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Oscars : le réalisateur du film palestinien évoque un tournage mouvementé

Publie le dimanche 5 mars 2006 par Open-Publishing

Le réalisateur de "Paradise Now", long métrage palestinien sélectionné aux Oscars sur l’histoire de deux kamikazes, a raconté samedi que son tournage avait été difficile, entre les opérations militaires israéliennes et les menaces des activistes palestiniens.

"Le tournage a eu lieu à Naplouse, une ville occupée" par l’armée israélienne dans le nord de la Cisjordanie, a expliqué Hany Abou Assad à l’Académie des arts et des sciences du cinéma à Beverly Hills, lors d’une rencontre entre metteurs en scène étrangers sélectionnés aux Oscars à la veille de la cérémonie.

"Lorsqu’on entre dans la ville, il faut signer un papier déchargeant l’armée israélienne de toute responsabilité si vous êtes tué", a-t-il expliqué. "Tous les jours, il y avait des bombardements, des combats ou un couvre-feu. On se réveille le matin, et la rue est pleine de chars israéliens", a-t-il poursuivi.

"Parfois, pendant le tournage, on entendait une explosion proche. Alors on vérifiait que personne n’avait été blessé, et on recommençait à tourner", a expliqué M. Abou Assad.

De leur côté, les activistes palestiniens, dont certains groupes utilisent des kamikazes pour des attentats suicide comme les deux personnages principaux de "Paradise Now", ont pris ombrage du tournage, s’est-il souvenu.

"Ils étaient en colère, ils ne voulaient pas que nous présentions les kamikazes comme des humains normaux, mais comme des héros. Ils ont voulu que nous interrompions le tournage, et nous avons refusé. C’est là qu’ils ont enlevé mon régisseur", a encore raconté le metteur en scène.

Pour sa part, le metteur en scène français Christian Carion, sélectionné aux Oscars pour le film "Joyeux Noël" sur une trêve improvisée sur le champ de bataille en 1914 entre soldats français, allemands et écossais, a raconté avoir dû tourner en Roumanie et non en France, après avoir essuyé un refus de l’armée française.

"Un des terrains (militaires) que j’avais repéré était parfait, mais le responsable, un général, m’a dit +vous pouvez tourner un film si vous voulez, mais pas ici. Je ne veux pas avoir quelque chose à voir avec un film sur une mutinerie+", s’est souvenu M. Carion, qui s’exprimait en anglais.

"J’ai quitté mon pays et je suis allé tourner en Roumanie", a conclu le réalisateur français lors de cette rencontre à laquelle participaient également les réalisateurs allemand Marc Rothemund, sélectionné pour "Sophie Scholl - Les derniers jours", italienne Cristina Comencini ("La bête dans le coeur") et sud-africain Gavin Hood ("Tsotsi").