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Pas de pub à l’école !

Publie le samedi 10 septembre 2005 par Open-Publishing
7 commentaires

Appel du mouvement pour une rentrée sans marques

Le mouvement pour une Rentrée sans marques appelle pour la sixième année consécutive les parents, les enseignants et les jeunes à refuser le racket commercial dont les élèves, leurs familles et les profs sont de plus en plus victimes.

Les exemples de la main-mise des entreprises sur l’école sont malheureusement toujours aussi nombreux : tapis de souris publicitaires à l’occasion de la campagne « Sur la toile, méfie-toi des pièges », « Tour de France des collèges » par la société Calysto pour expliquer le bon usage d’Internet, incitations à contracter des emprunts auprès des banques pour acheter du matériel informatique lors de la campagne « portable étudiant à un euro par jour », développement des offres pédagogiques par Disneyland et son département éducation, prise en charge de collégiens de ZEP par des entreprises comme Pinault-Printemps-LaRedoute, soutien de SFR-Cégétel à des élèves notamment des filles d’origine immigrée issues de zones sensibles pour leur permettre d’intégrer les écoles d’ingénieurs en télécommunications, etc. La pénétration de la pub dans l’école permet de changer le contenu de l’enseignement et rend possible le transfert des responsabilités de l’Etat, puissance publique, vers les grandes sociétés capitalistes privées.

Fait nouveau, ces techniques de marketing ont été, cette année, mobilisées aussi dans un but ouvertement politique. L’école publique a été littéralement victime d’une formidable propagande d’Etat à l’occasion de la campagne pour le référendum sur le Traité constitutionnel européen : les bibliothèques scolaires ont été abreuvées de brochures, de cassettes vidéos, etc. On a même distribué dans les cantines 2,2 millions de serviettes logotisées, etc. Les mauvaises langues ne manqueront pas d’établir un lien entre cette logotisation des serviettes et la « lobotomisation » de nos enfants par la pub et la télévision.

La résistance s’organise et depuis un an, notre mouvement s’internationalise : le rapport de force progresse. Notre pétition, lancée l’an dernier, a reçu près d’un millier de signature et a été relayée par l’association ATTAC et son « Manifeste pour l’annulation du code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire ». Nous sommes toujours plus nombreux à refuser que les enfants servent de supports à des opérations publicitaires et que l’école ouvre un pont d’or aux entreprises. Notre mouvement exige toujours l’abrogation de la circulaire Lang qui permet de faire entrer par la fenêtre la publicité qui demeure officiellement interdite par la porte. Cette circulaire du gouvernement Jospin est conservée pieusement par les gouvernements Raffarin et de Villepin, preuve que, sur ce terrain, nos amis productivistes de gauche comme de droite veulent de concert enrôler nos enfants dans la société de consommation.

Le mouvement pour une Rentrée sans marques appelle les jeunes à se démarquer en refusant de marcher au pas des firmes multinationales. Il faut refuser tout autant la surconsommation que la dictature des logos. Nous devons habituer nos enfants à la simplicité volontaire et à une vie sobre, ce qui passe pédagogiquement par le boycottage de produits de marques. Nous appelons aussi à soutenir toutes les initiatives pour bouter le marché hors de l’école. L’heure est venue de poursuivre collectivement la réflexion sur quelle école nous avons besoin pour décoloniser l’imaginaire de nos enfants et avancer vers une société de décroissance équitable.

Paul Ariès,
auteur du Petit Manuel anti-pub, éditions Golias, 2004

Lettre-pétition à adresser à son député :

Pour l’abrogation du « Code de bonne conduite des entreprises en milieu scolaire »
Pour une initiative parlementaire protégeant les enfants des agressions publicitaire

Madame la Députée, Monsieur le Député,

L’Assemblée nationale avait dès 1936 proclamé l’interdiction absolue de toute publicité à l’école. Ce principe protecteur de l’enfance a été sans cesse réaffirmé témoignant ainsi de l’existence d’un véritable consensus national sur cette question. Le ministère de l’Education nationale a publié, au BOEN n° 14 du 5 avril 2001, la circulaire n°2001-053 intitulée « Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire ». Ce texte qui introduit la notion contestable de « neutralité commerciale » a permis de multiplier les interventions des marques dans les écoles : kits pédagogiques, jeux-concours, sponsoring, etc. Beaucoup de députés de droite comme de gauche ont interrogé les ministres successifs sur le risque de violation du principe de « neutralité scolaire » que crée le flou de cette circulaire administrative. Le Conseil d’Etat a cependant conclu à sa légalité (2 novembre 2002).

Seul le dépôt d’un nouveau texte de loi permettrait de créer un vaste débat national sur la meilleure façon de protéger les enfants des agressions publicitaires notamment à l’école. Veut-on que les élèves français soient obligés demain comme aux Etats-Unis de regarder tous les matins un programme de publicité dans les classes ? Acceptera-t-on que l’on fixe des objectifs de vente de boissons ou autres produits sous prétexte de réalisme économique et de partenariat avec des entreprises ?

L’école doit rester un lieu d’apprentissage à l’autonomie et à la citoyenneté ce qui suppose que l’on protège les enfants des appétits des firmes mais aussi de leurs propres pulsions consommatrices qui les conduisent à s’enfermer dans des « identités de marques » et à surconsommer des produits dangereux.

L’école n’a pas à se faire le vecteur d’une monoculture de la consommation en tolérant en son sein la présence de marques et de publicités. Ces dernières véhiculent des « valeurs » et des comportements qui ne sont pas ceux de l’école puisqu’ils sont fondés sur une logique de l’« avoir » et du « paraître » contraire à la primauté de l’« être » qui régit encore l’école. Nous sommes convaincus que la façon dont la société répondra à la menace que représente l’introduction des marques et de la publicité à l’école déterminera sa capacité à défendre une conception républicaine de l’enseignement.

Dans l’espoir que la représentation nationale légifère au plus vite pour assurer la protection des élèves face à toutes les formes d’agressions publicitaires en milieu scolaire et péri-scolaire, nous sollicitons votre appui pour notre demande d’abrogation de la circulaire du 5 avril 2001 et de retour à l’application de la note de service n° 99-118 du 9 août 1999.

http://www.casseursdepub.org/journal/index.html
http://www.assemblee-nationale.fr/12/tribun/comm3.asp
http://www.senat.fr/listes/grp.html
 http://www.premier-ministre.gouv.fr...
http://www.legifrance.gouv.fr/

Messages

  • Ils est vraiment temps que les enseignants s’organisent, et sortent de leur torpeur, devenue légendaire depuis 2003.

    • Si tu crois qu’on a le temps mr yaka ifoke !

    • Je suis professeur.

      Je pense que nous avons le temps de sortir de notre torpeur et de nous organiser.

      Nous perdons beaucoup de temps dans des réflexion et débats pédagogiques, alors que le problème de l’école aujourd’hui n’est pas pédagogique mais politique.

      Il s’agit de défendre le statut des enseignants et le servic epublic d’éducation, l’un n’allant pas sans l’autre.

      Ce n’est pas vraiment pas une question de "temps", mais de lacheté, de pusillanimité, et de petites et grandes trahisons syndicales, notamment des syndicats les plus importants comme la FSU, l’UNSA, et le SGEN-CFDT).

    • Tu n’as pas le temps ? Pourquoi ne pas demander des heures pour organiser les luttes au lieu de pratiquer la réunionite pseudo-pédagogique ? Les enseignants ont le nombre et le statut avec eux : ils pourraient contribuer à inverser le cours de l’évolution qui nous saigne tous. Hélas, ils comptent aussi beaucoup de jaunes et de représentants d’une petite bourgeoisie conformiste...

  • Ma gosse vient de rentrer à la maternelle.
    Moins d’une semaine après la rentrée, la maîtresse lui donne une enveloppe pour nous : assurance scolaire, avec le côté officiel que l’intermédiation de l’instit’ peut donner. Le document laisse planer le doute quant au caractère obligatoire de cette assurance. Renseignement pris, nos multirisque habitation + mutuelle santé sont nettement suffisantes, mais on a manqué se faire avoir.

    Semaine suivante : à l’occasion du prêt de livre hebdomadaire de la bibliothèque des petits, la gosse revient avec un livret présentant des bouquins pour enfants et tamponné par une librairie du coin. La gosse commente le truc sur le ton de "je veux un livre" (ce qui est une bonne chose en soit), mais de nouveau, on se sent pris en otage. Télé, panneaux, magazines, on fuit la pub, ce n’est pas pour qu’elle revienne nous attaquer en douce en instrumentalisant un gosse de 2 ans et demi comme prescripteur !

    Donc, pas encore de multinationale embusquée, mais déjà 2 tentatives de nous faire acheter contre notre gré !

    Le Monolecte

    • Je suis enseignant en maternelle. La pub pour l’assurance n’est pas un encouragement à consommer de l’assurance et l’instit ne touche aucune commission. Nous sommes obligés ( l’administration l’impose) de demander aux parents de prendre une assurance responsabilité civile etc. L’habitude a été prise d’en proposer une ou deux bien connues. Elles étaient pratiques il y a queque temps et beaucoup de parents ( dont moi) les prenaient par facilité(surtout dans les ZEP).
      Comme vous, je ne les prends plus, pour les mêmes raisons.
      Il faut que vous sachiez que les profs , dans leur grande majorité, sont très anti.pub, car très sollicités. Il n’y a rien qui nous met autant en colère que ce qui se trame petit à petit pour faire entrer le bizness dans l’école. Il n’y a pas grand chose qui me réjouisse autant que de pouvoir agir enfin en faisant barrage à tout ça dans mon école.
      Pour la pub du libraire, c’est ce qui me met en colère !! L’instit aurait du faire gaffe et ne pas distribuer.
      Le bizness ne passera pas par les profs.

  • Rappel : C’est un homme de "gauche", Lang qui a permis l’entrée des marques à l’Ecole dans le cadre d’une pseudo-charte et d’une campagne avec plein de respect et de sponsors dedans.