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Prison requise pour le sulfureux couple Tiberi

Publie le mardi 3 mars 2009 par Open-Publishing
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de BERNARD DELATTRE

L’ex-maire de Paris et son épouse, accusés de fraude électorale, dans la tempête.

Quatre semaines après le début de son procès, dans un climat très pesant, l’ex-maire de Paris (1995-2001) Jean Tiberi a vu lundi le parquet requérir contre lui un an de prison avec sursis, 10 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité. Contre son épouse Xavière, dix mois de prison avec sursis, une amende, une inéligibilité et une privation du droit de vote ont été réclamés.

Si, effectivement, ce procès se soldait par la condamnation des époux Tiberi, il signerait la chute historique d’un couple qui, depuis des décennies, fait la pluie et le beau temps de la politique parisienne. Un couple qui a toujours été accusé de personnifier l’affairisme et le clientélisme d’une certaine droite chiraquienne prête à tout pour éviter le basculement à gauche du fief historique de la droite qu’était Paris jusqu’en 2001. Un couple depuis des lustres abonné à la chronique judiciaire, mais qui, orfèvre en guérilla procédurale, est jusqu’à présent toujours parvenu à éviter les condamnations.

Cette fois, Jean Tiberi est accusé d’avoir, avec son épouse, mis sur pied un vaste système de fraude électorale ayant permis ses victoires aux municipales de 1995 (à la mairie du cinquième arrondissement, qu’il occupe depuis un quart de siècle) et aux législatives de 1997 (pour conserver son siège de député de Paris, qu’il détient depuis 1968).

"Une parfaite mauvaise foi"

Le système de fraude dénoncé par l’accusation était simple mais efficace. L’on inscrivait frauduleusement sur les listes électorales des centaines voire des milliers de gens qui n’habitaient pas la circonscription. Puis, ces faux électeurs votaient pour la droite, le plus souvent en échange de faveurs de la mairie (octroi de places en crèches, de logements sociaux, d’emplois, etc.). A l’époque déjà, le Conseil constitutionnel lui-même avait froncé les sourcils devant des "irrégularités graves et répétées" dans cette circonscription parisienne. La mauvaise réputation de Jean Tiberi en la matière est telle qu’aux dernières municipales, en 2008, sa réélection d’un cheveu (avec 225 voix d’avance seulement) dans son arrondissement avait fait jaser.

Durant le procès, la dizaine de subalternes de la mairie figurant sur le banc des prévenus ont soit directement dénoncé les époux Tiberi comme étant à l’origine des fraudes, soit leur en ont implicitement attribué la responsabilité. Mais le couple a nié en bloc avoir participé à ces manipulations et même en avoir eu vent.

Jean Tiberi - accueilli, le jour de l’ouverture de son procès, par des cris dans la foule le traitant de "corrompu" et de "pourri" - a mis les fraudes sur le compte d’agents municipaux ou de militants de droite trop zélés, qui "ont cru bien faire, mais ont fait des bêtises" . Son épouse a réduit le dossier à un ramassis de "cabales" , "fariboles" ou autres "billevesées" proférées par d’anciens affidés devenus selon elle aigris, ingrats ou manipulés.

Cette "posture de victimisation" a suscité le "dégoût" des parties civiles, qui y ont vu le comble "du mensonge et du cynisme". Le procureur a dénoncé la "parfaite mauvaise foi" du couple Tiberi. Leur procès s’achèvera cette semaine.

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