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de Céleste
Dans le pays d’Aung San Suu Kyi, quand les brumes matinales se dissipent, accrochant sur les montagnes boisées de blancs filets évanescents, les rayons du soleil qui dardent sur les pagodes dorées en exaltent la magnificence.
Mais, prisonnière dans sa maison, elle ne peut ni les contempler, ni regarder au loin scintiller l’océan.
Elle est belle.
Elle a 62 ans.
Assignée à résidence depuis des années, elle défie, calme et sereine, les militaires qui tiennent la Birmanie dans une main de fer maculée de sang et de larmes.
Alors qu’elle pourrait être libre et parcourir le monde elle a choisi de demeurer prisonnière dans son pays.
Par solidarité avec tous les dissidents politiques qui dépérissent dans les sinistres prisons birmanes.
Par amour du peuple qui, en 1990, accorde à la Ligue Nationale Pour la Démocratie, le parti qu’elle a créé, 80% de suffrages.
Suffrages inutiles car l’armée n’en tient pas compte et, refusant de céder le pouvoir, impose au pays un régime rendu encore plus cruel par la défaite et maintient Aung San Suu Kyi en liberté surveillée.
Le monde occidental s’en émeut et lui décerne le Prix Nobel, elle utilise la somme reçue, 1,7 millions d’euros, pour établir un système de santé et d’éducation.
Et refuse le billet de départ sans retour que lui propose la junte. Pourtant, à l’autre bout du monde, Michael Aris, son mari, le père de ses deux enfants qui vivent en occident à qui elle n’a pas le droit de parler au téléphone et qui ne peuvent lui rendre visite, se meurt d’un cancer.
Elle a choisi la lutte non violente et rien ne la détourne du chemin qu’elle s’est tracée.
Lorsqu’elle avait deux ans, en 1947, son père, le général Aung San, leader de la libération de la Birmanie du joug britannique et de l’occupation japonaise est assassiné.
L’année suivante, la Birmanie accède enfin à l’indépendance.
Le répit est de courte durée, en 1962 le général Ne Win s’empare du pouvoir, de tous les pouvoirs. Quelques années plus tard, suivant sa mère, nommée ambassadrice en Inde, Aung San Suu Kyi quitte la Birmanie.
Elle se marie, donne la vie à deux enfants.
Quand elle y retourne, en 1988, pour se rendre au chevet de sa mère malade, le régime militaire qui sévit multiplie les massacres et les emprisonnements des opposants.
Elle décide de rester, de lutter, de toutes ses forces.
Au cours des 17 dernières années elle a été emprisonnée pendant 12 ans.
Mais sa détermination est intacte.
La liberté du peuple birman nous concerne.
En 1995 Aung San Suu Kyi avait demandé aux sociétés internationales, dont Total, de ne plus investir en Birmanie car l’argent qu’elles généraient était utilisé par la junte pour opprimer encore plus sauvagement le peuple.
Mais les multinationales se moquent bien des larmes des pauvres, surtout quand un immense gisement de gaz peut lui assurer d’importants revenus.
Et Total a continué sa collaboration avec les sinistres généraux, fermant ses yeux pétroliers sur le travail forcé, sur les emprisonnements, sur les multiples entorses aux droits de l’homme et sur les populations déplacées à cause de la construction du gazoduc.
Des consciences mondiales ont tiré la sonnette d’alarme. Des plaintes contre la firme, pour travail forcé, ont été déposées et celle-ci a appelé un ex ministre français à la rescousse.
Monsieur Kouchner est arrivé, les mains dans les poches de sa veste, il a enquêté et a dit « C’est bon, pas de problème, tout se passe bien, Total a créé des emplois, et puis "le recours au travail forcé est une coutume ancienne”. » Ensuite il a écrit un rapport, joliment intitulé : “Relation d’un voyage et de la découverte d’une industrie muette”
Total, telle une blanche colombe, a déclaré que, depuis un certain nombre d’années, elle « rachète » sa présence dans des pays peu démocratiques par la mise en place de projets socio-économiques.
La firme a versé quelques subsides à des ONG œuvrant en Birmanie, les généraux se sont lissé les moustaches et l’affaire en est restée là,
Depuis, rien n’a changé.
Aujourd’hui, de sa maison dont elle ne peut sortir, Aung San Suu Kyi, nous lance un appel : « Usez de votre liberté pour promouvoir la nôtre »
Un comité de soutien, askforfreedom http://www.asskforfreedom.org/souti... a été créé, il recueille des signatures pour exiger la libération de celle qui se bat, depuis des années pour que la démocratie s’installe enfin dans son pays.
Leur slogan : « Je ne suis pas libre si tu ne l’es pas ».
Certes, notre démocratie n’est pas parfaite et nous devons sans cesse veiller sur elle, mais elle existe et elle nous offre une liberté que peut-être les birmans n’osent même plus rêver.
"Ne pas prendre la défense de la liberté des autres revient à renoncer volontairement à sa propre liberté "
Vaclav Havel
Messages
1. Prisonnière, 9 mars 2007, 16:17
Merci pour le lien..........c’est effectivement une militante tout à fait hors du commun dont le combat n’est pas assez relayé. Il serait temps d’y mettre le paquet comme nous avons sû le faire pour Mandela.
JP VEYTIZOUX
2. Prisonnière, 11 mars 2007, 11:07
Pendant ce temps, dans notre pays hypocrite, la pseudo-gauche, de bourgeois bobo et de nantis en jeans-basquettes, ergotte sur la blancheur du plumage de candidats, comme le sus-cité kouchner, capablent d’autant de mensonges que de mépris de ceux qui les ont portés de façon naîve au pouvoir dont ils abusent...
il n’y a qu’à suivre le nombre de commentaires sur les différents sites de discussions politiques dites de gauche pour voir combien des alertes comme l’article présent sont délaissés voir ignorés et se dire que les salauds ont de beaux jours devant eux car ils accaparent l’attention de leur public...
des militants dans de nombreux pays de misère sont enfermés depuis de très nombreuses années dans des conditions pires que celles que connaissent nos prisonniers politiques comme action directe en france...
notre pays se donne encore l’apparence d’une certaine liberté effectivement, mais sa population dort dans des débats stérils et vaniteux autour d’élus qui ne sont qu’à la mesure d’une médiocrisation générale due à l’uniformisation par les télévisions des cultures de masse... dans un relatif confort de chacun pour soi chancun chez soi... ailleurs est un spectacle infernal qui fait battre les coeurs de téléspectateur à défaut de leur faire bouger les jambes...
et nos médiocres élus se donnent ou profitent de la part belle qui leur est donnée pour rivalisé de bêtise afin de s’attirer le maximum de crédit auprès de plouc qui n’ont plus de conscience individuelle, sociale et politique
honte à vous français nantis de tous bords
Aung San Suu Kyi est belle intelligente courageuse imaginative lucide
elle reste avec les siens pour faire son devoir de construction culturelle et politique
ici, vos élus sont laids et veules
mais c’est encore en restant ici et en le disant que l’on peut encore faire quelque chose pour que cela ne dure pas
suivre l’exemple qui nous est montré par cette magnifique birmane.
3. Prisonnière, 11 mars 2007, 12:50
D’accord avec vous deux, bien sûr !
cet appel a été effectivement peu relayé. toute l’attention française étant cristallisée autour de la très médiocre campagne présidentielle.
la France n’en finit pas de se considérer comme le centre du monde, il suffit de regarder les journaux télévisés pour noter le peu d’espace laissé aux actualités internationales.
C’est très regrettable, l’équilibre du monde est essentiel à la survie de l’humanité.
Aung San Suu Kyi est un admirable exemple de résistance au pouvoir aveugle et nous devons soutenir sa cause, de toutes nos forces
Céleste
1. Prisonnière, 11 mars 2007, 13:14
Cette femme étant birmane, peut-être qu’une mobilisation européenne à partir de l’ancienne puissance coloniale serait d’un plus grand impact, c’est à dire le Royaume Uni. En France nous sommes plus informés des problêmes au Maghreb ou au Proche Orient et réagissons plus vite. Ce n’est pas pour autant que nous devons rester insensibles à ce combat et j’invite tout un chacun à signer l’appel en lien et aux administrateurs à maintenir ce témoignage en bonne place même s’il n’a pas un nombre de commentaires faramineux.....pour le moment !!!
JP VEYTIZOUX
4. Prisonnière, 15 avril 2007, 17:57
J’envoie le plus de pensées positives afin que cette dame en soit enveloppée. Quel courage ! J’espère qu’elle aura la possibilité très bientôt, comme Monsieur Mandala, de voir la lumière au bout du tunnel. Honte aux ONG et multinationales, ces lâches ! Est-ce que vous pourriez dire, partout dans le monde, quelles sont les multinationales qui permettent une telle lâcheté,ainsi que leurs sous-traitants, afin qu’on ne leur donne plus notre argent qui permet à la junte militaire, de priver tout un peuple de sa liberté.
Mireille Lemay