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Rassemblement contre le roi du Népal, un manifestant tué

Publie le samedi 8 avril 2006 par Open-Publishing
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L’armée népalaise a tué un homme en ouvrant le feu sur des manifestants qui protestaient contre le roi Gyanendra dans une ville située à l’ouest de Katmandou.

Des milliers d’activistes sont descendus dans les rues de Pokhara, à 200 km environ à l’ouest de la capitale, pour affronter des soldats qui ont riposté en lançant des dizaines de grenades lacrymogènes, ont rapporté des témoins.
Yogesh Bhattarai, l’un des dirigeants du Parti communiste du Népal (UML), a déclaré qu’un manifestant avait été abattu. "Il a été atteint à la tête et a été tué sur le coup", a-t-il dit.

Dans un communiqué, l’armée dit que l’homme a été abattu par des soldats qui ont ouvert le feu en légitime défense alors que des manifestants attaquaient un centre téléphonique de Pokhara.
Il s’agit du deuxième manifestant tué en deux mois dans le royaume himalayen, où l’armée ouvre rarement le feu sur des protestataires bien que des manifestations contre le roi se succèdent depuis qu’il s’est arrogé les pleins pouvoirs l’an dernier.

En divers autres points du pays, des mesures de sécurité très strictes ont empêché de grandes manifestations samedi.
Les violences de Pokhara coïncidaient avec le 16e anniversaire de l’instauration du pluralisme au Népal, où les sept principaux partis politiques ont lancé jeudi une grève générale de quatre jours.
Les partis avaient prévu samedi une démonstration de force dans la capitale pour demander au souverain de renoncer au pouvoir. Mais ils ont été tenus en échec par un couvre-feu et des dispositifs de sécurité draconiens, avec déploiement de blindés transport de troupes et de mitrailleuses.

NOUVEAU COUVRE-FEU ANNONCE
Plusieurs dizaines de jeunes activistes ont toutefois brièvement enfreint le couvre-feu à la périphérie de la capitale et affronté la police anti-émeute.
"Gyanendra, quitte le pays", "Mort à Gyanendra", "Vive la République démocratique", criaient les jeunes manifestants avant de lancer des pierres sur les policiers. Ceux-ci ont chargé en faisant usage de matraques et de grenades lacrymogènes.

Les partis politiques ont promis de nouvelles manifestations pour dimanche. Le gouvernement a aussitôt réagi en annonçant un autre couvre-feu de onze heures à partir de 07h00 (01h15 GMT) dimanche, a rapporté la radio nationale.
Les principaux partis ont formé une alliance plus ou moins viable avec les rebelles maoïstes pour évincer le monarque, et les insurgés ont annoncé un cessez-le-feu sans limitation de durée dans la région de Katmandou pour faciliter les manifestations.

Le roi dit avoir été contraint de s’arroger tous les pouvoirs parce que les partis ne parvenaient pas à écraser un soulèvement maoïste qui a fait plus de 13.000 morts depuis 1996.

Soldats et policiers quadrillaient les rues désertes de Katmandou, dont les habitants avaient pour instruction de rester chez eux samedi pendant le couvre-feu de onze heures décrété à partir de 10h00 (04h15 GMT).

Des activistes sont parvenus à organiser de grandes manifestations à Biratnagar, dans l’Est, et à Narayangath, dans le Sud, quelque 10.000 personnes s’étant rassemblées dans ces deux villes d’après des témoins.
Si le rassemblement de Biratnagar est resté pacifique, des bâtiments officiels ont été endommagés à Narayangath, où des manifestants ont lancé des pierres sur des policiers et fait des dizaines de blessés, ont dit les témoins. Trois personnes ont été blessées lorsque la police a ouvert le feu sur des manifestants à Narayangath, ont-il ajouté.

Le 8 avril 1990 avait marqué un tournant dans l’histoire du royaume. Le pluralisme politique avait été instauré ce jour-là après plusieurs journées de violentes manifestations contre le roi d’alors, Birendra, frère aîné de Gyanendra. Des dizaines d’opposants avaient péri dans ces manifestations.
Selon des habitants, les services de téléphonie portable et d’internet ont été perturbés à Katmandou, bien qu’aucune coupure n’ait été officiellement signalée.

http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=18049&1937
 http://20six.fr/basta

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  • Index AI : ASA 31/003/2006

    DÉCLARATION CONJOINTE D’AMNESTY INTERNATIONAL, DE LA COMMISSION INTERNATIONALE DE JURISTES ET DE HUMAN RIGHTS WATCH

    Le gouvernement népalais a procédé à l’arrestation de plus d’une centaine de responsables politiques et de militants de la société civile ce jeudi 19 janvier, faisant naître la crainte d’une augmentation rapide et incontrôlée de la violence et des atteintes aux droits humains. Amnesty International, Human Rights Watch et la Commission internationale de juristes s’inquiètent de ces évènements et des ordres qui auraient été donnés aux forces de sécurité par les services administratifs de district les autorisant à tirer sur toute personne qui braverait le couvre-feu nocturne.

    Les organisations internationales ont appelé le gouvernement à libérer immédiatement tous les détenus, à apporter des restrictions au recours à la force et à se conformer à ses obligations internationales en matière de droits humains à l’approche du 8 février, date limite fixée par le gouvernement pour la tenue d’élections locales controversées. Presque tous les partis politiques népalais se sont opposés à la tenue d’élections, estimant que la situation sur le terrain ne permet pas le déroulement d’élections libres et équitables.

    « Ces arrestations, qui s’ajoutent aux restrictions accrues apportées la semaine dernière aux droits civils et politiques, mettent en lumière le mépris persistant du gouvernement pour les droits humains », a déclaré Purna Sen, directrice du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

    L’arrestation, ce jeudi 19 janvier, d’une centaine au moins de responsables de partis politiques, de groupes de défense des droits humains et de la société civile, qui s’ajoute à d’autres mesures répressives instaurées par le gouvernement népalais au cours de la semaine passée, intervient avant la tenue de manifestations anti-gouvernementales programmées la semaine prochaine. Le gouvernement a imposé un couvre-feu, restreint les communications et interdit toute manifestation dans Katmandou.

    « Le couvre-feu , l’interdiction de toute manifestation, les arrestations en masse du 19 janvier et les restrictions sévères sur les communications font partie des efforts déployés par le gouvernement pour faire taire un mouvement de protestation politique légitime et pacifique dont le Népal a plus que jamais besoin, a déclaré Nicholas Howen, secrétaire général de la Commission internationale de juristes. Si tout débat politique pacifique est interdit, la guerre civile au Népal qui dure depuis dix ans déjà ne prendra jamais fin. »

    Depuis le 1er février 2005, date à laquelle le roi Gyanendra a pris le contrôle du pouvoir exécutif avec le soutien de l’armée, les droits fondamentaux - notamment la liberté de réunion et d’expression, le droit à l’information et le droit de ne pas être arbitrairement détenu - ont été suspendus.

    « Les arrestations du 19 janvier sont une tentative de suppression de toute opposition bruyante au roi et à ses tentatives pour établir sa légitimité en organisant des élections, a déclaré Brad Adams, directeur Asie de Human Rights Watch. En faisant taire ceux qui sont à la tête du mouvement, le roi espère faire taire le peuple. De tels actes démentent sa croyance affichée dans les principes démocratiques et l’état de droit. »

    L’Union européenne, l’Inde et le Japon ont fait part de leur profonde inquiétude à l’annonce des restrictions imposées sur toute activité politique au Népal et des arrestations de dirigeants politiques et militants de défense des droits humains. Les trois organisations ont appelé les autres membres de la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement népalais pour qu’il respecte ses obligations internationales en matière de droits humains.

    « Le gouvernement, en particulier le ministère de l’Intérieur, doit assumer la responsabilité de la protection de tous les citoyens népalais. Le gouvernement du Népal doit prendre conscience que la communauté internationale est sérieusement préoccupée par les évènements de cette semaine et que des mesures immédiates doivent être prises pour remédier aux graves violations des droits humains qui se sont produites », a déclaré Purna Sen d’Amnesty International.

    Les organisations demandent également instamment à tous les partis politiques d’honorer leur promesse d’organiser des manifestations pacifiques.