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Présidentielle J-51 : la campagne vue par Frédéric Lordon
par Coma81
Publie le samedi 3 mars 2012 par Coma81 - Open-PublishingTélérama - Février 2012
Par une déformation de lecture dont on ne sait plus ce qu’elle doit à une incompréhension feinte ou à la simple bêtise, les éditorialistes se sont plu à entendre une mention à la « gauche de la gauche » quand la tribune publiée il y a quatorze ans par Pierre Bourdieu en appelait, elle, à une « gauche de gauche » – formidable pouvoir des mots qui en deux signes à peine modifient du tout au tout le sens d’un propos. Il est vrai que les intérêts à ne pas comprendre étaient trop puissants pour que Bourdieu ait la moindre chance d’être entendu, qui n’avait aucune intention de disserter sur les mouvements (symptomatiquement) dits d’« extrême-gauche », et seulement celle d’appeler « la gauche » à être de gauche – si ça n’était pas trop demander.
Mais quelle « gauche » ? Bien sûr celle qui s’accroche au label comme à son dernier oripeau symbolique, héritière ayant depuis belle lurette dénoncé l’héritage, le parti socialiste au socialisme parti, mais maintenu dans ses titres de créance politique, comme un malade en phase terminale sous respirateur, par un univers médiatique confusément conscient d’avoir aussi à se sauver lui-même, et décidé à investir dans ce combat-là toute son autorité véridictionnelle – ceux des éditorialistes qui veulent continuer d’avoir l’air de gauche doivent donc réputer « de gauche » les politiques avec lesquels ils font peu ou prou cause commune. (...)
Ou dans Et pendant ce temps là