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Récit : Sorbonne, 10 mars 2006

Publie le dimanche 12 mars 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

Le vendredi 10 mars, vers 15 heures, nous arrivons place de la Sorbonne. Quelques centaines d’étudiants de la Sorbonne sortent d’une AG qui avait eu lieu à Paris 1 tout proche, puisqu’ils ne pouvaient pas tenir leur AG dans la Sorbonne, bloquée par des CRS. La rue de la Sorbonne était également bloquée de chaque côté par des barrières et des CRS (la rue était donc fermée).

L’AG des étudiants de la Sorbonne avait voté la grève et la libération de leur fac. Il avait été décidé d’occuper l’intersection du boulevard St-Michel et du boulevard St-Germain jusqu’à que la Sorbonne soit à nouveau accessible aux étudiants. Nous avons donc commencé à bloquer la circulation à quelques centaines, avant d’être progressivement rejoints par des étudiants de Tolbiac, Censier, Jussieu, etc., dont certains étaient venus ravitailler ceux qui occupaient déjà la Sorbonne et qui ne pouvaient pas sortir. On se retrouve au fur et à mesure à plus d’un millier.

On décide alors de se diriger vers la Sorbonne pour la reprendre, certains partant en courant vers la rue de la Sorbonne. Là, les CRS semblent un peu désorientés et surpris par notre nombre. Les barrières sont rapidement enlevées par les étudiants, puis une petite partie essaie de passer malgré la quinzaine de CRS qui bloquent la rue. Face aux coups de matraque, et bien peu allant au contact, nous avons été repoussés. Si les manifestants avaient été des "pros" de l’affrontement comme le gouvernement l’a prétendu, il est évident que le barrage aurait été franchi. Au contraire, les manifestants en étaient pour la plupart à leur premier mouvement étudiant.

Ensuite, nous sommes partis vers la rue St-Jacques où des occupants ont ouvert des fenêtres au 2e étage. Des étudiants ont lancé des sandwichs aux occupants, qui ont essayé de faire passer une échelle pour nous permettre d’entrer - tentative qui a tourné court, l’échelle étant trop courte. Les fenêtres ouvertes par les occupants ont alors été refermées par des vigiles de la Sorbonne.
Quelques uns (5-6), écharpes relevées sur le visage, ont vainement essayé de forcer une porte, sous les sifflets d’une partie des manifestants. En remontant rue St-Jacques ils ont alors vu une fenêtre au niveau du sol, qui a cédé tout de suite. Plusieurs centaines d’étudiants sont alors passés par cette fenêtre ouverte, pendant un quart d’heure. Des gendarmes mobiles ont commencé à remonter la rue St-Jacques, et nous nous sommes placés face à eux en rangs en se tenant par les bras. Les gendarmes nous ont repoussés à plusieurs reprises, mais il leur a fallu au moins une demi-heure avant de nous faire remonter toute la rue St-Jacques. Nous sommes alors retournés, par la rue Soufflot, sur le boulevard St-Michel au niveau de la place de la Sorbonne. Il était alors environ 18h.

Les occupants (dont nous n’étions pas) ont tenu une AG et décidé de résister pacifiquement à une intervention des CRS. Des étudiants qui occupaient ont dénoncé "une dizaine" d’excités, qui ont notamment lancé une échelle en direction des CRS. Il est tout de même étonnant que des étudiants fassent ça après avoir décidé d’une "résistance pacifique" ! Il s’agissait donc de personnes violentes bafouant la décision de l’AG, et qui auraient dû être maîtrisés voire sortis de la Sorbonne. Il s’agissait peut-être d’agents provocateurs, plus ou moins directement liés aux Renseignements Généraux. Aucune certitude là-dessus, mais il est certain que ce type de manipulation a déjà eu lieu par le passé.

Parmi les slogans :
"C comme Chômeurs, P comme Précaires, E comme Exploités : retrait du CPE !"
"Chirac, Villepin, Sarkozy : votre période d’essai, elle est finie !"
"Libérons la Sorbonne !"
"Le temps est pourri, le gouvernement aussi !"
"CRS, de la tendresse !"
"On veut des bisous, pas des coups !"
"Etudiants pacifistes"
"Pas de violence !"

Messages

  • la non violence est une force aussi certes, mais il ne faudrait pas non plus tomber dans l’excès inverse : tendre l’autre joue quand tu prends un coup. Personnellement je participe à des actions illégales mais non violentes, je ne sais pas comment je réagirais si je me faisait charger par des CRS ou matraquer, je ne suis pas sûr à 100% de rester calme et de ne pas avoir un réflexe de défense. Premier point, et deuxième point, les CRS tapent et répriment le mouvement social depuis 2003 fortement, l’année dernière les lycéens s’en s’ont pris plein la gueule. La lutte n’est pas une soirée de gala ... contre les violences policières il faut aussi savoir résister. Le slogan, étudiant/lycéen pas casseurs, me fatigue, la violence sociale de la société peut aussi rendre certaines personnes plus agressives que d’autres, et même si une AG vote la non-violence, il serait intéressant de comprendre le pourquoi du comment avant de condamner systèmatiquement.

    • Mais pour qui est habitué aux grands mouvemements, on sait que les RG les infiltrent pour chercher la provocation nuisible. Je ne lis pas là un appel à une non violence doctrinaire, mais simplement à un bon sens politique.

      Il est évident que les étudiants qui étudient souvent dans des locaux vétustes (particulièrement à la Sorbonne) et mal adaptés ne vont pas les dégrader plus encore.

      L’affrontement avec les CRS ne sert à rien. Il faut au contraire montrer la violoence du gouvernement, sourd, aveugle et muet, qui préfère matraquer plutôt qu’argumenter.

      On a le discours pour nous, c’est un grand pouvoir que le gouvernement a perdu.

      Helge