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Quand Arcelor-Mittal invite les élus

Publie le mercredi 29 novembre 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

La direction d’Arcelor Mittal a invité, lundi dernier, les élus à se rendre compte sur place, dans son usine de Montataire (Oise) de l’avancée de son plan social. Pardon social ? vous avez dit social ? Les patrons ont la très grande élégance de ne pas employer les mots qui fâchent. Fins philologues, ils ont décidé de transformer la langue française et à ce titre on devrait leur réserver un siège spécial Medef chez les Immortels. Car chez ces gens là on dit "un plan social", Monsieur, on ne dit surtout pas un plan de licenciements, ce serait vraiment inconvenant, Monsieur, pire cela serait fort grossier, n’est-ce pas ? Le pire c’est que la presse, les médias, voire même certains élus emploient également le terme de plan social lorsqu’une usine qui comptait 1278 salariés en licencie plus de 400 avec la fermeture d’unités de production. Certes les capitalistes concèdent de l’argent comme la loi les y oblige pour trouver des solutions à des reclassements, à des créations d’emploi. Mais le mal est fait, des hommes dont le savoir faire dur comme fer était l’acier de grande qualité, se retrouvent contraints à des emplois qui n’ont plus rien d’industriels ou qui ne correspondent en rien à leur savoir et savoir-faire, ni même à leur propre histoire. D’autres, une douzaine à l’usine de Montataire n’ont toujours pas eu de solutions de reclassement. Car les hommes ne sont pas des machines, ils ont un coeur, ils ont une âme tissée par les relations du travail, par leurs compétences, par leur expérience associative, syndicale, politique, citoyenne. Pour les bien-pensants de ce système, les hommes n’existent qu’à travers leur capacité à rapporter de l’argent et le reste n’est que littérature.Quel gâchis ! Quel mépris pour la classe ouvrière ! A tel point qu’une Directrice des ressources humaines, férue de culture d’entreprise en vient à expliquer avec des arguments pseudo-scientifiques que les hommes concernés par "un plan social" vivraient plusieurs étapes : le déni, la colère, la résistance avant de rentrer dans le rang et d’accepter leur situation". Ce qui en terme de technocrate avisé se nomme la "courbe de deuil". Cette démonstration kafkaïenne, voire ubuesque, en tout cas déplacée, a eu le don de mettre en colère nos élus et il y a de quoi. Au point qu’ Alain Blanchard, vice-président du Conseil Général (PCF) a quitté les lieux et que le Maire de Montataire (PCF), comme le Président de Région (PS) ont vivement protesté contre cette présentation froide et caricaturale d’une réalité humaine : celle d’hommes et de femmes devant se plier aux décisions capitalistes et à qui l’on n’a pas demandé ce qu’ils en pensaient ni ce qu’ils proposaient pour faire autrement. Que les bien-pensants du patronat prennent bien garde avec leurs théories fumeuses et leurs décisions qui saignent notre industrie, nos coeurs et nos âmes. Il y a près de 160 ans un philosophe et économiste allemand avait annoncé que le capitalisme par son développement préparait ses propres fossoyeurs... Nous ne sommes qu’au commencement de cette lutte mondialisée de l’intelligence pacifique du travail contre la tyrannie mortifère du capital !

Jean-Paul Legrand

jplegrand@creil-avenir.com

http://creil-avenir.com

Messages

  • On peut dire sans trop se tromper, que le verre est à moitié vide, c’est pareil mathématiquement que de dire que le verre est à moitié plein.

    Je veux dire par là, qu’il y a un revers à toute chose. Puisque les patrons s’amusent avec les salariés, à nous de jouer aussi en les sortant des entreprises. On n’a pas besoin d’eux, les salariés savent faire tourner à eux seuls ces entreprises. Les coopératives, l’autogestion c’est bien ce qui pend au nez de ces patrons qui ne font pas dans la dentelle et encore moins avec le coeur et l’intelligence. Ils n’ont pas encore compris qu’il y a une aspiration générale à travailler autrement, et la moutarde commence à monter au nez de pas mal de salariés.

  • avez vous uen autre solution à proposer ;pour eviter ces licenciements ?