Accueil > Quel rôle pour le SNESup ?
Bonjour,
Ces temps-ci on a pu lire sur ce site des appels de la part du SNESup. Suite à cela, je souhaiterais mettre en ligne un e-mail envoyé sur la liste "officieuse" d’échanges enseignants / personnels / étudiants de l’université Paris 1. L’analyse faite du SNESup me paraît pertinente, bien que je sois moi-même syndiquée au sein de cette organisation. Loin de moi l’idée de diviser en ces temps de début de mobilisation, l’enjeu est plutôt d’amener de bonnes réflexions sur de réels problèmes. Je n’adhère pas à tout ce qui est dit, mais globalement, le problème soulevé mérite d’être lu. Je précise que Mr Hénin cité à plusieurs reprises est le président de Paris depuis deux ans et demi à présent. Bonne lecture.
________________________________________________________
Mr Hénin sera-t-il en grève demain ?
C’est une question que nous sommes en droit de nous poser, bien que devinant la réponse. D’après ce que j’ai en tête, M. Hénin a été élu il y a deux ans (si si) avec le soutien de la majorité du CA. Cette majorité est tout à fait identifiable : grâce à la très large majorité dont il dispose dans les conseils, le SNESup a montré à plusieurs reprises qu’il était seul maître à bord. Principal interlocuteur du ministère, le SNESup, tant pas position que par tradition, est aujourd’hui le principal exécutif dans l’enseignement supérieur. Ses positions sont affichées comme de gauche, prônant l’égalité des chances et la défense du service public d’enseignement. Mais revenons à M. Hénin, notre cher président. Assis sur son fauteuil grâce au soutien du SNESup il y a deux ans, on peut donc penser qu’il a reçu de la part de ce syndicat une certaine confiance, que l’organisation défendant le service public lui a accordé son crédit pour mener ce combat. Ma pensée est simple vous l’aurez compris ; M. Hénin sera-t-il en grève demain - à l’appel par ailleurs du SNESup - pour défendre le service public d’éducation ? J’en doute.
J’en doute pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’après quelques mois passés au CEVU en tant qu’élu étudiant, j’ai pu amèrement constaté l’intérêt que porte M. Hénin à ses étudiant-e-s. Envoie des CRS en novembre sur les grévistes de Tolbiac et de la Sorbonne, condamnation de la mobilisation étudiante nationale en décembre, silence sur les 900 suppressions de postes annoncées par la ministre, application du plan Licence aujourd’hui... m’est avis que M. Hénin a davantage en tête la "respectabilité et l’attractivité internationale de son université" (mots qu’il ne cesse de répéter) plutôt que la réussite de ses étudiant-e-s, leurs conditions de travail. Un doute ? J’invite le lecteur à venir au centre Tolbiac se promener sur le campus entre deux panneaux "attention chutes de fenêtres". Appliquant à la lettre et non sans zèle les réformes du gouvernement, M. Hénin a donc montré à de nombreuses reprises son attachement à la liberté syndicale qu’il brandit ces temps-ci (conseils de discipline, fermeture de Tolbiac lors des grèves, diffamation, mépris pour les intervenant-e-s dans les conseils, etc, etc).
900 suppressions de postes dans l’enseignement supérieur, 90 000 en trois ans dans le secondaire et le primaire, précarisation des étudiant-e-s par la privatisation annoncée des CROUS ou encore la mise en place des "emplois pécresse", casse des IUFM et libéralisation de l’éducation, baisse sensible du pouvoir d’achat des personnels de l’enseignement... les motifs de mobilisation ne manquent pas. Mais où sont-ils ceux qui méprisent les étudiant-e-s "gauchistes, antisémites, armés de cagoules de barres de fer" selon eux ? Où seront-ils demain jour de mobilisation tous ces gens composant le syndicat majoritaire donneur de leçon ? Où sont-ils quand complètement dépassés par leur travail et les sous-effectifs les personnels enchaînent les heures supplémentaires et ferment les secrétariats pour pouvoir souffler ? Où sont-ils tous ces "mieux que nous" mais moins que rien qui crachent sur les étudiant-e-s grévistes et qui allaient jusqu’à faire preuve de violence sur les piquets de grève telle Mme la responsable du SNESup Paris 1 ? Laquelle des deux démarches a-t-elle eu le plus de sens ; tenter un mouvement étudiant aussi confus soit-il, ou bien siéger dans son bureau à railler ceux qui bougent pour tenter de préserver ce qui leur reste d’avenir ?
À l’heure où les attaques se multiplient encore, où le gouvernement assume de plus en plus son idéologie malsaine, et où un front le plus ferme et efficace possible est nécessaire, je regrette profondément que tant d’enseignant-e-s, de personnels, et de chercheurs accordent encore leur confiance à ce qui est aujourd’hui ni plus ni moins qu’une corporation au sens sale du terme, qui valide non pas par ses positions (si attirantes) mais par ses faits soutient une politique de libéralisation de l’université et de précarisation sèche chez les personnels comme chez les étudiant-e-s. Bertrand annonce à nouveau une forte baisse des salaires dans la fonction publique. On continue comme ça ou on passe à l’offensive tous ensemble, étudiant-e-s comme personnels ? Un syndicat c’est un outil de défense, pas un exécutif au service du gouvernement. D’autres syndicats existent sur Paris 1. Des AG commencent à se tenir sur certains centres ; J’invite donc les personnels à se rapprocher de syndicats plus combatifs, et à venir assister aux discussions dans les Assemblées Générales étudiantes. Ce rapprochement entre étudiant-e-s et personnels nous a fait cruellement défaut, j’invite donc les enseignant-e-s et IATOSS à ne pas reproduire des schémas regrettables qui ont permis à Pécresse de faire passer sa contre-réforme l’année dernière !
Julien
Militant étudiant