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Rassemblement antilibéral : Une issue politique est possible…
Publie le samedi 16 décembre 2006 par Open-PublishingCe vendredi 15 décembre, nous militants unitaires et antilibéraux, nous avons besoin d’analyses politiques pour sortir du piège tendu par la logique présidentialiste. Les Collectifs locaux, pas plus que le Collectif national ne peuvent donner par consensus le nom d’un candidat, il faudrait pour cela qu’il soit la « personne providentielle », ce que justement nous avons récusé.
Les questions posées aux Collectifs locaux par le Collectif national sont apparemment constructives, elles ouvrent sur d’autres noms et d’autres possibilités, mais restent figées sur le choix d’un nom comme si notre campagne antilibérale ne pouvait se construire que sur la base d’un nom et d’une personne. La diversité des sensibilités antilibérales qui se sont construites au fil des décennies se sont définies par un rapport plus ou moins conflictuel avec la politique du PCF, force qu’il est difficile d’exclure quand on souhaite mener une lutte antilibérale conséquente. Alors, il est naturel que cette diversité se manifeste dans les choix : cela ne doit pas être un facteur de division mais une force, à condition de lui permettre de s’exprimer et de se « visualiser ».
Les débats dans les Collectifs montrent que ce souhait de maintenir la diversité est fort, la réduction à un nom qui, aujourd’hui avant toute campagne significative, devrait exprimer cette diversité est impossible : aucune des personnes citées ne représente positivement cette diversité, et nous sommes amenés dans la discussion à faire des projections sur l’avenir qui ne peuvent être que des prolongements de ce que nous connaissons aujourd’hui, avant la campagne. Ainsi ceux qui ont une notoriété pour diverses raisons sont placés au même plan que ceux qui ont des responsabilités politiques majeures…
L’urgence de l’action pour tous ceux qui souffrent est manifeste, il est inutile de détailler tous les secteurs de notre vie qui sont atteints par les décisions de la droite et des gouvernements sociaux-libéraux du passé. Sur la longue période, depuis 1945, le programme du Conseil de la Résistance, qui s’est révélé être révolutionnaire dans les faits, a été contrebattu systématiquement chaque fois que cela a été possible par la droite et les sociaux-libéraux malheureusement ne l’ont pas vraiment défendu. Malgré ce traitement, il en reste des éléments forts qui sont aujourd’hui la cible privilégiée des attaques de la droite (sécurité sociale, retraites par répartition, services publics par péréquation). Certains éléments n’ont pas été mis en place alors qu’ils étaient prévus : la sécurité de l’emploi par exemple (« Chacun a le droit à un emploi, chacun a le devoir de travailler. » Préambule de la Constitution de 1945, inclus dans celle de la Ve république de 1958). Le Rassemblement unitaire et antilibéral a pour projet de renouer les fils de celui-ci et d’adapter à notre temps des principes qui ont fait leurs preuves dans la construction de notre pays et de son originalité : il tient depuis plus de 60 ans ! Et si aujourd’hui il ne marche pas aussi bien, ce n’est pas parce que comme le dit la droite « il est épuisé et ringard » mais bien parce qu’on a remis en cause progressivement les piliers solides sur lesquels il doit s’appuyer pour être efficace et répondre aux besoins de notre peuple : ne confondons pas la cause avec les effets.
Que sont nos forces antilibérales ? La volonté très largement partagée dans notre peuple que cela ne peut plus durer de cette façon, avec près de 50 % des français qui craignent de basculer du côté des SDF : la paupérisation de larges couches sociales, bien au-delà des ouvriers est une réalité. C’est notre base électorale, elle est majoritaire. Mais les forces de droite et socio-libérales occupent le terrain pour continuer leur politique de casse de la justice sociale, de l’égalité réelle, de nos solidarités. Les organisations et les militants qui se sont engagés dans le processus de Rassemblement unitaire et antilibéral ne sont actuellement qu’une petite partie de cette base électorale :
– Premier cercle = militants et organisations unitaires des Collectifs au 10/12 (environ 18.000 personnes)
– Second cercle = tous les militants des organisations engagées dans le Rassemblement (environ 100 à 150.000 personnes)
– Troisième cercle = ceux qui se reconnaissent de gauche (35 % de l’électorat)
– Quatrième cercle = toute la population (50 % des électeurs pour gagner !)
Mais ces cercles à gagner ne constituent pas un ordre obligé des étapes : de fait nous découvrons, par la difficulté rencontrée depuis plusieurs mois à mobiliser le 2e cercle, que nous devons nous adresser dès maintenant au 3e et au 4e cercle. Le second ne bougera pas de manière significative pour des raisons qui tiennent à l’histoire et qu’on ne peut reprocher aux uns et aux autres : c’est sur pièces en quelque sorte que ce 2e cercle entrera en campagne.
Si on en reste au débat entre les militants du 1er cercle pour décider dès maintenant du candidat, sans avoir l’avis des autres cercles, en fonction de suppositions diverses mais hors de la dynamique du processus, alors il est impossible de créer ce double-consensus que nous nous sommes fixé. En effet la volonté de désigner le candidat a contrecarré une large mobilisation des militants. Peut-être avons-nous cru que cette désignation allait convaincre les militants du 2e cercle, réticents à rejoindre le Rassemblement, de fait au contraire, cela n’a fait que renforcer leurs hésitations et leurs préventions. Nous avons commis collectivement une erreur en voulant passer immédiatement à la désignation du candidat et donc d’une certaine façon nous avons cédé à la logique présidentialiste.
Il nous faut donc faire deux choses en même temps :
a/ Dès maintenant élargir par un appel massif, non pas seulement aux militants du 2e cercle, mais au-delà à tous ceux qui se réclament de la gauche, qui sont impatients et qui « attendent » l’union ou un nom : cela passe par une multitude d’actions pour lier luttes concrètes immédiates et discussions sur le programme. Les thèmes ne manquent pas et tous les contacts déjà établis montrent la grande attente populaire à ce propos ;
b/ Lancer la campagne avec un « collectif de candidats » et avec un dispositif de campagne à mettre en œuvre.
Comment faire pour dépasser ce qui nous est proposé actuellement : choisir un nom, donc une personne ?
Ma proposition c’est de revenir à ce qui est écrit dans Ambition-Stratégie-Candidatures :
« Notre campagne devra échapper à la dérive présidentialiste encouragée par les institutions, d’où l’importance du groupe de porte-parole que nous mettrons en place sur la base de l’accord unitaire conclu, de sa conception, de son rôle et de son travail collectif. Nous lions présidentielle et législatives en une même campagne et démultiplions ainsi les porte-parole. »
et qui est rappelé de temps en temps, mais qui a été « oublié » dans la dernière proposition de travail du Collectif national en direction des Collectifs locaux.
Il faut donc considérer que, dans la logique du processus de Rassemblement, chaque organisation signataire du Rassemblement doit désigner son candidat (certaines l’ont déjà fait, que toutes le fassent). Il est de la responsabilité de chacune de présenter son meilleur choix, son meilleur porte-parole, son meilleur animateur de campagne politique collective. Le double-consensus ne sera pas difficile à obtenir : pour quelles raisons nous récuserions l’un des candidats soutenus par une ou des organisations signataires de l’Appel au Rassemblement ?
Notre diversité et les engagements pris nous obligent à considérer chacune des organisations avec ses responsabilités, sachant que nous avons accepté au moins implicitement que chacun des « porte-parole candidats » compterait pour un. Ces candidats forment le « groupe de porte-parole » qui peut se transformer en « collectif de candidats », comme cela a été proposé par certains. (Il est possible qu’une organisation ou un courant ne présente pas de candidat ou que plusieurs présentent le même). Cette procédure pourrait sans difficulté être utilisée pour les législatives.
Ainsi nous pourrons afficher (au figuré et au propre) notre diversité, rompre avec la logique présidentialiste et mettre en place une émulation, et non une concurrence, entre les « porte-parole candidats ». Nous pourrions voir comment les 3e et 4e cercles jugent les personnes et quels reports sont envisageables : alors, soit nous déciderions quel candidat est le plus rassembleur, soit chaque candidat se présenterait au premier tour qui fonctionnerait alors comme une primaire. Mais il faudrait mieux éviter cette situation, si nous souhaitons que le Rassemblement soit en tête de la gauche au premier tour. Nous garderions ainsi ouvertes toutes les possibilités, plutôt que d’en fermer un nombre certain dès aujourd’hui : un processus innovant comme le nôtre ne peut se décrire à l’avance dans tous ses détails, nous avons à analyser au jour le jour son évolution et à conforter sa logique de rassemblement unitaire et antilibérale. C’est notre seule obligation en tant que militants : tout ce que nous gagnerons dans les luttes, toutes les clarifications qui se feront dans la détermination des objectifs et des moyens seront des points d’appui pour les luttes futures, qui ne manqueront pas !
En conclusion, quand une difficulté est trop grande, il faut procéder par petites étapes. Donc, trouvons celles qui sont dans la logique du processus de rassemblement et de consensus, ne revenons pas en arrière : mettons en place le « collectif des porte-parole candidats » et démarrons la campagne avec les luttes urgentes (l’augmentation du pouvoir d’achat ne doit pas attendre milieu ou fin 2007 !, l’emploi est cassé tous les jours !, 24.000 étrangers ont été expulsés cette année dans des conditions intolérables !, et j’en passe…), faisons-le maintenant pour repartir du bon pied.