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Je pense qu’au-delà de la suppression de 11 200 postes cette année et des 80 000 annoncés sur 4 ans - ce qui est totalement catastrophique, bien évidemment - il faut également parler de deux autres aspects fondamentaux, sous tendus par cette action qualifiée de simplement structurelle (économies, État en faillite etc...) :
- n’en doutons pas, dans quelques années, l’État aura beau jeu de dire que les fonctionnaires ne sont pas compétents, que l’enseignement part à vau l’eau, que la France recule encore sur ce plan par rapport à .... voyons ... aux Etats-Unis, ,,, je ne trouvais plus les vraies références... Vous voulez des preuves : regardez le classement des facs françaises etc ... Et qu’en sortira-t-il ? La privatisation, bien sûr, l’ouverture libérale poussée à l’extrême étant le gage d’une grande réussite.
Un peu comme à la Nouvelle Orléans après Katrina. Mais grâce à notre asservi, ici, on aura fait mieux, on aura créé l’ouragan !.
- encore plus grave me semble être la fin programmée de l’école publique laïque. Le discours de Latran du même asservi laisse peu de doutes sur le sujet. Et cela s’inscrit dans la suite logique de la privatisation qui pointe.
Je me trompe ? On évoque déjà l’intérim pour remplacer les enseignants absents !
Alors rêvons un peu à ce monde meilleur : l’enseignant devra rendre des comptes de productivité par le biais de la réussite. On le notera sur les notes de ses élèves (...), son salaire sera asservi à la moyenne de sa classe, il devra impérativement (et quel que soit le niveau et la composition de sa classe) terminer un programme bien plus important (pour le bien de nos enfants), l’enseignement des fondamentaux sera renforcé (se lever quand un adulte rentre, se taire, avoir des cheveux courts et propres, avoir un uniforme repassé, ...).
On pourrait même imaginer sans pousser trop loin le bouchon un bâtiment du collège ou lycée réservé à l’enfermement provisoire des mineurs récalcitrants, histoire de les initier quelque peu à ce qui les attend dans la vraie vie...
Arrêtons là ce rêve merveilleux. Mais est-ce aussi utopique ?
Une précision, je ne suis pas enseignant et le seul lien que l’ai avec ce ministère tient au fait que j’ai encore un fils en lycée. Lui est sauvé par rapport à cela.
Alors, c’est vrai ma foi, pourquoi je m’en fais ?
Messages
1. Pas touche aux profs !, 1er mai 2008, 23:27, par Sylvie
Oui, c’est infect, ces économies sur le dos de nos gamins.
Faire des économies sur les transports... c’est moche.
Mais sur la santé ou l’éducation... c’est encore plus révoltant. Dans le bus, on peut attendre cinq minutes de plus, on peut se serrer aux heures de pointe. C’est agaçant mais on survit.
A l’école, voir nos mômes sacrifiés, ça fiche en rogne.
Et Darcos de nous raconter ses salades, et de dire qu’un taux de 11 élèves par enseignant, il n’y a pas de quoi se plaindre... Mais il nous prend pour des crétins ? A l’école on y a été ! Donc on sait tous que dès 11 ans, c’est pas un enseignant pour une classe mais 6 ou 8... Alors sa moyenne, elle ne recouvre aucune réalité.
La réalité, on la connaît tous : C’est 35 élèves par classe dans les lycées généraux.
Alors dans les lycées professionnels, bien sûr, une classe, c’est souvent 24. Mais 24 jeunes qui ont du mal à l’école, et plus du tout d’heures dédoublées en enseignement général, et un bac pro en 3 ans alors que jusque-là, il se faisait en 4.
Ben c’est justement là que Darcos va enlever 8800 profs, dans les lycées !!!
Si on voulait dégoûter les jeunes de rester dans l’enseignement public, pour rejoindre soit les lycées prestigieux du privé, soit l’apprentissage chez un patron dès 14 ans, on ne s’y prendrait pas autrement.
Et l’accueil des tout-petits, dans les maternelles, les 2-3 ans, qui se faisait il y a dix ans dans 80 % des départements, ne se fera plus que dans 30 %.
Ras-le-bol de voir que l’Etat a un comportement de parent indigne avec nos gamins. S’il y a un sujet où j’espère que ça va continuer à manifester, élèves, parents et professeurs ensemble, c’est aussi celui-là, pour l’avenir de notre société.
DE LA MATERNELLE A L’UNIVERSITE, DES MOYENS POUR ETUDIER !!!
1. Pas touche aux profs !, 2 mai 2008, 00:20
Ah... 40 ans, comme le temps passe...
Il y a quarante ans, on nous expliquait que l’école faisait partie des "mécanismes répressifs de l’Etat".
Il y a quarante ans, Font et Val nous expliquaient pourquoi "il y aura toujours des grilles autour des lycées" (c’est à dire, le lycée, c’est la prison).
Il y a quarante ans, Prévert nous racontait l’écolier qui demandait à l’oiseau-lyre de le sauver des griffes du maître et de l’école.
Il y a quarante ans on nous expliquait que passer en classe supérieure c’était pas si important, puisque "les classes nous les abolirons, c’est pour ça qu’on fait la Révolution".
Quarante ans ont passé. Et aujourd’hui, les mêmes qui hier vomissaient l’école ont découvert que l’école, c’est important. Que c’est là que l’enfant se forme. Et qu’attaquer l’école, c’est "infect".
Comme disait Lénine, "le plus grave, ce n’est pas de commettre une erreur, c’est de ne pas vouloir le reconnaître".
XXX
2. Pas touche aux profs !, 2 mai 2008, 08:53, par JP
Il y a dans cette contribution, celle juste au dessus, du dépit. J’ai l’age d’avoir connu les révolutionnaires d’opérette de mai 68 genre Glucksman et consort.
Mais, 68 n’est pas que cette fumisterie ou la bourgeoisie se rebelle pour faire joli. Les ouvriers et les partis ouvriers n’ont jamais dit en 68 que l’école était à abattre, que l’école était à banir, que les notes devaient disparaitre, que les classes d’école devaient etre abolies, mais au contraire, ils affirmaient, dans le droit fil des lumières que l’école laïque et gratuite était leur moyen de se libérer du jou du capital à la condition que l’enseignement y soit ouvert.
Alors ce dépit d’un bourgeois sur Bellaciao me fait rire parce qu’il veut nous faire prendre les vessies de mai 68 pour des lanternes. Oui vous savez celles qui voulaient se faire aussi grosses que le beauf (frère) et que l’on ressort aujourd’hui de la naphtaline comme le Cohn Bendit qui n’a jamais défendu que le libéralisme depuis 68.
3. Pas touche aux profs !, 2 mai 2008, 10:19
Rassure toi, il n’y a dans ma contribution aucun "dépit", tout juste une ironie amusée...
Si tu relis avec attention ma contribution, tu constateras que je ne parlais pas de ce qu’avaient pu dire ou faire les "partis ouvriers". Ce qui m’amuse, c’est le changement radical de cap de ceux (les "bourgeois", si tu veux) qui en mai 68 lisaient Ivan Illich et tapaient sur l’école. Et qui étaient très nombreux, ne t’en déplaise.
Accessoirement, "rien n’embellit autant le passé qu’une mauvaise mémoire". Il est vrai que pendant 68 le PCF est resté "dans le droit fil des lumières" (y compris contre l’opinion d’une bonne partie de ses militants), en marquant nettement son opposition aux projets éducatifs délirants des soi disant révolutionnaires. Les autres "partis ouvriers" n’ont pas eu cette position, et se sont laissés emporter par la vague antiscolaire. Et ils n’ont changé que très récemment de discours, et pour de bien mauvaises raisons. Alors faudrait pas trop exagérer en mettant mai 68 "dans le droit fil des lumières". Ce ne fut pas le cas : si quelque chose caractérise mai 68, ce fut le rejet des hiérarchies. Or, tout enseignement scolaire est construit sur une hiérarchie : celle qui existe entre un maitre qui sait, et un élève qui ne sait pas. C’est pourquoi mai 68 fut, dans son essence, une révolution contre l’école. Et ça va être difficile de réécrire l’histoire au point de lui faire dire le contraire...
XXX
4. Pas touche aux profs !, 2 mai 2008, 12:58
Une fois de plus le binaire ne me semble pas de mise. L’école aussi a ses contradictions. Elle est par certains aspects un garde-fou, un outil d’émancipation, qu’il faut donc défendre ; mais par d’autres, elle joue effectivement un rôle dans le formatage des citoyens au profit de la classe qui a le pouvoir, dans la reproduction des inégalités.
Chico
5. Pas touche aux profs !, 2 mai 2008, 16:03
Il y a un peu de confusion.
Etat Répressif = police, justice, armée, prison.
Etat social = école, santé, transport,
C’est l’état pénal qu’il faut combattre.
Ce sont les flics, les trouffions, les matons, les juges qui sont des ennemeis de classe.
– Pas les professeurs.