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PCF : après l’Assemblée des 8 et 9 décembre

Publie le jeudi 13 décembre 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

PCF : Après l’Assemblée des 8 et 9 décembre

Samedi 8 décembre, L’Humanité titrait « Le devoir d’invention ». C’est à la mesure de ce défi qu’il faut apprécier « l’avant » et « l’après » Assemblée Extraordinaire. Pas seulement un défi pour l’ « existence » du PCF : le PCF n’est pas un but « en soi » et encore moins « pour soi ». Le défi est de devoir « repenser le changement » face à un « capitalisme mondialisé, financiarisé, militarisé et productiviste ». Pour ce « dépassement du capitalisme jusqu’au bout », le choix très largement partagé n’est pas de « renoncer au communisme » mais d’initier une identité communiste de notre temps, repensant à la fois la visée, les cheminements et l’organisation pour la porter.

Des points d’appui pour 2008 et au delà

Des communistes qui ne renoncent pas au dépassement de toutes les exploitations et de toutes les dominations : c’est évidement absolument essentiel face à la dégénérescence d’une partie de la gauche en vague mouvance démocrate.

La volonté de « reprise d’initiative politique des communistes » pour amplifier les résistances à la droite et ouvrir de nouvelles perspectives. Le processus long et inédit de préparation extraordinaire d’un Congrès fin 2008, ne signifie en aucun cas « cocogiter » dans son coin en circuit fermé, ou une « année blanche » pour le PCF. L’énoncé de certaines campagnes politiques à engager, de « L’Europe » à « la protection sociale », en témoigne. De même que la volonté de « développer et d’expérimenter des convergences, des coopérations originales (…) nouvelles dynamiques politiques et citoyennes à vocation majoritaire ».

La soif de débat, d’une prise de parole, de dire à la fois ses inquiétudes, ses critiques, et certaines furent sans ménagements vis-à-vis de la direction nationale. Expressions à la fois de convictions et de nombreuses questions, de souffrances parfois trop longtemps retenues ou non prises en compte. La volonté, large, de construire un « en commun » réellement nouveau, de laisser le débat se déployer et s’approfondir. En ce sens, en partant des questionnements exprimés, cette préparation de Congrès est déjà différente des autres.

Un projet de mandat largement réécrit. Le projet préparé par le CN était à la fois « verbeux » et surtout, [involontairement ou volontairement ?] confus sur ce qui relevait du rassemblement d’une part et du parti d’autre part.

Tels qu’ils étaient initialement proposés les points 4 et 5 du projet de mandat laissaient planer une ambiguïté lourde sur ce qui pouvait être « expérimenté » en 2008, s’agissait il seulement d’explorer toutes les voies et formes possibles et nouvelles de rassemblement, ou bien cela incluait-il la possibilité d’expérimenter, voire d’anticiper, sur des formes d’une nouvelle « force politique » ou d’un « nouveau parti ».

Le mérite de la nouvelle rédaction du mandat et des débats menés, est triple :

 il est clair sur l’appel à expérimenter et construire des « fronts », des « convergences », des rassemblements »…..
 cet appel ne donne ni « chèque en blanc », ni mandat pour anticiper sur la création d’une nouvelle « force » ou « organisation » ou « parti » politique qui mettrait ensuite la préparation du Congrès devant le fait accompli. C’était essentiel pour une grande partie des délégués et pour rétablir le « courant » entre les délégués et la direction nationale.
 laisser clairement ouvertes toutes les hypothèses pour le débat qui doit s’approfondir en vue du Congrès

Des limites à bousculer

Dans le même temps, le déroulement de l’Assemblée permet de mieux cerner des freins à bousculer. Certains, à l’intérieur du PCF, [mais aussi les médias], ont voulu enfermer le débat dans un dilemme « maintient » ou « dissolution » du PCF. Débat en « blanc ou noir », incapable de rendre compte des réalités auxquelles nous sommes confrontées.

Certes des propositions politiques parlant de « créer une nouvelle force », voire de fondre le PCF dans une nouvelle structure, ont été émises depuis juin, pensons aux contributions de JC.Gayssot, aux appels tel que « Maintenant A Gauche » par exemple, et elles n’ont pas été sans largement inquiéter.

Je donne mon point de vue : je ne partage absolument pas ces propositions mais je pense qu’on n’y répond pas efficacement en jouant sur les peurs, en prétendant interdire « d’explorer toutes les hypothèses » ou par un préalable de « maintenir » le PCF comme certains l’énonçaient. L’Assemblée, sur proposition de Marie George Buffet, ne s’y est d’ailleurs pas laissée aller.(1) On ne peut y répondre efficacement qu’en relevant le défi de « révolutionner » le PCF, d’y changer tout ce qu’il faut y changer, et de laisser le débat pleinement se déployer. Clairement écrit : certains défenseurs du « maintien » du PCF feraient parfois désespérer des potentialités du PCF à se « révolutionner » lui-même et donnent plutôt des arguments à celles et ceux qui invitent à son dépassement.

Il est par ailleurs significatif que lorsque le débat reste confiné en « pour » ou « contre » telle ou telle hypothèse de devenir du PCF, il stagne souvent dans la répétition figée de points de vue émis dès juin dernier ( que ce soit par Y.Dimicoli, R.Martelli, JC.Gayssot, N.Marchand, D.Cirera….).
A l’inverse dès que le débat s’empare des défis de projets, (mondialisation, unité du salariat, dépasser le productivisme, conception du changement et de la transformation sociale,….), il oblige en dynamique à revisiter les questions des rassemblements à construire et des transformations à opérer au PCF. Avec à la fois audace et réalisme. Pour mettre « en phase » un projet de notre époque avec les démarches et les moyens politiques pour en ouvrir le chemin. Si nous voulons avancer d’ici fin 2008, faire œuvre utile, ces « débats thématiques » préparatoires, et aussi certains invités à l’Assemblée Extraordinaire, nous ont montré le chemin pour réellement construire un « en commun » nouveau.

Des audaces à investir

Le champ du projet communiste : celui ci n’étant pas conçu comme seulement un « texte » à produire, mais comme une ambition à incarner, à faire vivre, partager, donc des idées et des valeurs, mais également des pratiques à développer, à tous les niveaux. Avec l’ensemble des obstacles à affronter pour rendre force et crédibilité à cet idéal d’émancipation humaine.

Celui des rassemblements à construire. De ce point de vue l’intervention de clôture de Marie George Buffet est riche de propositions et il me semble que l’Assemblée elle-même a été en deçà des possibles. Invitant à travailler « à l’unité des dominés », (…) par des rassemblements (….) qui se construisent en fonction des enjeux (…) », à réfléchir à « une grande initiative politique pour appeler à des fronts citoyens et populaires », citant un premier thème « l’Europe », invitant à « démultiplier, élargir ces fronts jusqu’à construire une majorité politique ». De permettre à « des femmes et des hommes isolés, divisés, de se rassembler en mêlant en toute occasion audace et réalisme, inventivité et concret, souhaitable et possible ». Ce qui croise la tradition historique du PCF pour redevenir « un grand parti national, porteur de grand rassemblement populaire ». Le PCF n’est pas simplement un « parti communiste », [certain dans le monde sont des sectes !], il n’est grand que lorsqu’il porte des initiatives historiques de rassemblement, de longue portée, s’adressant au peuple entier, pour aider à construire un avenir meilleur. C’est cela la « tradition thorézienne » dans ce qu’elle a de meilleur. C’est cela qu’il faut dans les conditions d’aujourd’hui entièrement repenser, mais sans en rabattre sur l’ambition concrète.

Celui du parti politique. Si toutes les hypothèses sont ouvertes quant à l’avenir à long terme, dans le paysage politique d’aujourd’hui, le PCF demeure, comme collectif militant et comme repère, indispensable. Tout ce qui participera de sa revitalisation en 2008, non seulement sera positif pour les forces de transformation sociale, mais pour préparer l’avenir. En mobilisant tous ses potentiels pour travailler de façon ouverte, confiante et innovante, à se « révolutionner », les communistes engageront un effort sur eux même bien plus exigeant que simplement « continuer d’exister » ou de se laisser aller à la facilité de se « dissoudre » dans on ne sait quelle nouvelle force.

J’ai trouvé d’ailleurs que le discours de clôture de Marie George Buffet posait de façon plus dynamique ces enjeux. A en regretter que la problématique n’ait pas été posée en ces termes dès l’ouverture.

Jean Paul Duparc

(1) Si j’ai beaucoup apprécié l’implication de Marie George Buffet dans le débat, cette implication , -y compris voir la secrétaire nationale devant prendre en main le débat sur les amendements pour ne pas que ça dérive en « n’importe quoi »-, révèle bien des faiblesses ou des divisions de la direction. Je comprends qu’on ait eu la sagesse en juin d’estimer qu’il était urgent que MG.Buffet demeure secrétaire nationale d’ici le Congrès.

« L’organisation » ( ?) de la Commission du samedi soir était un radeau de la Méduse. Personnellement je n’ai jamais vu ça. Entre des responsables de la commission visiblement en dissonance avec le travail de réécriture à accomplir, ce qui évidement nourrissait la réaction - non moins insupportables- de certains délégués à la tonalité « basiste » voire populiste.

Et, plus généralement, entre ceux des dirigeants qui ne suivent que leur idée mais au moins la disent, et les autres qui ne disent rien, ni au CN, ni à l’Assemblée, laissant dans un « brouillard » leur propre positionnement, ( pour vivre heureux, vivons cachés ? )tout cela n’est pas très sain et ne joue pas vraiment collectif. Désolé de le dire ainsi mais j’ai été habitué à des dirigeants d’une autre trempe et d’une autre tenue, je le dis sans ambages.

Messages

  • Mais ,mon cher ami ,ce ne sont pas des dirigeants.Ils dirigent quoi ? Eux-même et encore ...Il faut aller sur le terrain et non rester à Colonel Fabien .Un peu de grèves,de pétition,de manifs,de blocages,d’occupations ça réveille un "permanent endormi" qui roupille aux réunions avec le PS .Je suis méchant ...Mais c’est peut-être un peu ça la cause de notre pseudo-déclin .En tous cas Sarko et sa bande sont en train de nous réveiller comme Bush-Bush aux amériques.Le capitalisme est là et bien là avec sa logique mortifère de misère.Et on va laisser faire ?Mais non bien sûr ...Les penseurs à la recherche de stratégie "idiote" et sans lendemains qui chantent ne pèsent pas dans l’histoire .

    Bernard SARTON,section d’Aubagne

  • juste un petit lien d’humour sur le thème.

    http://bellaciao.org/fr/?page=article&id_article=57382

    Salut fraternel.

    Le Rouge-gorge

  • Je partage tout à fait le fond et la forme de cette intervention.
    En même temps qu’elle pose correctement les problèmes posés au PCF (mais à la Gauche tout entière), la rédaction permet à tous, quels qu’ils soient, de pouvoir écouter et entendre (s’ils le veulent !!) et donc de débattre sur d’autres bases que des simples échanges autour de oui ou non un PCF.
    Cette contribution me rassure sur ce que je pensais de MG B. Elle a apporté au parti, comme elle l’a fait lorsqu’elle a été ministre, une autre façon de concevoir la Politique et, je tiens à le souligner, car cela n’a pas été le cas de tous les ministres communistes, elle a su insufler dans le monde sportif une dynamique contre le dopage (qui n’est qu’une conséquence du système financier avec le "toujours plus") qui marque encore profondément le paysage sportif.
    Oui, je suis pour que le PCF garde son nom car il est chargé historiquement (pas que de mauvaises choses) pour sa vie en France. Oui, il faut qu’il s’ouvre davantage aux débats avec tous les autres, non pas pour en rabattre sur ses objectifs mais pour constituer, sur des sujets précis, un rassemblement des forces de Gauche (je pense là à l’électorat qui se retrouvera dans nos initiatives dans la mesure où leur sympathie politique sera respectée et satisfaite) capable de freiner et, de préférence, de faire reculer le pouvoir de l’argent et de la droite politique.
    Ces moments de travail Ensemble seront de nature à faire grandir parmi l’électorat de Gauche (et je dirais dans le monde salarié) l’idée qu’il est possible d’être plus souvent Ensemble et donc de dépasser ce qui nous différencie pour constituer cette Force de Gauche nouvelle et transformatrice de la Société française.
    Je me répéte mais je rappelle qu’il existe des textes de l’ONU et des organismes associés tels que l’OIT, l’OMS qui, s’ils étaient appliqués seraient une véritable révolution .... qui ne seraient pas connotée d’être une visée communiste et qui seraient mobilisateur. En 2006, pendant la période où les collectifs antilibéraux portaient un espoir de changement, j’avais adressé à tous les partis de Gauche, y compris le PCF, les références de certains d’entre eux .... et je n’ai eu aucune réponse !!! Cela m’a un peu contrarié car je me suis demandé si, même au PCF, ces textes avaient encore de la valeur. Or, sur la mondialisation, il y a des déclarations récentes qui, selon moi, sont très progressistes et "feraient la peau" aux porteurs inconditionnels de la mondialisation capitaliste.
    Le PCF, comme le syndicalisme de classe, souffre d’un manque de conscience politique, au sens noble du terme, et donc de culture historique. Nous payons là les conséquences de la lutte de classe menée par le Capital et notre incapacité à nous remettre en cause pour nous adresser aux salariés afin de garder notre force syndicale et militante. Ce virage aurait dû être pris au moins en 1977, après la rupture du programme commun à partir duquel à commencé le céclin des forces progressistes avec l’arrêt ou le fort ralentissement des adhésions. Ce "trou générationnel" fait que les adhérents d’aujourd’hui n’ont pas cette connaissance historique et croient que "le dossier" bien constitué suffit pour obtenir des résultats. Malheureusement, la relation "anciens et nouveaux" est encore trop souvent chargée de jugement, de renvoi de la faute, de l’erreur sur l’Autre ce qui ne favorise pas l’échange ni la progression des idées.

    Restons tous dans le concept de communication de Jean Paul DUPARC et nous réussirons l’évolution nécessaire et indispensable du parti ..... bien que je ne sois pas adhérent mais compagnon de route depuis 30 ans et ce, malgré les critiques acerbes de camarades dont le qualificatif de "stalinien" était justifié.

    Cordialement.
    Jean LAPEYRE