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Mélanchon dans son périmètre

Publie le mercredi 26 novembre 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

N’ayant pas de sources suffisamment consistantes pour cerner le fond politique et programmatique du PG lancé par Mélanchon et Dolez, je me suis penché avec intérêt sur l’article vidéo, l’interview quoi, de Mélanchon par Politis.

Retranscription écrite :

"Quel est est le périmètre idéologique du parti de gauche ? Ca en effet on l’a décrit. On l’a décrit comme le parti de gauche. Bon alors cette précision a son importance ! Parce que ya des gens qui prétendent n’être ni de gauche ni de droite et du côté de la réforme ! C’est donc, la formule de gauche s’oppose aux courants démocrates ; elle s’oppose à ceux qui prétendent construire des espaces intercalaires entre par-exemple des républicains des deux rives. C’est pas, c’est pas le sujet, c’est un parti, de gauche.

Troisièmement, de gauche signifie que, au sens étymologique pas historique du terme ça renvoie à la souveraineté du peuple puisque gauche et droite ça naît au moment du droit de véto. Bon donc ça veut dire la souveraineté du peuple, le suffrage universel, la souveraineté du peuple.

Quatrièmement de gauche ça veut dire être du côté, du mouvement et du partage, et de l’égalité parce que ça c’est l’identité traditionnelle de la gauche. La valeur centrale c’est l’égalité, autour de laquelle se construit l’articulation liberté et fraternité. Mais c’est autour de la valeur de l’égalité. D’autres l’organisent autour de la valeur liberté, voilà. Et Ségolène Royal autour de la valeur fraternité, ce qui ne manque pas de sel.

Ca c’est pour le mot gauche, ensuite républicain. Alors républicain ça veut dire deux choses.
Premièrement, ça veut dire la démocratie. on ne peut pas être de gauche, socialiste extrêmement avancé, partisan du socialisme et faire comme si il ne c’était rien passé au siècle précédent, notamment autour de la question de la démocratie. Donc la république ça doit d’abord dire la démocratie.
Deuxièmement, l’espace publique commun, libre des aliénations et des dominations qui s’expr, qui peuvent s’exprimer dans la sphère privée. C’est donc un espace laïque, c’est un espace un et indivisible, où la loi est décidée par tous pour qu’elle puise s’appliquer à tous. Voilà. Le mot républicain, là encore trace des délimitations.

Ensuite on a dit c’est une force gouvernementale. Ca signifie notre objectif est l’exercice du pouvoir et la transformation de la société par les méthodes qui sont celles de l’exercice du pouvoir démocratique.

Donc plus concrètement ça veut dire nous ne sommes pas en train de construire une force de témoignage. Simplement de témoignage bon, on incarnerait un point de vue qui aurait intérêt à se faire voir dans l’histoire, mais qui en branlerait pas plus, ou qui serait pas candidat à traduire son programme politique en réalité.

Et enfin on a dit que c’était une force unitaire. C’est à dire que nous ne croyons pas, que la gauche puisse être gouvernementale sans avoir été unitaire.

Après, une fois qu’on a dit ça, ça c’est en quelque sorte les , le, la, le (ndr un interviewer l’aide) "flotteurs" ouais, bon. Après ya la question qui est au coeur : tout ça pour quoi ? Tout ça pour pouvoir tourner la page du capitalisme."


BEN ILS SONT MAL PARTIS POUR LA TOURNER LA PAGE !

Lecture subjective peut-être, c’est en débat :

Dans sa première idée, MLC dit que le PG n’est pas un parti centriste. Merci de nous en rassurer.

Dans la deuxième idée, et non pas la troisième, il y a une étymologie de gauche qui est la même que celle de BHL. Non pas les mouvements sociaux et révolutionnaires, mais la division du parlement français entre gauche et droite à l’époque de la révolution française.

Dans le troisième paragraphe, être républicain c’est être démocrate. Si on est pas républicain, ça veut dire qu’on va répéter les horreurs du stalinisme et des bureaucratie, des dictatures pseudo communistes. Et donc que l’on est pas démocrate.

Ensuite, l’espace publique devrait être libre des dominations qui pourraient s’exprimer dans la sphère privée. Ca veut dire qu’on ne s’occupe pas de ce qui pourrait se passer dans la sphère privée (violences faites aux femmes dans le couple !) ? Le lien est vite fait quand on lit la référence à la laïcité. En gros, pas de foulard dans les écoles. Il faut virer du système d’éducation ces élèves dominées par leur famille et leur religion, si elles persistent à garder leur foulard. Le mot républicain, au sens de république française trace encore des délimitations. Il ne tient pas compte que les pratiquants de cette religion (même si en tant que religion elle est obligatoirement oppressante et conservatrice) sont opprimés dans une république française qui n’a pas coupé les ponts avec la religion catholique.

Pour l’objectif de l’exercice du pouvoir on a compris, ça passe avant la transformation de la société. Et par l’exercice du pouvoir démocratique donc avec des lois seulement. En 36, 45 (CNR), 68, pour lui il y a eu les lois, et après les grèves ? Mais c’est vrai le PG est de gauche au sens étymologique, pas historique du terme.

Les forces de témoignage, suivez mon regard, veulent juste que leur point de vue reste dans l’histoire, mais n’en branlent pas une. Contrairement aux courageux sénateurs, députés, élus de tous poils qui se défoncent pour le bienfait des salariés (combien, 85 % de la population ?). Les révolutionnaires bien entendu ne veulent pas de révolution, sinon ils n’auraient plus de raison de se plaindre.

L’unité, c’est pour aller au gouvernement. Pas pour les luttes. Apportez nous vos voix et vos bras.

Ce sera sans moi.

Du coup, se pose la question de quelle recomposition. Et je comprends la réticence de certains à parler de gauche aujourd’hui lorsque l’on peut faire ce que l’on veut de ce terme. Les mots son pollués. Mais les actions non heureusement. Dans les faits, les luttes, on reconnaît encore ce qui est progressiste ou pas, on avance, malgré les amalgames antisioniste/antisémite, militant/apprenti terroriste (sur cette dernière construction d’ailleurs les similitudes avec la construction du terroriste islamiste sont frappantes).

Dans les périodes troubles comme celle là, il faut être très lucide pour faire le tri. Si les mouvements de grève s’amplifient, comment réagirons nous, nous qui nous disons révolutionnaires ?

Je pense qu’à un moment ou un autre la question d’un grand parti de lutte de classe se reposera, la question de la coordination se reposera. Quand on voit la carte des licenciements dressée par quelqu’un sur ce site, on se rend compte que ce qu’il manque c’est un réseau, c’est la conscience que l’on fait tous partie de la même classe.

Et que c’est par l’exercice du pouvoir par cette classe dans son ensemble, que l’on tournera la page du capitalisme, par autrement.

Messages

  • Il se remet les cheveux en place, il se touche le pif, il gesticule pour pas grand chose en cherchant ses mots... Je l’ai déjà vu nettement meilleur dans le rôle d’orateur, Monsieur le Sénateur !

    Brunz

    ps : Seigneur, ses cravetouzes rayées... Il a un stock ou quoi ? :)

  • Au moins une chose : Hamon ne se demandera pas, ou ne demandera à personne, s’il "aurait intérêt" à le suivre hors PS !

  • Tel le valeureux peuple bolivien, le peuple français s’apprêtait juste faire la révolution sociale...

    et manque de chance ! arrive Mélenchon, qui par sa manoeuvre préméditée va empêcher cette révolution. Quel méchant, ce M Mélenchon !

    On aurait envie de rire de tout cela, si la situation n’était pas aussi grave.

    Faute de pratiquer une analyse sociologique/matérialiste, on finit par se jeter férocement sur le moindre bout d’os que l’on croit repérer. Malheureusement, faire l’inventaire des ’traitres’ est plus facile que de faire avancer, ne serait-ce que d’un iota ’la révolution’.

    Jean-François

    • La question c’est : que fait avancer Mélanchon par son discours, et ses actes, qu’a-t-il provoqué ?

      Certains qui attendent l’éclatement du parti communiste depuis les débuts du trotskisme puis se sont rabattus sur l’attente de celui du PS bondissent de joie parce que trois apparatchiks quittent ce dernier parti. Mais ils sont unitaires !!!!!

      Quel est le fond du discours ? Egalité avant fraternité et liberté, laïcité, etc etc. Il pouvait continuer de le tenir au sein du PS, cela n’aurait pas fait tâche.

      Faire l’inventaire des traîtres ne permet pas de faire avancer la révolution, mais ça permet au moins d’éviter des pièges qui peuvent faire perdre un temps précieux, et des droits, et de l’espoir, comme en Italie avec la malheureuse expérience de refondazione communista.

      Maintenant il est sûr que le PG ne parviendra pas à convaincre, en l’état de ses revendications et de sa ligne politique des militants radicaux, par contre il est vrai qu’électoralement il espère bien remporter des suffrages sur la gauche du PS (bah oui, ils sont opposés à ségolène mais restent républicains) ce sera autant de voix en moins pour le NPA par exemple, et tous ceux qui ne s’associeront pas à leur front commun électoral seront des sectaires, des gens qui ne veulent pas de responsabilités puisque eux sont unitaires.

      Tous ceci est lassant. La caricature sur la pureté révolutionnaire soi-disant affichée par certains militants, contre le soi disant réalisme "socio-marxiste" d’autres.

      Dis moi, la sociologie intervient où dans ton raisonnement ? Est-ce à dire que la population a un niveau de conscience alpha dans les sondages actuellement et il faut s’en tenir à ce discours beta (sans mauvais jeu de mots) pour espérer avancer quelques pions d’ailleurs c’est vrai que le peuple se droitise, la preuve il a élu un président de droite...

      Mais bon, je n’ai peut-être pas compris la portée de tes propos. Quelles magnifiques avancées projette tu grâce à ton analyse objective ? Qu’as tu vu dans le futur ? Il est vrai que la situation est grave, mais qu’apporte à la situation le front commun électoral ?

    • Les questions (pour tous, je m’y inclus) seraient :

      - que représentent LES gauches dites "radicales" ?
      - en quoi consiste CHACUN de ces radicalismes ?
      - sont-ils vaguement compatibles ou bien irrémédiablement incompatibles ?

      et aussi :

      - s’agit-ils d’avant-gardes « autoproclamées » ?
      - en quoi éclairent-elles, en quoi ont-elles la confiance des "masses laborieuses" (souffrantes, chômeuses, accro de TF1 etc. (rayer les mentions inutiles ou en ajouter)) ?
      - peut-on dire que la situation est pré-, para- ou quasi-révolutionnaire ?

      Si quelqu’un me disait qu’il a des réponses claires à toutes ces questions, je ne le croirais pas.

      Il y a un vaste monde étranger aux pages de bellaciao. Il suffit de prendre un RER ou un TER pour l’observer.

      N’est pas Che qui lLes crises débouchent aussi facilement sur des régimes autoritaires ou des fascismes.

      Un peu de modestie s’impose.

      Jean-François

    • Faire l’inventaire des traîtres ne permet pas de faire avancer la révolution, mais ça permet au moins d’éviter des pièges qui peuvent faire perdre un temps précieux, et des droits, et de l’espoir, comme en Italie avec la malheureuse expérience de refondazione communista.

      "Rifondazione Comunista" (déjà pour etre crédible on peux l’écrire comme il fo...)
      Tiens tiens donc "RF" fait part de la liste "des traîtres" un peux comme la liste USA des organization terroriste dans le monde... a cet trotskistes changerons pas tout ce que est communiste est forcement mauves, sauf eux même "le vrais revolutionaire" et même si son dans le parti social-démocrate voir ancien secrétaire du PS...

      Esplique nous ou son "des traîtres" "Rifondazione Comunista" et en particulier maintenant avec le nouveau secrétaire Paolo Ferrero ???????

      Maintenant il est sûr que le PG ne parviendra pas à convaincre, en l’état de ses revendications et de sa ligne politique des militants radicaux, par contre il est vrai qu’électoralement il espère bien remporter des suffrages sur la gauche du PS (bah oui, ils sont opposés à ségolène mais restent républicains) ce sera autant de voix en moins pour le NPA par exemple, et tous ceux qui ne s’associeront pas à leur front commun électoral seront des sectaires, des gens qui ne veulent pas de responsabilités puisque eux sont unitaires.

      Et voila la réponse... en réalité les problèmes du "microcosme politique" se résoudre dans "les voix en moins pour le NPA" ...

      Je suis sur a 100% (vieux slogan de la LCR...) que les gens on rient a foutre de ces "micro problèmes" des litige de partition de voix entre ces "pseudo organisations de masse"...

      Dr
      Furioso