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Quand la gauche gouvernait au centre
Publie le vendredi 20 avril 2007 par Open-Publishing1 commentaire

de Olivier Mayer
De 1988 à 1991, Michel Rocard était premier ministre de gouvernements qui comptèrent neuf puis dix ministres de droite. Bilan.
Michel Rocard est un expert en matière d’alliance entre le PS et des forces de droite. Il fut le premier ministre de François Mitterrand de mai 1988 à mai 1991. C’est en regardant vers la droite que la gauche a alors gouverné. « Michel Rocard est cohérent », pouvait donc affirmer hier Claude Allègre dans un entretien au journal le Parisien. L’ancien ministre de l’Éducation de Lionel Jospin rappelle que lorsque Michel Rocard « avait été nommé premier ministre, il avait proposé à François Mitterrand un "contrat de majorité" avec les centristes ». Le président n’avait pas suivi son premier ministre, préférant le « débauchage individuel » de personnalités de droite. Les gouvernements Rocard comptèrent ainsi 9 puis 10 membres issus de la droite, dont des UDF tels que Jean-Pierre Soisson (qui peu après fit alliance avec le Front national pour diriger la région Bourgogne), Jean-Marie Rausch, Michel Durafour, Jacques Pelletier et Lionel Stoléru, puis Bruno Durieux qui avait été conseiller de Raymond Barre et sera ensuite conseiller de Jacques Chirac.
« Je suis un briseur de rêves », avait annoncé Michel Rocard dès 1985. De fait, en 1988, avec la victoire de la gauche à la présidentielle puis aux législatives et après deux années de cohabitation, les salariés exprimaient de fortes attentes vis-à-vis du gouvernement Rocard. Attentes déçues, les années du gouvernement de Michel Rocard furent une période d’intransigeance face aux luttes sociales. Le grand conflit des infirmières, ceux des services publics, RATP, PTT, les conflits des fonctionnaires du ministère des finances, ou les luttes lycéennes contre le plan Jospin ont marqué ces années. Hors la création du RMI, le gouvernement Rocard a engagé tous azimuts, des réformes marquées par la volonté de faire reculer l’ensemble des acquis sociaux. Ce sont finalement les recettes de la droite qui ont été mises en oeuvre par ce gouvernement. On peut citer la création de la contribution sociale généralisée, la CSG, une fiscalisation de la sécurité sociale payée à 90 % par les revenus du travail. On peut citer encore les réformes de statuts d’entreprises comme Renault ou les PTT qui permettront l’ouverture du capital et les privatisations. La période fut celle de vagues de licenciements dans l’industrie, du blocage des salaires, de l’explosion des inégalités. Au lendemain de la démission de Michel Rocard et de son remplacement par Édith Cresson en 199, François Périgot, le patron des patrons de l’époque pouvait déclarer avoir « influencé le gouvernement dans la bonne direction ».
La période du gouvernement Rocard fut également marquée par les premières explosions dans les banlieues, les territoires de pauvreté et de discrimination comme à Vaulx-en-Velin, à Argenteuil, à Sartrouville, dans les quartiers Nord de Marseille et à La Réunion où des émeutes ont fait dix morts. C’est aussi sous le ministère de Michel Rocard que fut votée une loi d’amnistie qui blanchissait les détournements financiers d’hommes politiques de droite et du PS. C’est enfin le moment de l’engagement de la France sous la bannière américaine lors de la première guerre d’Irak. Un bilan incontestablement de droite dont Michel Rocard cherchait à se justifier par deux formules exécrables : « Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde » et « ce n’est pas en appauvrissant les riches qu’on enrichira les pauvres ».
Messages
1. Quand la gauche gouvernait au centre, 21 avril 2007, 08:45
Il est bon de rappeler que les Communistes n’ont pas participé à ce gouvernenment et que leurs députés étaient seuls pour s’opposer aux décisions de cet adepte du 49-3 pour les coups législatifs les plus rudes pour notre Peuple : mais où était donc la gauche du PS ?
JdesP