant la guerre civile, dont j’ai apprécié la gentillesse et la générosité des gens - bombardé.

Ma famille, d’origine russe, était étroitement imbriquée dans la fois chrétienne orthodoxe, elle avaient liés de multiples relations de fraternité et d’amitié avec des libanais et des palestiniens orthodoxes et d’autres confessions, ainsi, mon enfance se passa dans un christianisme orthodoxe écuménique qui portait comme une évidence, l’universalité de la foi, de toutes les religions dans leurs essences mystiques. Judaïsme, Islam, Christianisme et au-delà, tendaient vers le même but, la lumière, vers le même désire, la quête de l’illumination.

Cette enfance se passa aussi, à travers le souvenir de l’engagement de mes parents durant la guerre, avec cette mémoire encore fraîche de l’occupation, du Nazisme, de la Shoa, de la lutte contre l’occupant. Je fus nourrie de la nécessité de se battre pour l’opprimé quoi que cela coûte, quel qu’il fut, de se battre pour défendre la terre et l’esprit de ceux qu’un envahisseur veut piétiner.

La proximité de ma famille avec le moyen orient, me fit découvrir, très tôt, le sort fait au peuple palestinien. Mon enfance est pleine d’histoires de tel ou tel ami palestinien expulsé de ses terres, de la vie terrible de ceux vivant dans les ghettos appelés pudiquement « camps », de l’exclusion dont ils étaient victimes y compris dans les pays dits « frères. »

Je me souviens d’une personne qui ayant pu aider durant la guerre des personnes désignées comme « juives », il lui avait été proposé la distinction du « juste » ce qu’elle refusa, ne pouvant l’accepter d’une nation qui opprimait et spoliait un autre peuple.

Beaucoup de ceux qui défendent la politique d’Israël aujourd’hui, qui admirent la puissance et « l’occidentalité » de cet Etat, auraient pu admirés l’Allemagne nazie précisément pour les même raisons. Cette culpabilité qui ponctue la mémoire d’un certain occident aux relents xénophobes fait qu’une certaine droite à la problématique identitaire se reconnaît et se réfugie dans l’admiration d’Israël essayant par-là de s’auto démontrer commodément que sa propre monstruosité ne l’est pas tant puisque, soit descendante d’opprimés, soit amie d’Israël, mais en fait, admirant secrètement cette supériorité propre aux peuples sur de leur droit, que cela soit l’arien face aux juif, ou bien l’israélien face aux musulmans, se délectant de ce mot sans cesse ressassé de « terroriste » pour stigmatiser plus commodément celui qui résiste, défend sa terre et surtout défend son droit à ne pas être désigné comme un être-objet inférieure dépossédé finalement de son humanité et ainsi fait, plus facile à expulser, à exterminer. Les Arabes et/ou les musulmans, sont désignés aujourd’hui avec délectation comme « Terroristes » comme le furent, en leur temps, les juifs, les Tziganes, les résistants. Mais quel que soit le mauvais objet désigné, il s’agit du même processus menant à la stigmatisation de certaines populations, certaines minorités, processus tendant à démontrer que leurs apparences, leurs cultures (le bruit & l’odeur, n’est ce pas...) justifieraient de leur comportement « terroriste et/ou délinquants, » processus permettant de mieux designer des boucs émissaires, afin d’alimenter une haine qu’il vaut mieux porter vers celui qui d’apparence est différant pour mieux étouffer l’effroi, toujours sous-jacent, de sa propre finalité, de sa propre infériorité, de la haine de sa secrète étrangeté.

Nous assistons toujours à la même mise en scène orwelienne et finalement, se massacre perpétuel des innocents finit par nous écœurer tant que nous n’y prêtons plus attention, à peine de perdre tous sens à notre propre petite destinée, c’est ainsi qu’Israël, « grande démocratie » ne se gêne pas de continuer à enlever et emprisonner des palestiniens sous le seul prétexte que se sont des « terroristes » pardon, des « musulmans ! » que finalement le nombre des massacrés quotidiennement égrené en Palestine, en Irak, en Afghanistan, au Liban, les oubliés des prisons otanusiennes, pour ne pas dire etasuniennes, prisonniers sans nombre, sans nom et sans droits, nous importe peu et nous fermons les yeux sur cette insuportabilité empêcheuse de tourner en rond dans notre petit monde sécuritairo-consumériste, nous fermons les yeux sur les comportements de la police française et en premier lieu de son ministre/dictateur face aux expulsés, face aux humiliés, aux fichés parce que ayant « aidés » des « sans papiers » comme fermait les yeux la majorité des gens lorsque l’on déportaient des Juif, des Tsiganes, que l’on confisquaient leurs biens, se consolant de cette frayeur diffuse que cela pouvait engendrer, en se disant qu’on les envoyaient, là bas, à l’est, travailler dans des camps, comme on peut se dire aujourd’hui qu’en Irak la « démocratie » est à l’horizon ! Qu’en Afghanistan les femmes enfin libérées peuvent lire « ELLE » en afghan ! Qu’en Palestine de toute façon se sont des « musulmans » et donc évidement, avec un fort soupçon de « terrorisme. » Qu’au Liban, au moins, les quartiers chrétiens n’ont pas été touchés par Tsahal magnanime !... Et que de toute façon l’occident envoi de l’argent...

Les insurgés du ghetto de Varsovie étaient aussi désignés comme des « terroristes. » Ils ne défendaient que leur droit - puisqu’il fallait disparaître - de mourir debout. A défaut de pouvoir se libérer physiquement, ils défendaient le droit à se libérer de cette sous-vie, par eux même, comme ils l’entendaient et non à la mode de leurs tortionnaires. Quels regards porteraient-ils sur ceux qui se réclamant d’eux, enferment tout un peuple derrière des murs, puis s’étonnent de son « suicide altruiste » tout en niant l’identité même du peuple arabe lorsque l’acte d’un arabe est désigné absurdement comme « antisémite » privant cet arabe de son identité même !

C’est de l’aboutissement de la folie identitaire des siècles précédent et plus particulièrement des XIX° et XX° siècles, des églises qui voulurent enchaîner la mystique à un territoire, nationaliser la fois, rendre la spiritualité matière, c’est de cet aboutissement qu’est issu l’Etat d’Israël aux dépens non seulement des palestiniens mais aussi de la culture Yiddish, l’une des plus belles cultures d’Europe, maintenant morte, perte inestimable pour le monde, culture assassinée par la folie xénophobe occidentale, matérialisée finalement par le Nazisme, la perte de cette culture fut une aubaine pour le sionisme, car sans la destruction de cette culture séculaire, la construction d’Israël ne pouvait se faire. Sur ses terres d’Europe centrale et de l’est où autrefois se tenaient des shtetls, sur les fausses communes que laissèrent les divisions spéciales SS ou n’officiaient pas que des allemands, loin de là, vivent en toute tranquillité, amnésiques de ce qui s’y passa voilà maintenant plus de 60 ans, des populations avec l’accord tacite de tout l’occident qui s’arrange ainsi de ses xénophobies, en les reportant sur les Arabes et/ou les musulmans.

« L’espoir meurt en dernier » dit un proverbe russe. Reste donc l’espérance absurde qu’un jour l’humain ne voudra plus spolier son frère, que tomberont - en lieu et place des bombes - les murs et les frontières effrayantes, que la création baignera enfin dans la lumière...

Sarah. Pétrovna. Struve.

P.S. Ce texte est dédié aux habitants passés, présents et futures de Kaa, village libanais frontalier de la Syrie : Que les douaniers de ce village continuent a faire passer la frontière aux nomades, musiciens et sans-papiers, en échange du son joyeux de leurs tambourins, par des chemins de traverse.

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