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Réforme de la Sécu : Douste-Blazy joue la montre

Publie le vendredi 4 juin 2004 par Open-Publishing
2 commentaires

Thierry Brun

Le ministre de la Santé suit un calendrier très politique.

Gagner du temps semble être le maître mot de Philippe Douste-Blazy. Alors qu’on l’attendait sur son projet de réforme, le ministre de la Santé s’est livré lundi 3 mai, sur TF 1, à un exercice de dénonciation des fraudes dans l’utilisation de la carte Vitale, sur la foi d’un rapport qui lui avait été remis le jour même. Le ministre a également proposé un dossier médical informatisé. C’est mardi, devant la mission d’information de l’Assemblée nationale, qu’il a présenté les pistes pour la réforme de l’assurance-maladie, dont les contours d’un nouveau mode de gestion. Philippe Douste-Blazy avait aussi indiqué aux partenaires sociaux qu’un des volets de la réforme de l’assurance-maladie devait porter sur les économies qui pourraient être faites dans la lutte contre les « abus et les gaspillages ». Sans trancher.

Lundi, la seule certitude est que le ministre tente, comme son prédécesseur, de jouer la montre et de s’en tenir à un calendrier très politique fixé par le gouvernement Raffarin. Pour passer le cap de la deuxième réforme sociale majeure engagée un an après celle des retraites, le contenu de cette réforme ne devrait être présenté au Conseil d’État que le 20 mai, avant une communication à la mi-juin au Conseil des ministres. Le gouvernement a enfin maintenu à la mi-juillet le vote du projet de loi à l’Assemblée.

Ces manoeuvres ont eu pour conséquence de faire voler en éclats l’unité syndicale réalisée autour de l’assurance-maladie. La CGT et la FSU n’ont pas attendu l’annonce du cadre général de la réforme pour exprimer leurs divergences de vues sur l’attitude à adopter face au gouvernement. Dès le 1er mai, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a ainsi réclamé « l’ouverture d’une négociation en bonne et due forme, et transparente, avec le gouvernement et l’ensemble des organisations syndicales ».

La centrale syndicale s’est désolidarisée de la Mutualité française (qui regroupe 95 % des mutuelles de santé sans but lucratif), de la CFDT, de la CFTC et de l’Unsa. Elle ne s’est pas jointe à leur appel, au motif qu’elle « n’a pas senti que tout le monde s’inscrivait dans une démarche de "construction ensemble" ». La confiance entre la CGT et la CFDT ne semble donc plus être à l’ordre du jour. « La CGT a pris la responsabilité de rompre » l’unité syndicale, a réagi Gaby Bonnand, secrétaire national de la CFDT.

Bernard Thibault s’est dit pour sa part « effrayé » du « peu de délai » désormais disponible pour débattre de questions « très nombreuses » et « complexes ». La centrale a proposé aux autres syndicats une « mobilisation coordonnée » en juin sur la réforme de l’assurance-maladie, qui a pour l’instant l’accord de la FSU et de l’Union syndicale G10-Solidaires. « Nous sommes favorables à une initiative la plus large possible et le plus vite possible, a indiqué Annick Coupé, porte-parole du G10. « Ça fait longtemps qu’on dit qu’il faut une mobilisation unitaire. Nous voulons être partie prenante et construire une réponse syndicale aussi large que possible à la réforme que proposera le gouvernement », a déclaré de son côté Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU. Jean-Claude Mailly a estimé que si le gouvernement « fait une contre-réforme ou une mauvaise réforme, une manifestation ne suffira pas et le problème de la grève sera posé ». Le gouvernement souhaite un consensus le plus large possible tout en gagnant du temps, mais l’affaire semble mal engagée.

http://www.politis.fr/article938.html

Messages

  • Une fois de plus, les querelles de chapelle l’emportent sur l’intérêt général...

    Et la CGT saborde toute possibilité d’un processus intelligent.

    • pour mémoire, il n’y a jamais eu d’accord entre la CGT et la CFDT sur l’assurance maladie !

      La CFDT a d’ailleurs refusé de faire partie du groupe de travail dès 2000 (dit G7 : CSMF, SML, FMF, pour les médecins ; CFTC, Fo, CGC, CGT pour les salariés), qui réunissait des syndicats de salariés et de médecins, groupe de travail qui a élaboré un projet de réforme de l’assurance maladie.

      voir le rapport du G7 sur le site de la CGT à la rubrique "Systèle de Santé, protection sociale".
      Les médias n’en n’ont aucunement parlé, à l’exception notable de l’Humanité.

      Alors, qu’aujourd’hui, la CFDT tente de faire une intox en accusant la CGT d’avoir rompu l’unité syndicale, est un comble d’hypocrisie...

      Il faut dire que la CFDT est devenue depuis trop lontemps "experte" en matière de désinformation, ou plutôt de propagande alliée objective du patronat...

      Pour enfoncer le clou, rappelons qu’en 1946, la CFTC (d’où vient la CFDT pour ceux qui l’auraient oublié) , après avoir violemment combattu la création de la Sécu (oeuvre des bolcheviks) , refusait de siéger dans les conseils d’administration de l’assurance maladie, conseils largement dominés par les administrateurs CGT élus ...par les salariés ;
      Il faut rappeler que la CFTC gérait avant guerre...les oeuvres sociales du patronat (avec les patrons, toute référence gardée...), ainsi que la Mutualité également cogérée.

      La CFDT n’a donc pas trahi la classe ouvrière : elle ne fait que renouer avec ses origines , la collaboration capital/travail.
      Faut-il s’étonner que la CFDT s’oppose à l’élection des administrateurs de la "Sécu" par les travailleurs ?

      Patrice Bardet, militant CGT, travaillant à la "Sécu"

      e-mail : patrice.bardet@free.fr