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Polémique en Tunisie après l’annonce de la visite d’Ariel Sharon
Publie le mardi 1er mars 2005 par Open-PublishingL’annonce de la visite du Premier ministre israélien Ariel Sharon en Tunisie, à l’occasion du sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) dont la deuxième phase est prévue à Tunis en novembre prochain, suscite la polémique en Tunisie.
Le pouvoir s’évertue à placer cette visite dans un « cadre onusien », le sommet étant parrainé par l’ONU, mais les réactions sont franchement hostiles du côté de l’opposition et de certaines ONG.
Lundi, le président Zine El Abidine Ben Ali a stigmatisé, sans les nommer, « ceux qui ont cru opportun de faire commerce de la déformation de l’image de la Tunisie et de la mise en doute de ses choix et de ses acquis ».
Le ministre tunisien des affaires étrangères Abdelbaki Hermassi a, quant à lui, implicitement réfuté le caractère bilatéral de l’invitation à Ariel Sharon : « la Tunisie a adressé des messages aux dirigeants de tous les pays, y compris Israël qui est membre des Nations Unies, les invitant à participer au sommet de Tunis, et ce en application des procédures en vigueur dans le cadre de l’ONU ».
Mais la perspective de la venue du Premier ministre israélien a soulevé un tollé dans certains milieux de l’opposition et de la société civile. Dans un communiqué, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), fait part de « l’étonnement » et de « la réprobation » des syndicalistes, voyant dans cette invitation « une atteinte aux sentiments de notre peuple, qui a en mémoire l’agression sauvage contre Hammam-Chott en 1985 (lorsque l’aviation israélienne avait bombardé la localité tunisienne où était établi le quartier général de l’OLP, NDLR) et les crimes perpétré par Sharon contre le peuple palestinien ».
Lors d’une réunion vendredi au siège du Parti démocratique progressiste (PDP), placée sous le signe « non à la visite de Sharon en Tunisie », les dirigeants de plusieurs partis de l’opposition légale et non reconnue et d’ONG ont aussi clamé leur opposition, qualifiant Sharon de « criminel » dont « les mains sont entachées de sang palestinien et arabe ».
Le gouvernement doit revoir sa décision, sinon Sharon devra marcher sur nos cadavres », a lancé le numéro 1 du PDP, Me Néjib Chebbi rapportant des manifestations estudiantines à Tunis, Kairouan (centre) et Sfax (sud) contre cette visite.
Pour le chef du Forum démocratique pour les libertés et le travail (FDLT), Dr Mustapha Ben Jaâfar, il s’agit d’une « provocation qui a dépassé toutes les limites ». Rachid Khéchana (PDP) y voit quant à lui « une manoeuvre » visant à normaliser les relations avec Israël.
De leur côté, le dirigeant du parti ouvrier communiste tunisien (POCT/non reconnu), Hammam Hammami, et le président de la ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH), Mokhtar Trifi, ont préconisé une coalition (partis, syndicats et ONG) pour faire face à ce « défi ». AP
http://www.edicom.ch/news/international/050301161711.tu.shtml