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Quand les "non" au traité européen s’invitent dans les manifestations...

Publie le lundi 7 février 2005 par Open-Publishing
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de Rémi Barroux et Caroline Monnot

Ici, ce sont des "non" collés sur les poitrines. Là, des affiches avec ces mêmes trois lettres qu’on repère de temps à autre sur les camionnettes-sono. Dans le cortège parisien, un nombre non négligeable de manifestants profitent de l’occasion pour arborer leur opposition au projet de traité constitutionnel. Et dans les rangs de la CGT, ces proclamations sonnent comme un défi.

Sur le parcours, se sont rangés en autant de points fixes les principaux courants de gauche et d’extrême gauche favorables au "non". Pour le PS, seul Nouveau Monde, le courant d’Henri Emmanuelli et de Jean-Luc Mélenchon, a mobilisé des troupes à Paris. François Hollande est à Rennes. "Bernard Thibault, pour lequel j’ai un grand respect, conduit une mutation syndicale dans sa formation qui me paraît utile pour la CGT", a déclaré le premier secrétaire du PS. Laurent Fabius est à Carcassonne. Et refuse de commenter la prise de position de la centrale.

M. Mélenchon, entouré de dizaines de militants boulevard Voltaire, affiche la couleur : il se tient sous de larges panneaux bordeaux sur lesquels on peut lire "Pour moi, c’est non". Et le petit groupe qui l’entoure fait une ola d’honneur à l’arrivée des rangs cégétistes. Les autocollants lie de vin, qui déclinent la formule, sont distribués à tour de bras. Le matin même, dans un entretien à France Soir, le sénateur socialiste de l’Essonne avait qualifié le "non" de la CGT de "renfort considérable".

Quelques mètres plus loin, sur un bord de trottoir, les communistes distribuent des tracts. "Votons non !", disent leurs autocollants. Marie-George Buffet s’agace qu’on croit le PCF à la manœuvre derrière la CGT. "Je rigole quand j’entends cela. Comme si aujourd’hui on avait les moyens d’imposer quoi que ce soit à qui que ce soit !", s’énerve la secrétaire nationale.

"ON NE VEUT PAS LA PEAU DE THIBAULT"

"Henri, faudra qu’on se voit, qu’on discute" : en marge du cortège, Michel Muller, le puissant patron de la Filpac (le Livre CGT), qui a soutenu Bernard Thibault lors du comité confédéral national du 3 février, improvise un tête-à-tête avec Henri Emmanuelli. Le député (PS) des Landes assure que ses troupes à la CGT ne se sont pas conduites en fraction. Le gros des rangs cégétistes est arrivé à la hauteur d’Olivier Besancenot et de la LCR. Nouvelle pluie de tracts "Faire barrage à la Constitution antisociale".

Dans les rangs de la CGT justement, beaucoup, gênés ou prudents, préfèrent ne pas répondre aux questions. Vincent, lui, n’hésite pas. Militant à la RATP, il déclare : "Bernard a raison en essayant de garder une certaine indépendance vis-à-vis des partis politiques. Une minorité ne peut pas décider pour l’ensemble des militants." Vincent, favorable au "non", reconnaît que peu de personnes ont vraiment abordé la question du traité. "Les militants de base ont du mal à venir aux débats, alors c’est un petit nombre de militants qui décident", explique-t-il.

Plus loin dans le cortège, Franck et Michel défilent avec les cheminots de Paris-Nord. Pour eux, "la CGT a décidé, ce n’est pas grave". "On ne veut pas la peau de Bernard Thibault", tempère Franck. Et Michel ajoute que le syndicat "doit s’engager activement pour le "non", mais expliquer surtout pourquoi le texte du traité n’est pas bon". Serge marche, sa pancarte "Bezons" sur l’épaule. Militant cégétiste du Val-d’Oise, retraité de la fonction publique, il arbore sur son blouson un autocollant du PCF. Pour Serge, "la CGT a choisi à 82 %". Et quand on lui demande si M. Thibault doit quitter la direction de la CGT, il sourit.

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