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Prolifération nucléaire

Publie le mercredi 20 août 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

Prolifération nucléaire : bal des hypocrites autour du marché indien

L’Inde, comme tous les pays qui n’ont pas ratifié le Traité de non-prolifération (TNP), était jusqu’à présent exclue de toute transaction concernant du matériel ou des matières nucléaires. Mais voilà : les dirigeants indiens veulent construire des centrales nucléaires et, pour de simples raisons mercantiles, certains pays comme les USA ou la France aimeraient bien accéder à ce marché.

Pour arriver à leurs fins, les USA ont signé avec l’Inde, en juillet 2007, un texte dit "Accord 123", et ont entrepris ensuite de faire valider cet accord par les instances internationales. Objectif théoriquement impossible à atteindre tant l’ "Accord 123" est injustifiable.

Par exemple, il prévoit que l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) n’inspectera en Inde. que les installations nucléaires qui ne servent pas à l’élaboration d’armes atomiques. C’est exactement comme si des gendarmes s’engageaient, auprès de voleurs, à ne pas patrouiller pendant les heures prévues pour réaliser des cambriolages.

Et pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, l’AIEA a donné sa validation, vendredi 1er août, à l’ "Accord 123", bafouant de fait ses propres missions. Nous estimons d’ailleurs que la Fondation Nobel devrait immédiatement retirer à l’AIEA et à son Directeur général Mohamed El Baradei le Prix Nobel de la Paix qui leur a été attribué en 2005 "pour leurs efforts visant à empêcher que l’énergie nucléaire ne soit utilisée à des fins militaires".

Selon toute vraisemblable, c’est maintenant le Groupe des fournisseurs nucléaires (ou Nuclear Suppliers Group, soit NSG), qui rassemble les 45 pays fournisseurs d’équipements nucléaires, qui s’apprête à valider jeudi 21 août l’ "Accord 123". Plus rien ne s’opposera alors à l’entrée en vigueur de cet accord, après validation par le Congrès des USA, certainement le 9 septembre.

Il est pourtant tout à fait édifiant de rappeler que c’est après le premier essai atomique réalisé. par l’Inde, en 1974, que le Groupe des fournisseurs nucléaires s’est créé afin d’isoler les Etats non signataires du Traité de non prolifération (TNP).

Le 21 août, théoriquement, la France pourrait s’opposer à la validation de l’ "Accord 123". Et ce d’autant que c’est sous prétexte de lutter contre la prolifération nucléaire que MM Sarkozy et Fillon dénoncent le programme nucléaire iranien. Il n’est pas acceptable de tenir un double langage et d’accorder aux uns ce qui est refusé aux autres.

Hélas, les dirigeants français s’apprêtent eux aussi à bafouer les règles de non-prolifération, non seulement parce qu’ils n’envisagent pas un seul instant de s’opposer aux exigences des USA, mais aussi parce qu’ils croient pouvoir en tirer quelque avantage : la société française Areva pourrait, elle aussi, vendre du nucléaire à l’Inde.

Mais il est évident que, après avoir intrigué depuis des mois pour que l’accord nucléaire avec l’Inde soit enfin validé, les USA ne vont laisser aucun autre pays, et encore moins la France, en tirer les bénéfices. Il apparaît donc que MM Sarkozy et Fillon vont réussir à nouveau l’ "exploit", comme ils l’ont fait avec la Chine, de se prosterner. sans rien en retirer à l’arrivée.

Pourtant, des milliers de citoyens montrent aux dirigeants français la voie à suivre : rejeter l’ "Accord 123" et sauver ce qu’il reste des règles de non-prolifération. Hélas, comme toujours lorsqu’il s’agit de nucléaire, ce ne sont pas les citoyens qui décident mais leurs "élites", que ce soit à Paris, à Washington, à Moscou, à Téhéran, etc.

Après l’affaire du Tricastin, qui a rappelé de façon fracassante que le nucléaire n’était ni propre ni sûr, le bal des hypocrites autour du marché indien montre que le nucléaire ne nuit pas seulement à l’environnement et aux être vivants mais aussi à la démocratie.

Stéphane Lhomme
Porte-parole du Réseau "Sortir du nucléaire"

Messages

  • Le delire des pro-nucleaires indiens est bien illustré par le nom "Smiling Bouddha", donne par Indira Gandhi a la premiere explosion nucleaire, dans le desert du Rajasthan, le 18 mai 1974.

    http://nuclearweaponarchive.org/India/IndiaSmiling.html

    Il faudrait relire le discours surrealiste de limperatrice des Indes a cette occasion, diffuse sur les ondes de Doordarshan; elle parlait de "Peaceful Nuclear Explosive"... Des savants indiens, genre docteur Folamour, en dhoti blanc, lentouraient ; ces derniers expliquaient que grace a la bombe atomique, on allait pouvoir creuser des lacs artificiels et remedier au besoin deau de la population ! Aujourdhui, le nucleaire qui ne fournit que 0,3 pour cent de lelectricite nationale, sert de pretexte a un rapprochement strategique et militaire avec les Etats-Unis et... Israel. En fait, pour certains observateurs, la reconnaissance internationale de lUnion indienne, qui na pas signe le traite de non proliferation, comme puissance nucleaire legitime est - outre quelle signifie la caducite du traite - le premier pas du pays vers un siege au conseil de securite de lOnu. Avec lUnion indienne a leur cote, les Etats-Unis pourraient faire face a la Russie et a la Chine, sur nombre de questions sensibles.

    Dautre part, la reconnaissance dune seule puissance nucleaire, sous le sous-continent, permettrait de marginaliser voire de criminaliser le nucleaire pakistanais considere comme une bombe "islamique"...

    Peu de commentateurs soulignent :

    Lors des cinq derniers essais nucleaires indiens, en mai 1998, qui ont soit-disant surpris les Americains, deux des essais appartenaient a Israel.

    Dans les six essais nucleaires pakistanais qui ont suivi, pres de la frontiere iranienne, dans le Balouchistan, trois etaient iraniens...

    Source de ces informations "sensibles" : Dominique LORENTZ, "Affaires atomiques".

    Himalove

    PS : Dun point de vue militaire, lInde est engagee, discretement, depuis 2001, dans l`operation "Enduring Freedom"...