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Reflexions sur "l’argument" de la défense des PME contre les salaires
Publie le jeudi 1er mars 2007 par Open-Publishing9 commentaires
Ils invoquent les « PME » pour mieux servir le grand patronat.
Chaque fois que l’on évoque la nécessité, pour les travailleurs, d’interdire les licenciements et d’augmenter les salaires de 300 euros avec un smic à 1500 euros net tout de suite, Sarkozy, Bayrou, et même Ségolène Royal, répliquent : ce serait insupportable pour les petites entreprises.
« Petites » ? Un quart seulement des PME (petites et moyennes entreprises) ont moins de dix salariés. En fait, le terme englobe près de 95 % des entreprises, y compris de nombreuses filiales de grands groupes. Autant dire que l’ensemble du patronat peut se retrouver derrière cette bannière. Et autre avantage : cela évite aux gouvernants de devoir prétendre que le grand patronat n’aurait pas les moyens d’assurer des salaires corrects : vu les bénéfices engrangés année après année par tous les grands groupes, personne ne les croirait !
Alors, ces gens-là mettent les « petites entreprises » à toutes les sauces. Ce serait d’elles que dépendrait la fin du chômage. Elles auraient un gros potentiel de création d’emplois, pourvu, bien sûr, qu’on n’exige pas un salaire correct. Et à condition que l’État aide financièrement ces PME... Comme chacun connaît un boulanger, un cordonnier ou un marchand forain qui ne roule pas sur l’or, l’argument porte. Mais il recouvre une escroquerie.
Et si on nous le ressasse, c’est parce qu’il dédouane les grands groupes qui auraient amplement les moyens et de ne pas licencier et de verser des salaires dignes de ce nom à tous leurs salariés. Si on les forçait à réduire leurs marges et à prendre sur leurs profits, ces géants de la finance, de l’industrie, de la distribution, des transports, etc., auraient d’ailleurs de quoi assurer la même chose aux salariés de leurs sous-traitants, prestataires de services, fournisseurs et clients. Et cela en ferait du monde, car ces sous-traitants et fournisseurs sont à leur tour clients d’autres entreprises, petites et grandes...
L’existence et souvent la survie de nombreuses petites et parfois moyennes entreprises, donc les conditions de travail et de rémunération de leur personnel, dépendent de ce qui se décide dans les conseils d’administration des grandes sociétés. Et cela, de mille et une façons.
Ainsi, quand un grand groupe ferme une de ses unités dans une région, « tout ferme, nous aussi », disait à la radio le patron d’une brasserie jouxtant l’usine Airbus de Méaulte, dans la Somme. Et dans de tels cas, il n’est pas rare de voir des commerçants et artisans d’une ville manifester au coude-à-coude avec ces salariés menacés qui sont leurs clients.
À l’inverse, toute amélioration du pouvoir d’achat de la classe ouvrière ne pourrait qu’améliorer les revenus de nombreux travailleurs non salariés. Ancien ouvrier ayant ouvert un atelier avec un copain ; artisan-taxi tirant le diable par la queue ; patron d’un petit atelier dont le niveau de vie ne dépasse pas celui des travailleurs du quartier, voire du compagnon qui travaille avec eux, la plupart n’ont rien de commun avec les dirigeants et actionnaires d’une grande société.
Bien des choses les opposent, en fait. Quand la banque, par le jeu du crédit, étrangle l’artisan ou le patron de bistrot. Lorsque le boutiquier, le petit entrepreneur se fournissent auprès de firmes qui leur imposent leurs conditions, et leurs prix.
Alors, ceux qui, au sommet de l’État, prétendent qu’améliorer la situation de la classe ouvrière menacerait celle des travailleurs non salariés mentent. Ils mentent délibérément pour détourner les classes laborieuses de leur ennemi commun, le grand patronat, qui dicte sa loi à l’ensemble de la société.
Messages
1. Reflexions sur "l’argument" de la défense des PME contre les salaires, 1er mars 2007, 15:12
Le SMIC à 1500€ ne menace pas les travailleurs non salariés, il menace les non qualifiés de chômage, car alors beaucoup coutent plus à une entreprise que ce qu’ils leur rapportent.
Si vous placez en priorité numéro 1 les salaires de ceux qui ont un emploi au détriment d’un emploi pour ceux qui n’en ont pas, pensez vous être juste ?
1. Reflexions sur "l’argument" de la défense des PME contre les salaires, 1er mars 2007, 16:53
le salarié privé d’emploi n’est pas la victime de cet autre salarié qui en a un. Aussi hausse des salaires et lutte contre le chômage vont de paire
2. Reflexions sur "l’argument" de la défense des PME contre les salaires, 1er mars 2007, 18:23
Ce qui coute cher aux PME sous-traitantes, se sont les conditions de paiement des grosses entreprises dont elles sont clientes.
Un salarié ne coute pas d’argent à une entreprise, je suis assez étonné qu’un tel commentaire soit resté sans réaction sur Bellaciao.
Un problème pas vraiment abordé ; faire croire à des types qu’ils peuvent monter une entreprise sans investissement. Ils se plantent au bout d’un an, et c’est de la faute aux charges ...
En fait, un patron de PME qui n’est pas capable de payer des SMIC devrait plutot apprendre à jouer aux boules (quoique c’est difficile aussi)
jyd.
3. Reflexions sur "l’argument" de la défense des PME contre les salaires, 2 mars 2007, 00:31
"jouer aux boules"... encore faut-il en avoir !
4. Reflexions sur "l’argument" de la défense des PME contre les salaires, 2 mars 2007, 08:33
"Un salarié ne coute pas d’argent à une entreprise, je suis assez étonné qu’un tel commentaire soit resté sans réaction sur Bellaciao."
?!?
Qui lui paie son salaire alors ? Et pourquoi ?
Merci de développer...
5. Reflexions sur "l’argument" de la défense des PME contre les salaires, 2 mars 2007, 11:34
c’est le salarié qui créé la richesse, donc c’est SON pognon...
TM
6. Reflexions sur "l’argument" de la défense des PME contre les salaires, 2 mars 2007, 13:53
Faux : ça c’est ce que nous souhaiterions tous.
En réalité elles s’opposent. Ce n’est pas moi qui le dit, mais tous les économistes. Je cite Patrick Artus :
"Le smic à 1 500 euros va alourdir de 25 % le coût du travail peu qualifié. Les entreprises préféreront licencier, et nous aurons plusieurs centaines de milliers de chômeurs supplémentaires en deux ans. Plus d’une centaine d’études micro-économiques ont établi que la hausse du smic détruit des emplois non qualifiés. Les ignorer est scandaleux. Quant à l’idée d’une conférence annuelle sur les salaires, qui date des années 1960, c’est précisément ce qu’il ne faut pas faire. Comment voulez-vous mettre autour de la même table de négociations, l’automobile qui se meurt et les entreprises pétrolières qui ne savent pas que faire de leur argent ? Le bon niveau de négociation, c’est la branche. [...] On s’intéresse plus au salaire de ceux qui ont un emploi qu’à l’emploi de ceux qui n’en ont pas. "
http://nonaladette.canalblog.com/archives/2007/02/14/4007532.html
Et François Bayrou : « toute distribution de pouvoir d’achat artificielle se retournera contre l’emploi »,
7. Reflexions sur "l’argument" de la défense des PME contre les salaires, 2 mars 2007, 13:54
Vous parlez des entrepreneurs individuels ?
8. Reflexions sur "l’argument" de la défense des PME contre les salaires, 2 mars 2007, 15:40
Remettons les choses à leur place si vous le voulez bien.
Le pognon du salarié, c’est son salaire. La richesse qu’il crée appartient à son entreprise.
Rappel : une entreprise est une organisation qui combine des facteurs de production (capital, travail, composants, services...) pour produire et vendre un bien ou service.
Ce n’est pas le salarié qui crée la richesse. Il permet à l’entrepreneur qui investit et prend des risques d’en créer.
Si un salarié quitte sa boite pour créer une entreprise individuelle, alors il créera sa propre richesse.