Accueil > Réponse de Parents aux "lettre aux parents" des lycéens et étudiants en (…)

Réponse de Parents aux "lettre aux parents" des lycéens et étudiants en lutte d’Arras

Publie le dimanche 9 avril 2006 par Open-Publishing
4 commentaires

Lettre à mes enfants

de François Tournier Représentant Syndical

Mes chers enfants,

Jamais je n’aurai pensé devoir vous écrire une telle lettre.

Alors que je suis entré dans le club des quinqua et que j’approche de la retraite, que mes parents, donc vos grands-parents, sont dans la dernière ligne droite de leur existence, je mesure plus que jamais que je vais avoir besoin de vous.

Le drame c’est que nous allons être très nombreux dans ce cas, très peu y pensent et bien moins encore, s’en soucient ! La solidarité entre jeunes, actifs et retraités va tourner court, car pour avoir une retraite décente vous allez devoir travailler jusqu’à près de 70 ans... Mais pour vous la retraite c’est bien loin me direz-vous, ce n’est qu’une histoire de "vieux"...

Votre souci immédiat est bien sûr d’apprendre un métier, trouver un emploi qui ne soit pas précaire, et pour cela vous êtes prêts à beaucoup de sacrifices, trouver un travail dans votre ville ou même votre région et pas inévitablement en ...Irlande, en Angleterre ou que sais-je encore ? Et pourtant tout étant lié je voudrais vous dire un peu les choses, en regrettant de ne pas l’avoir fait plus tôt, mais nous ne pouvions pas imaginer l’ampleur des dangers qui s’accumuleraient sur une des plus belles œuvres humaines que nos parents et grands-parents nous avaient léguée. La Solidarité.

Durant des décennies, vos grands-parents puis nous-mêmes avons contribué à bâtir une société où chacun pouvait aspirer à vivre dignement de sa naissance jusqu’à la fin de sa vie. Pour vos grands-parents les débuts furent difficiles et chaotiques, mais pour nous, parents, avec un peu de courage et d’envie tout était possible et réalisable. Le confort, la société de consommation, les loisirs étaient à portée de main. A tel enseigne qu’une publicité de l’époque présentait une jeune personne, la trentaine, tournant le dos à la société, et affirmant : « Le bonheur si je veux, et quand je veux !"

Notre vie s’est enrichie "d’acquis sociaux" à tel point que plus personne n’y prête une attention particulière tant cela s’est intégré à notre quotidien. Mais ce quotidien prend une drôle de tournure. Les "acquis" fondent et disparaissent les uns après les autres sous la pression de la mondialisation ou de la globalisation disent d’un coté les zélés de la pensée unique, et de l’autre les modernistes et pseudos réformateurs de la lutte sociale.

Nos vies changent, avec plus d’incertitudes. Mais pour l’heure cette génération des quinqua se morfond peu, il faut dire qu’elle attend un possible départ en préretraite, bien sûr accompagné du maximum d’avantages. L’essentiel pour cette "fratrie" c’est que les conventions d’entreprises perdurent jusqu’au départ du plus grand nombre d’entre eux. Et après eux, le déluge !

La précarité que nous aurons laissé s’installer dans le monde des entreprises et du travail sera difficile à vivre pour vous mes chers enfants. Les nantis d’aujourd’hui clament qu’ils n’ont pas le choix, pas de marge de manœuvre [faudrait’il encore qu’ils essaient !] face aux exigences de la "nouvelle économie" et...de l’appétit féroce des différents fonds de pension. C’est d’ailleurs à cet effet que nombre d’entre eux, à travers leurs différentes organisations professionnelles ou syndicales [cela évite de parler de syndicats catégoriels] revendiquent ou encouragent aujourd’hui l’épargne salariale et les fonds de pension "made in" tricolore !

Mais dans l’attente, ces derniers proposent de travailler le samedi voire le dimanche, la formation durant les jours de JRTT (partiellement) si celle-ci est financée par l’entreprise !!! Et maintenant après le CNE le CPE. Affligeant !

Mais vous mes enfants vous travaillerez peut être quarante cinq voire cinquante ans pour incrémenter ces différents comptes et fonds avec au moins une certitude ; les alimenter. Quant à percevoir une retraite vous le verrez bien le moment venu.

Notre plus grand bonheur à aujourd’hui c’est de voir nos "anciens" profiter pleinement de leur retraites en se rendant utiles auprès de leurs enfants, d’associations, de la cité. Pour qu’à notre tour, et ensuite à votre tour, nous ayons une retraite heureuse, il va falloir que nous nous employions de manière claire et forte à refuser la marche arrière des nouvelles règles des conditions de travail que la société et l’entreprise imposent au nom de "sa survie ou de sa disparition" (sic) mais surtout du profit quel qu’en soit le prix. C’est çà la domination par l’insécurité !

Vos tristes parents vous auront légués là un bien mauvais héritage. Mais que voulez vous il semble très difficile, pour la plupart d’entre eux, de se priver et de vivre de manière conflictuelle leur environnement professionnel. Il leur est donc plus aisé de faire des concessions, si d’aventure ils pouvaient en tirer des avantages directs ou indirects.

Mes chers enfants, nous espérons vous avoir expliqués et convaincus des difficultés qui nous attendent. Mais surtout de celles que vous allez vivre et que vous devrez assumer faute d’avoir eu des parents solidaires, déterminés, faisant face dans l’adversité et comme disent certains : Prenant leurs responsabilités !

Nous vous embrassons tout de même affectueusement. Vos parents.

Messages

  • Halte-là, tu parles pour toi, n’essaie pas de diluer ta propre responsabilité dans ce que tu dénonces. Combien sommes-nous, militants à avoir été et à être marginalisés, agressés, calomniés, sanctionnés, sans émoi apparent de ceux dont le rôle était de faire accepter tous les recentrages syndicaux et politiques qui nous ont amené-là. Je ne peux accepter ce discours dégoulinant de bonne conscience et de mauvaise foi, qui résume pourtant bien l’état d’esprit égoïste, un questionnement tardif un certain désarroi, devant les résultats de la culture individualiste de ceux qui ont choisi consciemment la voie du renoncement et de la collaboration de classes. Ma génération n’est pas coupable ou alors je n’en fais pas partie avec mes 57 ans et 37 ans de luttes collectives et d’insoumission. Joël Louis, élu CGT

  • Ils vont surtout pas compter sur ta bétise crasse !On ne veut pas être les esclaves du 21 eme siecle,on refuse d’avaler les couleuvres de PDG qui s’offrent des retraites chapeaux de dizaines de millions d’euros,engrange des milliards d’euros de profits sur notre dos,font crever des millions de gens dans le monde au nom du sacro saint profit du capital.
    Alors que 1% de la population mondiale détient 57% de la richesse,on nous bassine avec les lieux communs de la pensée unique que vous sortez !
    Assez de mensonges,d’autoritarisme !
    Oui,ici c’est un repaire de syndicalistes,de communistes,de révolutionnaires,de gens qui tout simplement en ont marre de vos sempiternelles leçons bidon.
    Un coup de pied au cul pour le TCE,un pour le CPE,nous préparons les prochains qui vous ferons encore plus mal et vous enverrons le plus loin possible !
    Rien n’est à eux tout est à nous tout ce que vous avez vous l’avez volé !
    Va falloir le rendre,pas de quartier !
    Jean Claude des Landes

  • Si il y a remise en cause des acquis sociaux c’est - que çà plaise ou pas -parce que la disparition de l’URSS et du "camp" socialiste ont constitué une défaite historique majeure de la classe ouvrière (au sens large du terme).Tous les joyeux dénonciateurs (y compris à "gauche") de la "dictature communiste stalinienne et totalitaire" nous ont bien baisés ! Aujourd’hui le capitalisme n’a plus d’ennemis et nos dénonciateurs d’hier sont bien intégrés à la petite bourgeoisie et peuvent se payer des loyers parisiens et nous le peuple, désormais abandonné y compris par un PCF bedonnant et électoraliste on crève....mais la lutte continue...et nous ne manquerons pas de courage militant pour, à terme, inverser la tendance. Oui, il y aura encore des lendemains qui chantent ! Salut et fraternité aux lecteurs de cette modeste contribution.