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Ni flic, ni délateur - Grêve et manif le 22.03.06

Publie le vendredi 17 mars 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

Ni flic, ni délateur

Face à la misère et à la précarité d’une frange de plus en plus importante de la population, et en réponse à la révolte des banlieues le gouvernement répond par
la répression, le contrôle, et la mise en place de la délation généralisée.

Le gouvernement réaffirme sa volonté d’imposer un projet de société ultra-sécuritaire :
le 9 décembre 2005, Nicolas Sarkozy remet au 1er ministre un avant projet de loi.
Le 17 janvier 2006, le gouvernement crée, par décret, un comité interministériel de prévention de la délinquance. Le 10 février 2006, il nomme un préfet comme secrétaire général à sa tête
Ce projet s’articule principalement autour de l’école et plus généralement des lieux d’éducation, de formation et de soin.
Après avoir installé les flics dans les établissements scolaires, après avoir expulsé des sans papiers par charters, après avoir retiré les subventions à des associations refusant cette logique ; le gouvernement prévoit de transformer les travailleurs de l’éducation, du social , du médico-social en agents de contrôle et de délation.

La raison donnée : accélérer les délais d’intervention
La réalité : criminaliser la pauvreté et la désigner du doigt en supprimant « le secret professionnel » au profit du « secret partagé ». Les informations seront partagés avec les élus et la police, désormais considérés comme des professionnels de la prévention.

A projet ambitieux, moyens ambitieux

Pour criminaliser la pauvreté, il faut renforcer le contrôle et la répression. A cet effet, le projet de loi de "prévention de la délinquance" prévoit :

- de généraliser la vidéo surveillance dans les lieux publics et privés avec des aides fiscales.
- d’aider au financement des systèmes de sécurité et de systèmes biométriques ( par exemple dans les écoles pour contrôler le passage des élèves à la cantine)
- de mettre à contribution les CAF avec la mise sous contrôle des prestations (transmission de fichiers pour vérifier les informations données par l‘école).
- d’organiser des formations communes « à la délation » pour les professionnels détenant des informations confidentielles.
- de culpabiliser les parents en leur proposant des stages de « parentalité » et selon les cas en les sanctionnant (amendes et/ou suppression des allocations).
- de généraliser la méritocratie à l’école et au travail (bourses au mérite et instauration d‘établissements secondaires d‘excellence)
- de rétablir la responsabilité pénale collective (le seul fait d’être présent sur le lieu d’un acte de délinquance ou criminel engagera la responsabilité pénale des personnes)

Le maire comme professionnel de prévention !

Comme il faut quelqu’un pour centraliser les informations après la phase de délation, c’est le maire qui a été choisi pour piloter la politique de prévention de la délinquance dans sa ville en lien avec le conseil général.
Il sera désormais considéré comme un professionnel de la prévention et aura une délégation du préfet pour intervenir en matière de délinquance !
Il pourra prononcer des rappels à la loi et des mesures de réparation.
Vu le silence des élus sur ce projet, les jeunes,les pauvres, les professionnels « récalcitrants »et tous les révoltés ont du souci à se faire.
Par ailleurs disparition du secret professionnel au profit du « secret partagé » va changer fondamentalement les modes d’intervention des professionnels auprès des personnes et des familles.
Comme c’est déjà le cas dans beaucoup de villes, on risque d’assister à une accélération des expulsions des plus pauvres et à des règlements de compte politiciens sous couvert de prévention des troubles à l’ordre public.
Ce projet de loi de "prévention de la délinquance" n’en a que le nom ; c’est un projet de loi liberticide qui n’a d’autre ambition que de contrôler et réprimer les classes laborieuses, clairement définies ici comme dangereuses. Mais c’est un vieil adage du capitalisme !

La CNT appelle à la mobilisation et à la grève les salariés, les étudiants, les lycéens, les chômeurs, les précaires et les sans-papiers
le mercredi 22 mars 2006
Départ de la manifestation à 13h30
Place Denfert-Rochereau

- pour que toutes les lois répressives, sécuritaires et liberticides soient abrogées car elles ne sont faites qu’au profit de l‘Etat et des patrons.

- pour la préservation du secret professionnel qui doit garantir aux personnes la confidentialité des informations qu’elles donnent dans le but d’être aidées.

- pour que les professionnels et les populations visées sortent de l’isolement afin de construire des résistances collectives et ne pas céder aux pressions du pouvoir.

- pour arrêter la construction des lieux d’enfermement comme les Etablissements Pénitentiaires pour Mineurs (EPM) prévus pour 2007.

- pour construire nos rapports humains sur d’autres bases que la méfiance , le contrôle et la délation.

A l’image des lycéens et étudiants qui ont refusé l’installation d’une borne biométrique à Gif-sur-Yvette en octobre dernier, ne laissons pas s’installer dans nos vies et nos lieux de travail les outils de notre propre contrôle.

Confédération Nationale du Travail
Syndicat Santé-Social & Fonction publique Territoriale de la Région Parisienne
33 rue des Vignoles, 75020 Paris
Tel : 06 88 81 26 47 Fax : 01 43 72 71 55
sante-social.rp@cnt-f.org
www.cnt-f.org/sante-social.rp

Messages

  • Nous sommes dans un pays complètement policier.Ne vous laissez pas faire sinon c’est la dictature et le despotisme qui vont régner en France avec les fachos que nous avons au gouvernement.Il faut les éliminer sans vergogne et sans scrupule.Ils nous dédaignent avec tous les médias qui sont uniquement à leurs services.!!!!

  • Et le contrôle des chômeurs qui bat déjà son plein, avec son cortège de sanctions, radiations, convocations, humilitions, rejets, tracasseries...

    Chômeurs, dans la rue aujourd’hui ! Et mardi dans les ANPE/ASSEDIC/DDTE etc...

  • Un nouveau mouvement du 22 mars !

    Une prise de conscience citoyenne. Reprenons en main notre destin collectif ! Sus aux sangsues de la République !

    Liberté, égalité, fraternité.

    Rose

    • Ce n’est pas seulement la pauvreté que le pouvoir aux ordres des multinationales veut criminaliser, mais aussi les mouvements sociaux, les manifestations, les milieux populaires que le pouvoir appelle désormais "populations dangereuses", etc.

      Le fascisme et les méthodes inspirées du fascisme sont mises en oeuvre. C’est en quelque sorte un fascisme light qui avance masqué sous une apparence démocratique et qui, sans que les gens s’en rendent compte, est en train de tout verrouiller. C’est pourquoi, si nous ne réagissons pas et que nous laissons faire, demain, il sera trop tard.

      J’ai remarqué que sur le parcours des manifestations, des flics interviennent de plus en plus souvent auprès de jeunes basanés, Arabes ou Noirs pour les contrôler, les fouiller et les embarquer au poste sans que personne ne réagisse, aussi bien les manifestants que les syndicats. Peut-on laisser faire cela ? Ne rien faire, n’est-ce pas le cautionner ? Car aujourd’hui, c’est eux, les immigrés et les gens de couleur. Et demain, ça sera nous, les manifestants, les opposants, tout ceux qui ne ne se soumettent pas à l’ordre du pouvoir en place.

      William

  • Tous à la manif est un minimum .Nous devons rester dans la rue jusqu’à la grève generale et obtenir le maximum. Amitiés Monique.

    • Il ne faut pas hesiter pour la grève générale !!L’hommede pouvoir despote est dangereux malgré son attutude apparemment souple devant les manifestants !!Méfiance méfiance !Voilà ou l’election de chirac nous a conduit !Nous sommes dans une france ruinée sans espoir pour la jeunesse.La situat. ion va devenir explosive .dans leurs cages dorées ils se sentent protégés.La police et l’armée sont avec eux.Courage courage Il ne faut pas céder pour nos jeunes des villes et des banlieues.Sinon nous sommes bafoués !!

  • Educateurs pas délateurs

    par Sophie.L Educatrice Spécialisée

    adhérente au Collectif 76 des salariés du Secteur Social et Medico-Social

    " Dès que quelqu’un comprend qu’il est contraire à sa dignité d’homme d’obéir à des lois injustes, aucune tyrannie ne peut l’asservir. " (Gandhi)


    La légitimation de la délation n’appartient qu’aux systèmes totalitaires, résistons...

    Dans les années 70 nous dénoncions la mission d’intégration des marginaux aux normes, et le contrôle social.

    Aujourd’hui nous devrions devenir les garants de la paix sociale, un simple maillon de la répression issu des lois Sarkosy et Perben, en utilisant la délation.

    Depuis ces lois liberticides, la pauvreté et la différence constituent à elles seules un délit, les chômeurs de longue durée, les R.M.Mistes, les prostituées, mendiants, gens du voyage, immigrés sans papier, deviennent les boucs émissaires de la machine à broyer d’un système capitaliste néo-libéral qui produit lui-même l’exclusion.

    Il faudrait "mériter" les indemnités chômage, les allocations de misère, ouvrir la chasse pour délit de sale gueule, de marginalité, de pauvreté...

    Dénoncer deviendrait un acte civique... Les travailleurs sociaux devraient se transformer en nouveaux indics de ce système, dénoncer aux Maires les personnes bénéficiant d’un suivi social, remplir des fichiers comportant des informations à caractère ethnique, privé.

    Sachez que toute information de ce type transmise à un maire, peut transiter par le préfet, via le Ministère de l’ Intérieur.

    Les travailleurs sociaux devraient participer à des réunions pluridisciplinaires, où se côtoieraient enseignants, policiers, élus, pour évoquer certains cas difficiles.C’est la culture du "secret partagé", mais partagé avec qui ? Depuis quand la police ferait elle partie de nos réseaux de partenariat ?

    Dans quels régimes la délation se transforme-t-elle en acte civique ? Hitler dès son arrivée au pouvoir en 1933 incitait la jeunesse à dénoncer ceux qui professaient des idées contraires à l’idéologie du Reich. Le gouvernement de Vichy en instituant la délation a conduit des millions de juifs, d’homosexuels, d’opposants politiques de gitans dans les camps de la mort. Les Etats Unis, dans les années 50, sous le maccarthysme ,ont recruté d’anciens nazis au sein de la CIA pour faire "la chasse aux rouges". Nombre de réalisateurs, d’écrivains ont été dénoncés, soupçonnés, et brisés dans leur créativité.

    Sans oublier les massacres, internements, procès arbitraires de la Russie Stalinienne, initiés grâce à la délation publique et privée.

    Est-ce de ce type de société que nous voulons ?

    La dictature apparaît là où l’ennemi intérieur est désigné : Dans ce contexte sécuritaire qui frise la démence, l’ennemi intérieur doit être "nettoyé au karcher"...Le pauvre, l’immigré, le parent défaillant, le marginal... Ils seraient arnaqueurs profiteurs, paresseux, parasites, déviants, "sauvageons"...

    Rétablissons l’ordre moral, mettons fin à la mixité dans les écoles, rendons l’apprentissage de la Marseillaise obligatoire, piétinons l’ordonnance de 45 en les enfermant comme dans les années trente ! A quand la réouverture des bagnes d’enfants ?

    Il existerait par conséquent une citoyenneté à deux vitesses celle qui a droit de Cité, et celle qui doit être dénoncée.

    Paradoxalement la loi du 2 janvier 2002 avait pour objectif de mettre l’usager au centre des dispositifs, afin qu’il devienne acteur des interventions éducatives, et que ses droits soient respectés. Dans ces zones de non droit cette loi devient un simple alibi.

    La législation n’a plus de sens dans une démocratie lorsqu’elle est contredite par l’éthique.

    L’article 21 de la constitution de 1958 stipule : Lorsque "le gouvernement viole les libertés et les droits garantis par la constitution la résistance sous toutes ces formes est le plus sacré de tous les droits et le plus impérieux des devoirs"

    En tant que Travailleurs Sociaux nous devons souscrire à ce droit de refus. En aucun cas nous ne signalerons aux élus des personnes dont le seul délit est d’avoir été stigmatisées pour leurs difficultés sociales.

    Nous continuerons à travailler sur la base de la relation de confiance, d’ entraide, de libre adhésion, d’anonymat, socle de la loi de 1972 sur les statuts de la Prévention Spécialisée mais aussi du travail social en général.

    Pas question avant d’apporter une aide à quelqu’un de lui demander ses papiers, nous ne faisons pas partie des Renseignement Généraux !

    C’est le gouvernement qui est hors la loi !

    Il ne suffit plus de constater, il faut agir. Nous devons développer ce formidable courant qui s’organise au sein des Collectifs de Travailleurs Sociaux, articuler nos actions avec les Syndicats, les associations qui résistent, réagir dans nos institutions.

    Le forum organisée par le Collectif 76 des Salariés du Social et du Médico-Social a démontré que quelle que soit notre place dans le secteur (public, privé, pjj, associatif, syndiqués, non syndiqués) nous partagions les même préoccupations en matière de Déontologie d’Ethique,de déqualification.

    Nous refusons de laisser instrumentaliser nos professions sociales par un pouvoir qui enterre la prévention générale et spécialisée, prône la répression au détriment de l’Educatif sur la base de la tolérance zéro, et l’applique grâce à des lois liberticides et discriminatoires.

    • Il faut se rappelre de la police de 1942,des flics durand la guerre d’Algerie sans oublier 68 !!! La police ,au service du capital, ne change pas : elle s’adapte.Aussi il est de notre devoir d’adultes d’en informer les jeunes à chaque fois qu’on le peu. Pas de flics dans les syndicats,pas de flics pour "securiser"les manifs. TOUS à la manif avec pour objectif :la LUTTE jusqu’au BOUT. François