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Michel Dinet : lettre ouverte à Jacques Chirac

Publie le dimanche 19 juin 2005 par Open-Publishing
2 commentaires

Michel Dinet, Président du Conseil général de Meurthe & Moselle

Lettre ouverte à Jacques Chirac Président de la République

Monsieur le Président de la République,

A l’occasion du changement de gouvernement, vous avez fait de la question de l’emploi la priorité de votre projet pour la France, et nommé Monsieur de Villepin premier ministre pour le conduire.

Cet enjeu fondamental au service de tous nos concitoyens dépasse les clivages politiques et appelle la participation de tous. Il croise les politiques portées par l’Etat et celles portées par les collectivités territoriales notamment les départements, chefs de file des politiques sociales.

Or, monsieur le président, vos gouvernements précédents ont asphyxié financièrement les départements en leur transférant massivement le paiement de la quasi totalité des allocations de solidarité.

Ce faisant, le principe de solidarité nationale à l’égard de ceux qui souffrent, principe fondé sur le lien filial qui unit, dans notre pays, la Nation et l’individu, est aujourd’hui cassé, rompu, brisé ...

Ainsi, nos concitoyens voient, progressivement mais inéluctablement, l’Etat les abandonner à des moments de leur vie où, au contraire, ils ont le plus besoin d’être soutenus.

Quand une femme ou un homme sans emploi a besoin de percevoir une allocation minimum d’existence (RMI),

Quand une femme ou un homme vieillissant a besoin de bénéficier d’une allocation d’autonomie (APA),

Quand une femme ou un homme handicapé a besoin d’une allocation de compensation pour vivre en dignité,

Est-ce bien, oui ou non, la solidarité nationale qui doit apporter à chacun les ressources suffisantes pour vivre, a minima pour survivre dignement ?

OUI

C’est cette solidarité nationale-là, fondement de notre République, qui est bafouée quand elle est transférée à l’échelon des collectivités territoriales, et tout particulièrement des départements.

Peut-on encore parler d’égalité et d’équité entre les citoyens, quand ce sont les impôts locaux, aussi injustes qu’inadaptés dans leur fonctionnement, qui seuls prennent en charge l’augmentation des dépenses de solidarité ?
NON

Peut-on encore parler de solidarité nationale quand on sait que ce sont les habitants des territoires les plus en difficulté qui vont le plus souffrir de cette fausse décentralisation ?

NON

Voudrait-on réduire la fracture sociale en créant en autre fracture, territoriale celle-là ?

NON

Il n’est qu’un seul moyen de garantir la solidarité et l’égalité de tous les citoyens, quel que soit l’endroit où ils vivent : c’est que l’Etat assume pleinement la totale responsabilité des allocations individuelles de solidarité.

Il ne viendrait à l’esprit de personne que le financement des allocations familiales soit à la charge du département où l’on habite, générant à terme d’inévitables inégalités.

Alors comment l’accepter quand il s’agit de personnes âgées, dépendantes, handicapées ou en difficulté d’insertion sociale et professionnelle ?

Le résultat massif du référendum du 29 mai dernier a confirmé avec netteté l’angoisse et le désespoir profonds de nos concitoyens face à une société dominée par le libéralisme économique et le repli sur soi, une société qui abandonne sur le bord du chemin les plus humbles, les plus défavorisés, les plus fragiles d’entre eux.

Lors de ce scrutin, le peuple français a lancé un appel sans précédent à changer de politique.

Il attend des signaux forts.

Il espère toujours en une société plus juste et plus solidaire.

Il demande des mesures claires, simples et courageuses.

Rétablissez la responsabilité de la Nation dans le paiement des allocations de solidarité : l’allocation personnalisée d’autonomie, l’allocation du Revenu Minimum d’Insertion et la prestation de compensation du handicap.
En effet, il s’agit bien là de solidarité nationale.

Garantissez ces allocations par une fiscalité nationale reposant sur l’ensemble des revenus du pays.

Levez la chape financière qui écrase aujourd’hui les collectivités locales les privant de toute capacité d’initiatives porteuses d’emplois.

Donnez aux citoyens les clés pour identifier clairement ce qui relève de la responsabilité de l’Etat et ce qui relève des régions, des départements et des communes.

Libérés de la charge des allocations redevenues nationales, les départements, dans leur accroche territoriale, retrouveront ainsi toute leur capacité d’initiative, leur force d’innovation sociale et économique, source de nouveaux services aux personnes et génératrice de nouveaux emplois.

Ainsi, les départements prendront toute leur place dans la bataille de l’emploi, de l’insertion et du développement.

L’enjeu posé est celui de la solidarité. C’est aussi celui de la démocratie.

Messages

  • La décentralisation c’est une mesure de la social démocratie
    Dinet tu appartiens au ps de hollande tu dis oui à la constitution et maintenant tu viens sur le site pour expliquer que la région étouffe
    Il fallait y penser AUSSI quand jospin avait les commandes
    Dinet t’es foutu ! Les lorrains sont dans la rue !

    • Pour celle ou celui qui a répondu au courrier de Dinet à Chirac.

      J’ai voté non à la constitution mais au lieu de donner des leçons de type "je suis plus à gauche moi et gna gna gna" tu devrais peut être faire des propositions car en attendant à part entendre la LCR, le PCF vociférés, et j’en passse, ils ne proposent rien de concret.