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NON A L’OCCULTATION DES CRIMES COLONIAUX FRANÇAIS.

Publie le vendredi 11 juillet 2003 par Open-Publishing

Le 5 mars 2003, une proposition de loi complètement aberrante a été
enregistrée à l’Assemblée Nationale. Elle est portée par M. Jean Leonetti et
vise à la " reconnaissance de l’ouvre positive de l’ensemble de nos
concitoyens qui ont vécu en Algérie pendant la période de la présence
française ".
Aujourd’hui en France, en pleine période de retour sur le passé colonial
français, ce genre d’ignominie intellectuelle et politique peut être
prononcée par des membres de la représentation nationale, dans
l’indifférence générale. Car il faut nous expliquer en quoi la colonisation
française en Algérie a été " positive ".
Qu’y a-t-il de " positif " dans l’extermination et la torture de tous les
Maghrebins, et des Algériens en particulier, dès lors qu’ils résistaient à
l’occupation étrangère ? L’armée française a de lourdes responsabilités qui
n’ont pas encore été reconnues.
Qu’y a-t-il de " positif " dans l’exploitation économique des hommes et des
femmes à qui la France colonialiste a exproprié les terres et les ressources
de leur pays ? Loin de l’idée d’un déterminisme historique qui réduit
l’existence du Maghreb au " sous-développement ", nous considérons que c’est
l’Europe, dont la France, qui sous-developpa le Maghreb, en spoliant toutes
ses richesses.
Qu’y a-t-il de " positif " dans le racisme véhiculé par l’idéologie
colonialiste qui soutenait l’expansion coloniale française, qui considère
les " indigènes " comme des êtres inférieurs, serviles et corvéables à merci
 ? Cette idéologie n’a pas disparu en France, cette proposition de loi en est
la parfaite illustration.
Qu’y a-t-il de " positif " dans la véritable entreprise de destruction de la
société paysanne, des cultures, des langues maghrébines, des sociabilités,
des liens sociaux qui donnaient une cohérence à des sociétés qui étaient
loin d’être " arriérées " ?
Qu’y a-t-il de " positif " dans l’aliénation politique que pratiquait la
France en usurpant le pouvoir souverain à son profit, et au détriment de la
quasi-totalité des Maghrébins à qui tous les droits étaient niés ?
Qu’y a-t-il de " positif " dans le code de l’indigénat qui criminalisait
toute velléité de résistance ou de désobéissance, et en général l’existence
entière de millions d’êtres humains considérés comme indignes d’avoir des
droits ?
Non, nous ne voyons rien de " positif " là-dedans. Les méfaits de la
colonisation française au Maghreb, et en particulier en Algérie, se font
encore ressentir. La colonisation a disparu, le colonialisme est encore là.
En tant que citoyens français, nous ne pouvons, et nous ne devons absolument
pas légitimer a posteriori des crimes contre l’humanité. Car telle a été
l’ouvre " civilisatrice " française au Maghreb : une succession terrible de
crimes contre l’humanité.
La dite proposition de loi évoque pourtant le " devoir de mémoire ". Mais de
quoi parle-t-on ? Des parlementaires peuvent-ils sans sourciller réécrire
l’histoire de France en occultant sa face cachée, la colonisation et tous
ses méfaits ? Si le devoir de mémoire doit s’exercer, il doit se faire en
portant un regard lucide, de vérité, sur ce passé douloureux. Cette vision
du devoir de mémoire implique donc la reconnaissance des crimes de la
colonisation française et non leur occultation qui persiste aujourd’hui, des
manuels scolaires aux discours officiels.
Pour ces raisons, nous appelons tous les citoyens des deux rives de la
Méditerranée, et en particulier les héritiers de l’immigration
post-coloniale,
à se soulever contre cette proposition de loi inacceptable au regard de
notre passé et de la vérité historique, et qui doit être immédiatement
retirée.

Signataires :

en écrivant à
>>> a.hajjat@free.fr
ou
>>> http://icietlabas.lautre.net