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Nicolas Sarkozy : "Je ne regrette pas une minute d’avoir fermé Sangatte"

Publie le mardi 25 octobre 2005 par Open-Publishing
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de Martin Mazurkiewicz

"Il n’y aura pas de Sangatte-bis ou autre Samu social à Calais. Le réclamer est irresponsable", a déclaré lundi après-midi Nicolas Sarkozy lors d’une visite dans le Pas-de-Calais. Un peu moins de trois ans après la fermeture du centre de réfugiés de Sangatte, à son initiative, le ministre de l’Intérieur a rencontré une vingtaine d’élus locaux pour faire le point de la situation.

Cette visite est intervenue deux semaines après l’agression d’un couple de handicapés à Oye-Plage, près de Calais, par deux migrants, et moins d’une semaine après qu’un migrant d’origine irakienne eut été blessé par balle, à Calais, lors d’une rixe opposant plusieurs réfugiés.

"Je ne regrette pas une minute d’avoir fermé Sangatte", a déclaré Nicolas Sarkozy. "La situation depuis la fermeture du centre s’est considérablement améliorée depuis, même si une dégradation a été observée ces derniers mois."

Le ministre de l’Intérieur reconnaît en effet que le nombre total d’étrangers interpellés en situation irrégulière dans le Calaisis a connu, au cours des neuf premiers mois de l’année, une hausse de 14% par rapport à la même période l’an passé, passant de 13.000 à 14.800 personnes. "Il faut cependant rappeler qu’il y en a eu 97.000 en 2002 avant la fermeture du centre", a souligné Nicolas Sarkozy.

Le ministre a donc annoncé un renforcement des moyens de lutte contre l’immigration clandestine. Il a notamment annoncé la création, en novembre, d’une borne EURODAC, un outil informatique qui permettra, à partir des empreintes digitales des migrants prises lors de leur passage de la frontière européenne, de "déterminer leur provenance et de les renvoyer dans le pays de l’Union où ils ont déjà déposé une demande d’asile".

Pour éviter une "fixation" des migrants à Calais, sur leur route vers la Grande-Bretagne, Nicolas Sarkozy a en outre promis l’augmentation du nombre de places dans les centres de rétentions administratives de la région et un renforcement des moyens de la police aux frontières.

Constatant la "grande difficulté" à renvoyer les personnes interpellées dont "60% viennent d’Afghanistan, d’Irak ou de Somalie", il a souligné qu’il cherchait des "solutions adaptées" avec ses "partenaires européens". Se reportant aux recommandations du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies de septembre 2005, Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il envisageait désormais des "retours volontaires" de réfugiés irakiens vers le Kurdistan irakien. De même, il a fait état de négociations en cours avec les autorités afghanes pour organiser des vols vers ce pays.

Revendiquant une politique de l’immigration "ferme et humaine", Nicolas Sarkozy a affiché sa volonté "d’accroître l’aide aux retours volontaires", qui prévoit déjà des compensations financières à tout réfugié acceptant de retourner dans son pays d’origine.

Le ministre s’est aussi prononcé en faveur d’un renforcement du "co-développement", particulièrement avec les pays d’Afrique subsaharienne, qu’il a qualifié de "nouvelle frontière de l’Europe". Selon lui, le Haut commissariat aux réfugiés doit être davantage impliqué, et soutenu financièrement par l’Union européenne.

Parmi les élus locaux invités par Nicolas Sarkozy, beaucoup se sont montrés satisfaits par les mesures annoncées par le ministre. Jacky Henin, député européen et maire communiste de Calais, les a ainsi jugées "intéressantes et positives", estimant que le Calaisis ne pouvait "accueillir toute la misère du monde".

Les membres du Collectif C’SUR, un groupement d’associations venant en aide aux réfugiés, ont en revanche été "déçus". Catherine Bourgeois, élue régionale Verts et membre du collectif, a ainsi jugé "déplorable l’attitude du gouvernement qui n’assume pas ses responsabilités". "A l’approche de l’hiver, ces mesures n’apporteront qu’un peu plus de misère aux réfugiés dont beaucoup ne viennent pas par intérêt économique mais parce qu’ils sont réellement persécutés dans leur pays", a-t-elle dit. Selon le collectif, plus de 30.000 migrants ont transité par le Calaisis depuis la fermeture du centre de Sangatte, fin 2002. Ses membres affirment en outre distribuer près de 400 repas par jour aux migrants.

Nicolas Sarkozy a promis de revenir à Calais dans trois mois pour évaluer l’efficacité des mesures annoncées. AP

L’image provient du blog Démesure du Possible

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