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Rencontre-debat sur *Le syndicalisme et ses armes*

Publie le lundi 19 septembre 2005 par Open-Publishing

Revue Agone numero 33
(En collaboration avec le Centre d’histoire du travail de Nantes)
& en presence de Christophe Patillon et Charles Jacquier

Vendredi 23 septembre 19 heures
Librairie L’Odeur du temps
35 rue Pavillon, Marseille 1er
tel. 04 91 54 81 56

Agone 33
"Le syndicalisme et ses armes"

On peut regretter l’absence de grands dirigeants syndicaux comme Émile Pouget, ce secrétaire national de la CGT d’avant 1914, pour proclamer : "L’action directe, c’est la force ouvrière en travail créateur : c’est la force accouchant du droit nouveau - faisant le droit social."

On entend déjà les sceptiques et les « modernes » : il est impossible de transposer les méthodes d’hier au traitement des questions d’aujourd’hui, de tirer des leçons d’un conflit localisé pour des questions d’importance nationale dans un contexte mondialisé. Il faut savoir s’adapter, renoncer à la grève qui est périmée, et tout miser sur le dialogue social.
La classe ouvrière organisée n’existe plus guère, certes, mais les ouvriers et employés subalternes restent légion et largement majoritaires dans nos pays développés. La plus grosse difficulté vient du fait qu’eux-mêmes et la plupart des intellectuels qui s’expriment ne croient plus qu’ils sont potentiellement porteurs d’un avenir meilleur pour l’humanité.

ENTRE ACTION DIRECTE ET LÉGALISATION

Les caractères de l’action directe suivi de Le sabotage, Émile Pouget

Il n’y a pas de forme spécifique de l’action directe. Certains l’expliquent par un abattage copieux de carreaux. Se satisfaire d’une semblable définition serait considérer cet épanouissement de la force prolétarienne sous un angle vraiment étroit ; ce serait ramener l’action directe à un geste plus ou moins impulsif ; ce serait oublier qu’elle est la symbolisation de la révolte ouvrière.

Gaston Couté, la grève, l’action directe et les « chansons de la semaine » de La Guerre sociale, Lucien Seroux Poète, conteur, chansonnier, Gaston Couté (1880-1911) fut une des « plumes » les plus attachantes et singulières du siècle naissant. Libertaire et syndicaliste, il écrivit durant les dernières années de sa vie de nombreuses chansons sur les luttes sociales dans les colonnes de La Guerre sociale.

La légalisation de la classe ouvrière, Bernard Edelman
La politique, pour le droit, c’est le fonctionnement des institutions constitutionnelles qui exclut la classe ouvrière en tant que classe, et la transforme en une somme de citoyens. Et on a bien compris ce que cachait la distinction professionnel/politique : l’interdiction légale faite aux travailleurs d’envisager la lutte « économique » comme une lutte « politique ».

La nouvelle tactique syndicaliste : l’occupation des usines, Édouard Berth

Les ouvriers ne quittent plus l’usine, ils l’occupent ; il y couchent, ils y mangent, boivent et dorment ; ils s’y installent, comme en pays conquis, que dis-je, comme chez eux. Ma parole, se croiraient-ils donc, ces ouvriers, les véritables possesseurs et propriétaires de ces fabriques, bureaux et magasins, où nous, patrons, nous avions la charité de vouloir bien les faire travailler ?

Syndicats et comités d’entreprise : histoire d’un vieux couple instable, Jean-Pierre Le Crom
Dès leur origine, les comités d’entreprise sont marqués par une ambiguïté : sont-ils des instruments au service des revendications syndicales, ou des agents de coopération de toutes les catégories de personnel de l’entreprise avec la direction ?

LES GRÈVES DE 1955 À SAINT-NAZAIRE ET NANTES

« Action directe » et négociations dans la grève nazairienne de 1955, Jean-Yves Martin
La grève de 1955 n’est ni le fruit d’un spontanéisme ouvrier ni le résultat de la mise en branle d’une « action directe » qui serait une caractéristique « historique » du syndicalisme nazairien. Elle a sa logique et sa dynamique, dont l’analyse souligne les rôles respectifs de ses acteurs : ouvriers, patrons, secrétaires et délégués syndicaux, population, élus locaux et nationaux.

Les grèves de la métallurgie à Nantes pendant l’été 1955, Yves Rochcongar

Ces ouvriers de 1955 s’étaient dressés, contraints et forcés, contre le mépris et la morgue de certains patrons, non pas pour faire la révolution mais pour se faire respecter. La leçon avait porté, mais il fallut encore des rappels, comme un certain 13 mai 1968, qui vit les ouvriers de Sud-Aviation de Nantes-Bouguenais souder les grilles de l’usine, garder prisonnier dans son bureau leur directeur, donnant ainsi le point de départ de la grève généralisée qui paralysa la France entière pendant plusieurs semaines.

Les ouvriers face à la bureaucratie. Le conflit de 1955 selon Socialisme ou Barbarie, Cornélius Castoriadis

Il y a dans l’attitude des ouvriers nantais une contestation radicale des syndicats, puisqu’ils ne leur font confiance ni pour définir les revendications, ni pour les défendre, ni pour les négocier, et qu’ils ne comptent que sur eux-mêmes. Cette méfiance totale, exprimée dans les actes, est infiniment plus importante que ce que ces mêmes ouvriers pouvaient « penser » ou « dire » au même moment (y compris ce qu’ils ont pu voter au cours des élections législatives récentes).

« Masses » et « dirigeants » : le conflit de 1955 analysé par les Unions départementales CGT, CFTC et FO de Loire-Atlantique, Christophe Patillon
Les grands médias partagent avec le patronat et l’État une même conviction : le syndicalisme doit être un outil d’encadrement des masses au service de la pacification des rapports sociaux. Quant aux dirigeants syndicaux, ils oscillent entre l’appel à la mobilisation des masses et la volonté de rester maître de la conduite du mouvement.

Les grèves de 1955 et La Révolution prolétarienne : Une autre confirmation : les grèves de Saint-Nazaire, Roger Hagnauer - Les mouvements revendicatifs dans l’industrie privée, Le Métallo

PAROLES D’ACTEURS

Du côté des syndicats
« Ces grèves de 1955 sont la conséquence directe de l’attitude du patronat » - Entretien avec Marcel Guihéneuf

« Les ouvriers admettaient difficilement que la CGT accepte la reprise du travail dans ces conditions-là » - Entretien avec Gaston Jacquet
« Un moment fort et qualitatif de l’action syndicale » - Entretien avec Georges Prampart
L’action directe selon Alexandre Hébert
 Unité d’action à Saint-Nazaire
 À Nantes, sous le signe de l’unité révolutionnaire, violences ouvrières et violence patronale

Du côté des patrons et de l’État

« Ici j’ai trouvé ce qu’étaient la pagaille, le sabotage et les imbéciles » - Entretien avec Wladimir Zalkind
« On a donné une réputation à la région qui faisait que les gens hésitaient à venir s’installer dans le coin » - Entretien avec Marius Piron

Des grèves de 1955 à la démocratie sociale de demain ?, René Bourrigaud

La référence aux « grèves de 1955 » est devenue plus ou moins mythique, car finalement mal connue. Pour les uns, c’était le bon temps de la lutte des classes à l’état pur. Pour les autres, une catastrophe pour l’image de marque de la région, qui a fait fuir les investisseurs. Une preuve parmi d’autres que la lutte se poursuit au moins par les représentations... Posons-nous une seule question : peut-on tirer des leçons de cet épisode bien délimité dans le temps et l’espace, susceptibles de nous guider dans les débats d’aujourd’hui sur ce qu’il est convenu d’appeler la « démocratie sociale » ?

HISTOIRE RADICALE

La grève générale révolutionnaire (Réponse à Jaurès), Confédération générale du travail (Commission de propagande de la grève générale) - Le court instant « grève-généraliste » de la CGT, présentation par Miguel Chueca

Lettre de Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre de la France, à Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, tract trouvé à la manifestion du 1er mai 2003

Modestes contributions de Julien Coffinet à l’érosion de l’imaginaire fondateur du système capitaliste
Dossier présenté par Charles Jacquier
 La mission du prolétariat
 Qu’est-ce qui a détruit la démocratie ? Analyse de la technologie capitaliste

LA LEÇON DES CHOSES

Capital financier et nouvelle philanthropie, Nicolas Guilhot

Le capitalisme et son « éthique » : une lecture de Max Weber, Isabelle Kalinowski

En hommage à Lothar Baier : « En souvenir d’un révolutionnaire qui se posait des questions. À propos de Frantz Fanon »

http://atheles.org/agone/revueagone/agone33