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POUR Salah HAMOURI

Publie le mardi 24 mars 2009 par Open-Publishing
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Depuis bientôt quatre ans un Français est détenu illégalement en Israël. Aujourd’hui, sa famille adresse une lettre à celui qui pourrait être notre fils, notre frère. Chacune, chacun d’entre-nous et tous ensemble nous avons la solution pour que Salah ne passe pas une nouvelle année loin des siens. Cela passe par la mobilisation, la pétition, lettres au gouvernement, aux élus… Cela passe aussi pas l’information, faire connaître le cas de Salah autour de nous.

http://www.france-palestine.org/article7743.html

La lettre qui nous a été adressée par la mère de Salah, Madame Denise Hamouri :

Jérusalem le 31 décembre 2008

Salah, mon fils,

Cela fait trois ans, neuf mois et dix-huit jours que tu as été enlevé par les forces d’occupation israéliennes. C’était un dimanche, le 13 mars 2005. Tu n’avais pas encore vingt ans quand on t’a injustement dépossédé de ta liberté. Citoyen français et résident de Jérusalem, étudiant en sociologie à l’Université de Bethlehem, tu partais avec des amis pour t’amuser à Ramallah. Les soldats israéliens t’ont appréhendé au check point de Qalandya, point de passage obligé entre les villes palestiniennes de Jérusalem-Est et Ramallah. Ou plutôt kidnappé, devrais-je dire. Deux heures plus tard, ils sont arrivés chez nous. Ils ont tout retourné, saisi le disque dur de ton ordinateur. Ils sont allés jusqu’à démonter les lavabos, pour tenter de mettre la main sur des indices compromettants. Peine perdue, naturellement. Nous n’avons rien à cacher.

Pendant de longs mois, nous sommes restés sans nouvelles. C’est par la presse que nous avons appris les charges fantaisistes retenues contre toi : tentative de complot d’assassinat contre la personne du Rabbin d’extrême droite Ovadia Youssef et appartenance à un mouvement de jeunesse. Tu as été jeté dans un cachot, torturé, puis transféré de prison en prison, avant d’être condamné à sept ans d’enfermement. Inhumain, dégradant, ton procès a été reporté à 26 reprises. Il est intervenu après plus de trois ans de détention provisoire. Jamais, le tribunal militaire israélien qui t’as jugé n’a été en mesure de fournir la moindre preuve matérielle de ce qui t’est reproché. Ni armes, ni plans, ni début d’exécution dudit complot. « Mais il a avoué » me dit-on. Effectivement, comme des milliers de palestiniens pris au piège de la machine militaro judiciaire israélienne, tu as été poussé aux aveux. Le marché proposé par le procureur israélien ne te laissait guère le choix : « sept ans s’il avoue, quatorze s’il continue à nier ».

Le temps des fêtes est arrivé : Noël, ses lumières et une nouvelle année à venir.
Il est impensable que ce soit le 4ème Noël sans toi…

Mes pensées sont plus que jamais avec toi Salah, tout particulièrement dans ces moments où l’on est censés êtres sereins et joyeux. A vrai dire, tu ne me quittes jamais : depuis le moment où je dois te laisser derrière la vitre opaque du parloir ou je te rends visite, jusqu’à notre maison à Jérusalem où chaque photo, chaque objet nous rappelle que tu reviendras …Bientôt ?

Tu nous manques. Ton étreinte forte me manque. Tes gestes, ta tendresse envers ta sœur Caroline et ton frère Amir nous manquent. Ton père se rappelle toujours avec affliction comment lorsque tu rentrais de la fac, tu lui demandais souvent de discuter avec toi. Il aimait que tu confies à lui.

Pendant cette période de fête où chacun devrait oublier un peu ses soucis, je pense très fort à toi, Salah et à tous ceux qui endurent l’insupportable dans l’obscurité de leurs petites cellules.
Leur fête à eux, c’est leur solidarité, et l’espoir que pour les prochaines fêtes, la liberté sera leur cadeau.

Ma fête à moi, c’est ce lien invisible mais très fort qui unit mes pensées aux tiennes pendant qu’ailleurs les lumières brillent.

Meilleurs vœux, mon fils, et surtout n’oublie pas que pour tous ceux qui vivent, il y a de l’espoir.

Maman, papa, Amir et Caroline

* Cette contrainte aux "aveux", appelée en Israël « plea bargain » (accord sur le plaidoyer), n’est pas une surprise concernant un Tribunal Militaire puisque, de l’avis de plusieurs spécialistes en Droit, il n’existe pas dans l’histoire contemporaine de Tribunaux Militaire qui, dans un conflit, ait rendu une décision contraire à la demande de l’accusation. En clair, partout dans le monde lorsque la justice est prononcé par un Tribunal Militaire, l’accusé, quelque soit sa faute, quelque soit les circonstances, écope de la peine demandée par le procureur.

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