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SARKOZY et les riches : QUI VEUT GAGNER DES MILLIONS ?

Publie le samedi 26 mai 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

de Muriel GREMILLET

Les réformes qu’entend mettre en oeuvre le gouvernement Fillon privilégient les gros revenus et pourraient coûter près de 4 milliards à l’Etat.

Jaurès et la valorisation des fruits du travail dans les discours. L’impôt sur la fortune, le bouclier fiscal, la baisse des droits de succession et la prime à la rente quand il s’agit de prendre des mesures concrètes. Au final, une politique fiscale menée par le gouvernement Fillon, qui, selon Michel Sapin, député et spécialiste de la fiscalité au PS, « va profiter aux grosses fortunes tout en faisant croire aux petits contribuables qu’ils vont en bénéficier ». Le doute n’est guère permis. Le cumul des mesures annoncées pendant la campagne par Nicolas Sarkozy et que s’apprête à présenter devant le Parlement en juillet son ministre du Budget, Eric Woerth, cible les gros revenus.

Superprivilégiés. Ainsi le bouclier fiscal. Dès l’été, le gouvernement va le faire passer de 60 % à 50 %. En clair, selon un slogan simple, un contribuable ne pourra pas donner plus de la moitié de ses revenus tirés du travail à l’Etat par l’impôt. Populaire. Mais le Snui (Syndicat national unifié des impôts) relativise la portée de la mesure. « Le bouclier, c’est juste un moyen d’augmenter sans effort et sans mérite la fortune de ceux qui sont déjà les plus riches, tranche Vincent Drezet, le secrétaire national du Snui. Il profite à 93 000 foyers, dont 16 000 contribuables assujettis à l’ISF. Alors que 18 millions de foyers fiscaux paient l’impôt sur le revenu... » Ces contribuables superprivilégiés ont déjà reçu en trop-perçu de l’administration fiscale près de 350 millions d’euros en remboursement.

A cette mesure il faut ajouter la réforme de l’impôt sur la fortune, qui touche les contribuables qui déclarent plus de 760 000 euros de patrimoine net, soit 500 000 foyers en France. Si, dès l’été, le gouvernement met en place une nouvelle déduction contre un investissement dans les PME, ce sont de nouveaux milliards qui s’envolent pour le budget de l’Etat. Mais les cadeaux fiscaux ne s’arrêtent pas là, puisqu’une réforme des droits de succession est prévue. Sarkozy souhaite que 95 % des successions soient exonérées d’impôts.

Mesure archipopulaire. Y compris chez les contribuables qui ne sont pas assujettis à ces prélèvements. Aujourd’hui, selon les chiffres du ministère des Finances, seules 25 % des successions à la suite d’un décès sont imposées. Alors quel est intérêt, au-delà de la popularité ? Là aussi, un cadeau aux plus riches. Tirer un trait. Ces mesures risquent de coûter près de 4 milliards d’euros à l’Etat. « Le bouclier à 50 %, plus la modification de l’ISF et les successions, auquel il faut ajouter la défiscalisation des heures supplémentaires et la déduction des intérêts d’emprunt, vont coûter pas loin de 13 milliards d’euros », selon Drezet. Ce qui revient à tirer un trait sur le produit annuel de la taxe d’habitation... Que la gauche et les syndicats s’offusquent n’est pas surprenant.

Ce qui l’est plus, c’est que même à droite on traîne des pieds. Les orthodoxes budgétaires sortent les calculettes et arrivent peu ou prou aux mêmes chiffres que la gauche. « C’est une révolution fiscale qui peut coûter très cher, note un député UMP. Surtout si tout ça n’a pas les effets espérés sur la croissance. » Derrière, difficile de tenir les engagements européens, de désendetter l’Etat, de baisser le taux de prélèvements obligatoires. Bref, de mettre en oeuvre l’autre volet économique du programme de Sarkozy. Mais manifestement, le nouveau gouvernement espère mettre en avant le retour des exilés de l’ISF. Toujours plus médiatique qu’un impôt plus juste ou une comptabilité publique plus équilibrée.

http://www.liberation.fr/actualite/politiques/256053.FR.php

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Messages

  • En expliquant aux gens, que l’exonération des droits de succession ne profiteront qu’aux riches, parce que les gens plus modestes sont déjà exonérés, le paysage s’éclaircit. A quoi bon voter UMP, si la France d’en bas n’est pas concernée par ce genre de mesure ?

    Il faut tout décortiquer, démonter de cette façon, en d’autres termes : quelles sont les mesures qui vont profiter à la France d’en bas ? Donc, lesquelles vont profiter seulement aux riches ?

    A chaque invitation de la gauche dans les médias, c’est ça que je voudrais entendre ! Expliquer, traduire le programme de Sarkozy !

    C’est une révolution fiscale qui peut coûter très cher, note un député UMP. Surtout si tout ça n’a pas les effets espérés sur la croissance. »

    Ben oui, c’est pas parce que les riches vont avoir de super-cadeaux fiscaux qu’ils vont avoir un train de vie supérieur, qu’ils vont se mettre à dépenser plus au super-marché.

    Par contre, si les salaires étaient sérieusement relevés, la CSG, le RDS et autres impôts supprimés, les salariés, les petits retraités et les chômeurs se mettraient à consommer davantage, car eux ont de vrais besoins qui ne peuvent pas être satisfaits, faute de ressources.
    C’est mécanique, et c’est mathématique !

    Il est étonnant que Gaino, l’éminence grise de l’Elysée n’ait pas encore donné ce conseil à Sarkozy qui supervise tout, absolument tout, même de recevoir lui-même les syndicats, je sais c’est pour endormir les gens, pour qu’ils votent à droite aux législatives, et après, il y aura un changement de menu, Sarkozy sera moins gentil avec la France d’en bas. C’est couru d’avance, nous avons bien compris qu’il nous séduisait, comme on séduit une fille pour la mettre dans son lit avec l’intention ferme de l’abandonner après le forfait, la France d’en bas sera abandonné, se démenant dans de graves problèmes.

    La question est de savoir, si ces législatives nous permettent de contrer la politique de Sarkozy qu’il appliquera très vite juste après ces élections. Je pense que oui. j

  • Cette vision des choses ne me paraît pas objective. Les Français sont pour l’impôt tant qu’ils n’ont pas à le payer. Quand ils y sont assujettis leur attitude change. Certes c’est très populiste pour ne pas dire démagogique de toujours matraquer plus les "riches". Entre parenthèses on est toujours le riche de quelqu’un. Mais si un gouvernement souhaite faire baisser les impôts, il n’y a pas beaucoup d’autres solutions que de réduire la note de ceux qui en paient.