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Médecins du monde dénonce une nouvelle réduction de l’aide médicale d’Etat...

Publie le dimanche 29 février 2004 par Open-Publishing

Les désastres d’une politique sans AME
Médecins du monde dénonce une nouvelle réduction de l’aide médicale d’Etat
qui frappe les plus démunis.

« A ces personnes, on ne peut pas dire d’aller consulter, se faire dépister,
ils ne peuvent pas payer. C’est criminel. » Nathalie Simonnot, de Médecins du
monde

Nouvelle étape dans la restriction de l’accès aux soins des sans-papiers.
Après l’adoption fin décembre de mesures dans la loi de Finances 2004, le
gouvernement doit soumettre demain au conseil d’administration de la Caisse
nationale d’assurance maladie des décrets encadrant l’aide médicale d’Etat
(AME), dont bénéficient 150 000 personnes environ. C’est le début d’un
dispositif dénoncé par de nombreuses associations, syndicats et
professionnels du soin (1). Nathalie Simonnot, chargée des programmes
« santé » de Médecins du monde, en analyse les répercussions déjà sensibles
sur le terrain.

Les décrets sur l’AME confirment-ils vos craintes ?

Le gouvernement persiste dans sa logique aveugle d’économie budgétaire.
S’ils entrent en vigueur, ces décrets vont limiter drastiquement la
possibilité d’accès à cette couverture maladie. Et entraîner, à terme, des
coûts sanitaires, humains et financiers incalculables. Les sans-papiers
devront produire des tonnes de justificatifs (déclarations d’impôt, taxes
foncières, factures EDF). C’est une ignorance totale des conditions de vie
de personnes et de familles qui sont hébergées et n’ont donc aucune de ces
pièces, ou qui changent d’appartement, vivent dans des taudis, des
caravanes, déménagent parfois en deux heures... C’est pour ces raisons, et
parce qu’en termes de santé publique il vaut mieux faire de la prévention et
du soin immédiatement - au lieu d’attendre que l’état des personnes empire
 , que la loi de 1999 instituait un système « déclaratif » d’accès gratuit aux
soins. Le voilà mis à mal.

Qu’adviendra-t-il à ceux qui n’obtiendront pas cette aide ?

C’est soit l’AME, après trois mois de résidence « attestée » en France et une
montagne d’obstacles administratifs. Soit rien. Et avec ces décrets on
s’oriente vers le rien. Ceux qui ne l’auront pas devront payer 100 % de
leurs soins, ce qu’aucun Français n’a fait depuis la création de la Sécu.
Depuis janvier, nous voyons à Médecins du monde des enfants qui ne sont plus
soignés. A ces personnes, on ne peut plus dire d’aller consulter, se faire
dépister, puisqu’ils ne peuvent pas payer. C’est criminel. Rappelons qu’une
épidémie s’attaque d’abord à ces populations les plus fragiles.

(1)
http://odse.eu.org/

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