Accueil > Quelque part à Bagdad

de Al Faraby
La scène se passe "quelque part à Bagdad". Avec son chariot élévateur, un manutentionnaire
déplace d’énormes palettes dans un entrepôt. Chacune contient 150 urnes. Il y
a des inscriptions en anglais et en arabe. L’entrepôt paraît immense."En tout
dans le pays, 3 300 tonnes de matériel électoral, dont 60 millions de bulletins
de vote, ont été mises en lieu sûr",explique un présentateur. C’était mercredi
19 janvier sur i-télévision, la chaîne d’informations continues de Canal+
Les élections sont prévues le 30 janvier en Irak, et les urnes sont apparemment
traitées de la même manière que des armes ou des munitions. Pas question en particulier
de révéler à quel endroit elles se trouvent. Le matériel électoral est devenu
une cible, et ceux qui s’en occupent sont en danger de mort au même titre que
les candidats au recrutement dans la police ou dans les forces armées.
Sur i-télévision encore, on pouvait suivre le déroulement de cette journée de mercredi. A 7 heures du matin, un camion piégé explose près de l’ambassade d’Australie. Dans l’heure et demie qui suit se produisent trois autres attentats à la voiture piégée. A midi, un cinquième a lieu près d’une banque. Ils ont fait au total au moins 20 morts et 54 blessés.
C’est une journée presque ordinaire, à Bagdad, en cette période précédant les élections, un peu plus sanglante que d’habitude peut-être. Il y a aussi cette vidéo transmise à l’agence Associated Press montrant l’explosion d’une bombe sur le passage d’un convoi militaire américain.
Bref, la routine.
Les Irakiens ayant accès aux chaînes d’information arabes telles qu’Al-Jazira ou Al-Arabiya pouvaient en outre contempler en boucle mercredi les photos prises en mai dernier par des militaires britanniques près de Bassora, dans le sud du pays. Elles montrent plusieurs d’entre eux en train d’infliger des sévices ou des humiliations de caractère sexuel à des prisonniers irakiens.
La campagne électorale bat son plein en Irak.