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Maroc : lettre des détenus politiques amazighs dans la terrible prison de Meknès

Publie le lundi 18 juin 2007 par Open-Publishing
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Le 22 mai 2007, des éléments de la police ont violé à 18 h30 de notre sis au numéro 73 au quartier Zitoune-Zair sans que nous en sachions les raisons.

Plus de 20 militants ont été arrêtés sans aucun mandat. Pire, les éléments de la police présents proféraient des injures portant atteinte la dignité de l’homme amazigh :"les Chleuhs (les Amazighs) fils de putes, les chikhates (des danseuses)…"

Ils n’ont pas hésité à déchirer le drapeau amazigh en le foulant sous leurs pieds, à casser les cadres des portraits de Matoub Lounès, de Mouloud Mammeri et d’Idir, et ont même volé des CD, un ordinateur, des livres des vêtements et d’autres biens appartenant aux militants.

Ils nous ont ensuite transportés collectivement au commissariat où une partie des étudiants a été libérée sauf les 10 militants que nous sommes. Là nous étions restés menottés pendant 60 heures pendant lesquelles nous avions subi toutes sortes de tortures physiques et morales :

La police utilisait les bâtons pour nous frapper, nos yeux couverts avec un bandeau noir pour ne pas reconnaître nos propres bourreaux et nos bouches ont été bourrées de tissus pour que nos cris ne soient pas entendus, sans oublier bien sûr la terrible épreuve du viol avec la bouteille.

Le harcèlement moral était aussi au menu. La police nous reprochait de nous avoir sentis forts lors des manifestations amazighes du 20 avril dernier organisées à Mekenès, Errachidia et Agadir et que « les fils de putes que nous sommes –d’après elle- nous allons voir ce dont le Makhzen est capable ».

Par la suite, nous avons été contraints de signer des procès verbaux où rien n’est écrit et nous avons été obligées de reconnaître les faits que nous n’avions jamais commis.

Lorsque nous avions comparu devant le procureur du roi et le juge d’instruction, nous avions expliqué à ces derniers que nous n’avions aucun lien avec les accusations de meurtre ni avec ce qui figure dans les procès verbaux dont nous ignorons jusqu’à alors le contenu.

Nous leur avons rappelé que le jour du crime nous n’étions même pas sortis de nos domiciles comme le confirment d’ailleurs plusieurs témoins.

Dans ce contexte, nous tenons alors entièrement responsables les forces de répression arabiste sauvages et barbares de tout ce qui nous est arrivé et ce qui adviendra de nous.

Nous affirmons notre intention d’entrer incessamment dans une grève de la faim illimitée jusqu’à notre libération sans aucune condition.

Nous exigeons également notre dédommagement puisque les conditions de détention dans des cellules de plus de 29 personnes sont telles qu’il est impossible de travailler nos cours et encore moins les réviser.

Nous dénonçons également la volonté du Makhzen de dégrader notre statut de détenus politiques en criminels en fomentant exprès des accusations fallacieuses à notre égard.

tudert i ymazighen ,

imazighen i tudert

Prison locale de Sidi Said à Meknès
Le 7 juin 2007

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