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S’opposer au capitalisme et pas seulement au “néo-libéralisme”
Publie le mardi 30 mai 2006 par Open-Publishing7 commentaires
Le processus qui se développe depuis quelques dizaines d’années,
désigné sous le terme de mondialisation, avec sa globalisation financière,
ses dérégulations, ses délocalisations, ses privatisations est, pour l’essentiel, une réponse des classes de super-nantis aux conquêtes sociales, imposées au cours du vingtième siècle, par les travailleurs des pays techniquement développés. Cette mondialisation a permis aux maîtres du grand capital de substituer à l’oppression colonialiste des peuples dits du tiers monde, avec la complicité des “ élites” locales, une sujétion financière, économique et politique désastreuse pour ces peuples.
Par ailleurs, le totalitarisme stalinien au gré des “purges” et des décisions bureaucratiques avait largement vidé les partis communistes de leur contenu progressiste. En créant des castes d’apparatchiks opportunistes, carriéristes et coupés des peuples, dont ils prétendaient représenter les intérêts, le stalinisme a fortement contribué au très regrettable effondrement de l’Union Soviétique. Du fait de cet effondrement les tenants du grand capital sont devenus les véritables détenteurs du pouvoir sur toute la planète. Les marchés financiers mondialisés, les firmes transnationales et les états dits “démocratiques” sont les leviers de ce pouvoir. Les états investis par des partis de droite, par des patronats et des technostructures acquis à la mondialisation capitaliste ou par des partis sociaux démocrates prêts à gérer et accompagner cette mondialisation et soucieux, seulement, d’assurer l’infirmerie de la guerre économique, ont partout mis en oeuvre cette politique ultra-libérale qui n’est rien d’autres que la politique servant les intérêts du grand capital.
Un des leviers les plus efficaces de cette domination capitaliste est constitué par le système des crédits et des dettes.
Grâce aux dettes publiques libéralisées les marchés financiers tiennent les états en laisse.
Grâce aux dettes des entreprises ils peuvent orienter la production dans le sens qui convient aux actionnaires.
Grâce aux crédits et la dette des ménages ils contrôlent la vie de gens tendus vers les échéances de remboursement.
Grâce aux dettes extérieures des pays du tiers monde ils contrôlent l’économie et la politique de ces pays en aspirant, de plus, une partie de la richesse produite.
Les taux d’intérêt font de ces dettes, quelque soit leurs natures, un mécanisme de transfert de richesse des débiteurs vers les créanciers détenteurs de capitaux. Les intérêts de ces détenteurs de capitaux et ceux des citoyens, dont le seul bien est la force de travail, sont objectivement antagoniques, quelque soit le reflet de cet antagonisme dans la conscience individuelle et collective.
La mondialisation est donc cette machine construite pour donner un pouvoir planétaire aux détenteurs de capitaux et aux maîtres des transnationales. Elle fonctionne au profit de classes mondialisées de super nantis, des pays “riches” comme des pays “pauvres", qui ne constituent guère plus de 10% de la population mondiale mais accaparent plus des deux tiers de la richesse planétaire. Ces classes voudraient que grâce à la mondialisation leur pouvoir devienne irréversible. Par l’exclusion, le chômage, la précarité l’ultra libéralisme a partout déplacé, au profit du capital, le rapport de force capital/travail. Les entreprises sont devenues des féodalités dans lesquelles tout salarié signe un contrat de subordination sans avoir droit de regard ni sur ce qu’il produit, ni sur son propre destin. Et dans les eaux boueuses du flot de cette mondialisation, les droits collectifs et le pouvoir des travailleurs dans l’entreprise n’ont cessé de régresser.
Les grands prêtres de la globalisation financière cherchent à nous faire croire que le capitalisme est l’horizon indépassable de l’humanité. Mais les ressources en pétrole s’épuisent, et il n’y a pas d’alternative capitaliste à ce pétrole facile à extraire et pas cher.
L’ALTERNATIVE C’EST UNE SOCIETE SOLIDAIRE ET ECONOME, AUTANT DIRE L’EXACT OPPOSE DE LA SOCIETE CAPITALISTE.
Le pétrole est le sang de notre monde "moderne". Sans transports très peu couteux la mondialisation, sous sa forme actuelle, est inconcevable. Demain il faudra relocaliser la production et la consommation, pour ne laisser aux échanges que la part réellement utile. Dans un monde aux ressources limitées, le marché sans controle et le libre échange sauvage sont des mécanismes mortifères.
Attac a beaucoup fait pour démasquer et mettre en lumière les vecteurs du capitalisme et les mécanismes selon lesquels se déploie, sur toute la planète, la dictature du capital (Organisation mondiale du commerce(OMC),
Accord Général sur le commerce des Services(AGCS),Fond Monétaire International(FMI),Banque Mondiale (BM),Dettes extérieures des pays du "tiers monde",Paradis fiscaux etc...).
Mais il faudrait s’attaquer à la source même du mal : le processus d’accumulation de richesses et le droit de propriété sans limitation. Le capital peut, aujourd’hui, se déplacer comme il veut, s’abbattre où il veut ("s’investir" diront certains), repartir quant il veut. Son principal objectif, si non le seul, est la maximisation de ses profits et une accumulation plus grande encore de capital. Dans ce processus prédateur, anti-économique, anti-écologique,anti-humain, les salariés, les travailleurs ne sont plus que des instruments jetables.
La nécessité, vitale pour lui, de maintenir sa rentabilité, et donc des taux de profit élevés, l’ ont conduit a organiser l’économie en vastes zones de libre échange. L’Europe actuelle est une de ces zones. Dans cette Europe les détenteurs de capitaux et ceux qui les servent ont réussi à porter les organes de décision à un niveau auquel le bulletin de vote, le syndicat, la manifestation n’ont plus réellement de prise. Pour manifester, il faut aller à Strasbourg ou à Bruxelles ; il faut donc avoir des moyens financiers que les classes populaires n’ont pas.
LE CAPITALISME SANS FRONTIERES MODELE UN MONDE OU LES RICHES SERONT PARTOUT CHEZ EUX, ALORS QUE LES PAUVRES N’Y SERONT NULLE PART.
Nous avons beaucoup travaillé à délégitimer le G8, nous pourrions aussi travailler à délégitimer la possibilité d’accumulation de richesse sans aucune limite. Populariser,par exemple, l’idée d’un RMA : revenus et richesse maxima autorisées, et la nécéssité de l’extension du secteur non marchand.
Tous ceux qui ne veulent ni du stalinisme totalitaire,ni du totalitarisme ultra-libéral devront apprendre à mettre au coeur de leur action ce qui les unit, en écartant ce qui les divise. Dans la marche vers un autre monde,
ils devront apprendre à faire L’UNITE DANS LA DIVERSITE ; l’essentiel étant la définition commune du contenu de cette unité. Au moment où au nord les forces du capital cherchent à détruire tous les droits sociaux ; où au sud les paysans, asphyxiés par la domination économique du nord, n’arrivent plus à vivre ; au moment où l’environnement est saccagé par une économie prédatrice ne connaissant que la loi du profit immédiat ; ALLER VERS UN AUTRE MONDE EST POUR L’HUMANITE UNE QUESTION DE SURVIE.
Une condition nécessaire, mais non suffisante,est de mettre un terme à la dictature de l’Argent-Roi et des classes de super nantis qui le manipule. Les biens communs : énergie, eau, environnement, monnaie, transports, éducation, formation, culture, etc... doivent être gérés par l’ensemble des citoyens et au profit de toute la communauté, sous la forme de SERVICES PUBLICS. Cela n’est en rien contradictoire avec le développement de l’initiative privée dans les entreprises petites et moyennes et dans l’artisanat. DANS UN TEL CADRE, NON DOMINE PAR UN CAPITALISME PARASITAIRE, ACTION PUBLIQUE ET ACTION PRIVEE DEVIENDRAIENT COMPLEMENTAIRES.
Je crois aussi que les masses de femmes et d’hommes, qui à travers la planète se mobilisent doivent COMMENCER A CONSTRUIRE CET AUTRE MONDE DANS LES ORGANISATIONS QU’ILS SE DONNENT POUR LE PROMOUVOIR. Cela suppose de ne pas reproduire, dans nos organisations, LES STRUCTURES PYRAMIDALES ET LES RAPPORTS DE POUVOIR que nous souhaitons modifier à l’extérieur.
José GAYOSO
Messages
1. > S’opposer au capitalisme et pas seulement au “néo-libéralisme”, 30 mai 2006, 21:30
L’alternative au capitalisme, c’est le socialisme !
1. > S’opposer au capitalisme et pas seulement au “néo-libéralisme”, 30 mai 2006, 21:55
l’alternative au capitalisme c’est détruire celui ci
vive l’anarchie
2. > S’opposer au capitalisme et pas seulement au “néo-libéralisme”, 30 mai 2006, 22:24
Le capitalisme, si j’ai bien compris, c’était l’alternative au féodalisme parce que pendant des siècles les bourgeois l’ont construit patiemment, pierre par pierre ...
A un moment donné, il imprégnait tellement la société qu’il est devenu le mode économique dominant....
Mais nous, contrairement aux bourgeois pendant des siècles de pré-capitalisme, on n’a pas construit grand chose comme alternative.
On l’a pas fait quand il y avait un prolétariat fort, conscient et concentré.
Alors maintenant, a fortiori...
Conclusion : une grande alternative "le socialisme" au capitalisme ? y’a pas parce qu’on l’a pas préparé.
Autre conclusion : c’est pas grave. Après tout, on arrive bien à vivre sans la promesse d’un Au-delà.
Pas de grande Alternative, pas de "nouvelle Jérusalem", y’a que des flux et des reflux, des éternels retours, et en ce moment on est plutôt gâté parce qu’il y a de grands combats de résistance au libéralisme.
C’est déjà pas mal, non ?
foma
3. > S’opposer au capitalisme et pas seulement au “néo-libéralisme”, 30 mai 2006, 22:41
.../....L’alternative au capitalisme c’est détruire celui ci.../...
Mais ça n’en fait pas automatiquement un système désirable (ce qui remplace le capitalisme). Des tas d’autres systèmes de domination de classe existent, qui sont tout aussi penibles, voir plus pénibles, à endurer. Il y eu même des horreurs absolues construites sur des systèmes clos, rouges en paroles, mais bureaucrates sacrificateurs de vies au concret, avec pas l’once d’un pouvoir du peuple, des travailleurs ou des paysans au concret.
Nous savons maintenant que rien n’est acquis, et que la lutte contre le capitalisme ne peut plus se faire sans cet éclairage :
Si nous voulons détruire ou remplacer le capitalisme (ne pas se gargariser des mots) il nous faut déterminer les conditions qui font et feront que les tendances à une dégénération dangereuse, attentatoires au pouvoir des hommes et des femmes sur leurs existences tant individuelles que collectives, ne puissent s’étendre et devenir dominantes.
Au centre sont les libertés des hommes et des femmes, collectives et individuelles, qui ne peuvent s’accomoder de systèmes qui, par nature, ne les respectent pas. Ces libertés ne peuvent se concevoir sans que les gens aient le plus de pouvoir sur leurs existences et leurs choix, du moment que celles-ci ne se constituent pas en empietant sur celles des autres.
La démocratie la plus large possible, la plus souple possible, constitue ce qui se rapproche le plus possible de cet objectif. A ce compte les entreprises privées ne franchissent pas le seuil de notre cahier de charges. Elles ne sont pas démocratiques et, leur puissance même les constitue en menaces permanentes contre la démocratie dés lors que celle-ci essaye d’élargir son champ, ou de mettre sous souveraineté populaire les grands secteurs économiques.
La démocratie directe, comme disent certains anars, dans une société alternative, doit être la règle, donc ce sont les travailleurs des entreprises qui doivent diriger les entreprises au travers de processus démocratiques libres, non pas en paroles, non pas au travers d’un "parti", non pas au travers d’une saloperie argumentaire quelconque permettant à des gens hors de controle réel diriger des entreprises, mais au travers de règles précises ne relevant pas de flous confiscateurs.
Mais des deux côtés de cette forme de pouvoir il y a ce qui la limite. Plus près des gens, la démocratie directe est canalisée par l’indispensable limite de non-atteinte à la liberté des individus (du moment que cette dernière n’attente pas aux libertés des autres). ¨Par exemple, le travail forcé, ou le chantage materiel pour contraindre au travail forcé doit être interdit.
Les libertés de parole, d’expression, de circuler, de réunion, de création et de vie de syndicats, associations, partis, les libertés de moeurs, etc, sont les limites d’exercice de la "démocratie directe". Elle ne peut empieter là dessus, sur ces libertés inidividuelles.
De l’autre côté, l’autre limite à la démocratie directe existe dans les necessités de coopérations à grande echelle dans des secteurs strategiques à la société. Il s’agit alors d’un assemblage necessaire entre démocratie directe des travailleurs et des formes d’associations de citoyens, d’élus territoriaux ou nationaux, comme dans les transports par exemple.
Cop.
2. > S’opposer au capitalisme et pas seulement au “néo-libéralisme”, 31 mai 2006, 08:23
Remarquable analyse de José GAYOSO.
Mais on entend maintenant un développement pratique des solutions politiques, économiques et financières pour s’opposer au capitalisme et au néo-libéralisme.
On attend un engagement décidé des forces politiques concernées.
Le Yéti
3. > S’opposer au capitalisme et pas seulement au “néo-libéralisme”, 31 mai 2006, 08:27
"Dans la marche vers un autre monde, ils devront apprendre à faire L’UNITE DANS LA DIVERSITE ; l’essentiel étant la définition commune du contenu de cette unité."
C’est exactement ce que nous cherchons à faire avec le "rassemblement", en créant des "commités de soutien" et "programme antilibéral"... Il s’agit bien de marcher vers un autre monde, de faire l’unité dans la diversité et d’en définir le contenu ni plus ni moins.
Hier j’ai entendu que l’europe renonçait (pour l’instant) à soumettre une deuxiemme fois le TCE aux Français et Hollandais. Comme cela est curieux et pourquoi donc ? Ils ont peur d’un NON encore plus large que le premier et surtout de son éffet "tache d’huile sur toute la CEE !
Leurs "analistes" ne sont pas idiots, ils voient bien que nous avancons dans la voie antilibérale pour 2007, la France est un "point de mire" pour les autres pays. Si nous sommes en marche vers un autre monde tant mieux mais surtout rien n’est gagné et nous avons à nous battre encore . Surtout pas entre nous !
Georges du 64
1. > S’opposer au capitalisme et pas seulement au “néo-libéralisme”, 31 mai 2006, 11:24
Mr Gayoso merci de votre article qui précise bien comment on veut rejeter la mondialisation
bravo à exprimer haut et clair de rendre monstrueuse l’idée d’enrichissement individuel
par l’argent
et à tous les sceptiques j’affirme que dans nos organisations et dans notre vie quotidienne
et au boulot on peut affirmer que nous refusons les lois de l’argent et du pouvoir
que la survie de tous en dépend
on me tratera encore de naive mais faire émerger l’idée que l’argent ne fonde pas l’humanité
mais la détruit partout et sans cesse
j’en veut pour preuves tous ces salariés à qui l’entreprise fait croire qu’il vaut mieux capitaliser
pour sa retraite et avoir des actions alors que nous savons tous que les fonds de pensions de par le monde ruinent les petites gens !
bref je suis sur votre longueur d’onde et milite pour ça et faire l’unité dans ces objectifs antilibéraux tout simplement
Djo68