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JEFF, 19 ans, lycéen à Paris est au CENTRE DE RÉTENTION de Vincennes depuis LE 3 AOÛT
COMMUNIQUÉ DU RÉSEAU EDUCATION SANS FRONTIÈRES PARIS
JEFF, 19 ans, lycéen à Paris 11° et demeurant à Gentilly (94) suivi par RESF depuis le début de l’année scolaire 2005-2006 est au CENTRE DE RÉTENTION de Vincennes depuis LE 3 AOÛT
De nationalité nigériane, Jeff Babatundé Shittu, né le 26 juillet 87, est arrivé en France en août 2004. Il a été immédiatement pris en charge par l’association France Terre D’Asile et a présenté une demande pour être régularisé dans ce pays en tant que réfugié politique : il a quitté son pays après de graves émeutes au cours desquelles sa mère, personnalité en vue soutenant le gouverneur en place dans l’état d’Ogun au Nigéria, a été enlevée puis assassinée. Sa demande et le recours présenté ensuite ont pourtant été rejetés le 5 février 2006.
Requête rejetée pour un lycéen nigérian
Les soutiens de Jeff Babatundé, toujours en rétention, appellent à sa libération.
de Marie-Joëlle GROS
Jeff Babatundé, lycéen nigérian de 19 ans scolarisé dans le XIe arrondissement de Paris, doit quitter la France. Le tribunal administratif de Paris a rejeté hier la requête déposée par le lycéen. Visiblement accablés, les nombreux militants associatifs, enseignants, parents d’élèves ou simples citoyens venus le soutenir, se sont pourtant promis de se retrouver aujourd’hui devant la cour d’appel, pour exiger cette fois que le jeune homme sorte du centre de rétention de Vincennes, où il dort depuis cinq jours. Ce recours-là a lui aussi peu de chances d’aboutir.
Jeff a quitté le Nigeria en 2004. Sa mère, personnalité locale, avait été assassinée lors de violentes émeutes. Mineur, Jeff est d’abord pris en charge par l’association France terre d’asile. Scolarisé dans la classe d’accueil d’un collège parisien, il se familiarise avec le français, car sa langue maternelle est l’anglais. En septembre, le jeune homme intègre un CAP métiers de l’enseigne et de la signalétique, au lycée professionnel Dorian. L’Ofpra lui refuse le statut de réfugié, et le recours échoue. Le lycéen se confie alors à sa professeure d’anglais. Celle-ci alerte le Réseau éducation sans frontières (1).
Au lycée Dorian, la mobilisation s’organise très vite. Les enseignants de la classe de Jeff, le proviseur et l’ensemble du conseil d’administration de l’établissement rédigent des lettres de soutien, jointes à sa demande de régularisation. Celle-ci est déposée à la préfecture, au titre de « vie privée et familiale », puisque Jeff assure qu’il n’a plus de famille au Nigeria. Et, le 24 juin, une cérémonie de parrainage républicain a lieu à la mairie du XIe arrondissement. Ce jour-là, Patrick Bloche, conseiller de Paris et député du XIe, endosse le rôle de parrain. L’enseignante d’anglais, celui de marraine. Un mois plus tôt, Georges Sarre, maire du XIe, avait adressé un courrier à Nicolas Sarkozy, ainsi qu’au préfet du Val-de-Marne.
Cette forte mobilisation n’a pourtant pas suffi à infléchir hier la décision du juge administratif. Les deux années de présence de Jeff sur le territoire français ne pèsent pas assez lourd, comparées à d’autres dossiers. Le lycéen est en outre trop jeune pour avoir construit une famille en France : « Il n’a pas d’attaches familiales », a souligné l’avocate de la préfecture. Durant l’audience, l’enseignante se tenait derrière son élève, l’encourageant des yeux. Jeff, visage rond, lunettes sur le nez, n’a pas pu croiser son regard : il est resté tête baissée. L’enseignante et sa famille hébergeaient Jeff depuis mars. Mardi dernier, il était sorti en voiture avec des copains. Contrôle de police, absence de titre de séjour, 48 heures de garde à vue, puis transfert au centre de rétention. Si le consulat du Nigeria délivre rapidement un laissez-passer, Jeff Babatundé sera expulsable sans délai. Hier soir, le médiateur Arno Klarsfeld estimait, lui, que Jeff devait être autorisé à rester en France, « où il a construit un présent harmonieux ».