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Sans pap’ : Vendetta d’Etat contre un gréviste de la faim ; urgent, protestez !!!! TGI le 6/01/2008

Publie le samedi 5 janvier 2008 par Open-Publishing
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Comité des Sans Papiers 59 (CSP59), 42 rue Bernos- Lille- 59800- tél : 06.80.57.50.61- fax : 03.20.52.76.92 – e-mail : csp59@wanadoo.fr

ARRESTATION DE CISSE KHAIRABA, GREVISTE DE LA FAIM SANS PAPIERS : FAIRE PAYER LA DIGNITE EST INDIGNE ! TOUS AU TGI DE LILLE CE DIMANCHE 6 JANVIER A 10H !

Ce jeudi 3 janvier 08, Khairaba Cissé se rend au Funérarium se recueillir sur la dépouille mortelle de notre cher et regretté feu Jean Marc LAVIGNE. Il est arrêté, conduit à la PAF et se retrouve au Centre de Rétention. Il passe au TGI devant le juge des libertés et de la détention ce dimanche 6 janvier 08 à 10h. Le CSP59 appelle à une présence massive au TGI de l’avenue du Peuple Belge à Lille.

Pendant la grève de la faim, Cissé K. avait reçu une convocation de la Préfecture pour être régularisé. Il s’était rendu à la convocation et avait vu celle ci commuée en « entretien ». Rappelons d’ailleurs que le Préfet au début lors de ses multiples conférences de presse a fait allusion à Cissé Khairaba comme « régularisé » lorsqu’il faisait semblant de ne pas comprendre les raisons de la grève de la faim.

Cissé K. fait partie des 54 grévistes de la faim qui ont fait confiance à l’engagement « proposition » du Préfet de région « d’examen avec bienveillance » remis à nos partenaires associatifs Ldh, Mrap des dossiers des grévistes de la faim. Le dossier de Cissé K. a été discuté, tout comme les 29 cas des grévistes, en Préfecture le matin du 20 décembre dernier. Les résultats de cette commission « ad’hoc » sur les grévistes de la faim restants en dehors des 18 régularisés doivent être donnés prochainement par la préfecture. Cissé K. réuni tous les critères de l’article 10 du règlement intérieur, après amendements acceptés par la préfecture, mettant en place par le Préfet par arrêté. La Préfecture le sait parfaitement : quasiment aucun des 18 déjà régularisés ne réunit plus que Cissé K. les critères « d’attaches familiales, de potentiel d’intégration, de promesses d’embauche, de maîtrise de la langue française » que Cissé K.

La préfecture sait aussi que Cissé K. s’est particulièrement activé lors des mobilisations de la communauté guinéenne, africaine et des amis français de la Guinée lors de la répression sanglante du Général président en février 2006 (plusieurs centaines de morts).

La préfecture sait aussi que Cissé K. était un des porte parole des grévistes de la faim.

Voilà tout ce que la préfecture veut faire payer à Cissé K. en l’arrêtant et en tentant de ce 3éme placement en rétention sur la même décision d’expulsion entre juillet/août 2007 et janvier 2008. 3éme placement en rétention près de la 10éme arrestation. Heureusement que dans ce pays il existe encore une justice qui l’a à chaque fois libéré ainsi que ces camarades d’infortune, mais d’un grand courage pour leur droit de vivre dans la légalité.

Après l’arrestation et la mise en garde à vue d’Armand durant 35h sans présentation devant le juge d’instruction, voilà le retour aux arrestations de grévistes de la faim en totale contradiction avec l’article 12 du règlement intérieur dont le fondement légal est l’arrêté du préfet de région lui même qui dit : « l’étranger ne fera l’objet d’une reconduite à la frontière ni d’un placement en rétention durant le laps de temps compris entre la transmission aux associations de la liste où il figure et l’annonce de la décision le concernant ». Or, la rencontre à la préfecture date du 20 décembre 2007, aucune décision n’a été annoncée et pire aucune rencontre n’a été encore fixée en ce mois de janvier 2008 à ce jour. On assiste là à un mauvaise foi ahurissante de la part des autorités ou de l’incompétence, voire les deux ; C’est encore plus affligeant de constater que les grévistes de la faim, certes fatigués après 75 jours de grève de la faim, ont fait confiance au Préfet.

Liberté pour Cissé K. et régularisation de tous les grévistes de la faim, y compris ceux expulsés en Guinée et au Maroc, particulièrement ceux qui avaient une convocation de la préfecture du nord pour être régularisés.

Envoyez vos lettres, vos fax ( 03.2.0.30.52.52) et e-mail (communication@nord.pref.gouv.fr ) au Préfet pour qu’il respecte la parole donnée : une parole est une parole d’honneur quand on représente l’Etat.

Fait à Lille le 4 janvier 08


Messages

  • Ce jeudi 3 janvier 08, Khairaba Cissé se rend au Funérarium se recueillir sur la dépouille mortelle de notre cher et regretté feu Jean Marc LAVIGNE.

    Ainsi, notre police d’état ne respecte plus rien ! Même les dépouilles de nos amis deviennent des traquenards ! Quoi d’étonnant ? Jean-Marc n’était pas l’ami du Préfet Canépa....

    Monsieur Canépa et ses sbires policiers auront bien mérité leur "note" : leur tableau de Chasse est déjà bien garni.

    Etrange époque nauséabonde qui n’est pas sans en rappeler d’autres

    Étranges étrangers

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    La création d’un "ministère de l’identité nationale" promise aux électeurs de Le Pen et confié à Hortefeux n’a qu’un seul précédent du même type dans l’Histoire de France : le "commissariat général aux questions juives" du sinistre Xavier Vallat. Certes, nous dira-t-on, la situation n’est pas la même. Les Sans Papiers raflés ne partent pas à Drancy ou à Auschwitz, ils sont "simplement" jetés dans des avions ou des ferrys. Mais l’intention est la même : déshumaniser, traquer, créer la peur permanente.

    Les Sans Papiers ne vivent plus l’Etat de Droit. Ils sont passés de l’autre côté du miroir. Contre eux, la France viole tous les textes internationaux qu’elle a signés : droit d’asile, droit de vivre en famille, droit à la santé, droit à l’éducation exactement comme la France de Vichy avait privé de tout droit dès 1940 les Juifs, les Tziganes, les communistes, les homosexuels … La France d’aujourd’hui recopie même le vocabulaire de Vichy. Comme autrefois, les Sans Papiers sont officiellement "en surnombre dans l’économie française".

    Au moment même où le gouvernement et le MEDEF veulent liquider tout ce que le Conseil National de la Résistance a établi à la Libération (sécurité sociale, retraite pour tous, nationalisation des banques, de l’énergie, du chemin de fer …), une diversion est apparue avec la lettre de Guy Môquet. Ne les laissons pas refaire l’Histoire, ne les laissons pas récupérer celles et ceux qui ont combattu la barbarie et le racisme : les étrangers et les Sans Papiers ont joué un rôle fondamental dans la Résistance.

    À l’automne 1943, seule la M.O.I. (Main-d’œuvre immigrée) avait un groupe actif à Paris.

    Ils s’appelaient Alfonso (espagnol), Fontanot (italien), Manouchian (arménien), Boczov, Elek, Rayman, Wajsbrot, Olga Bancik (juifs/ves venus de Pologne, Hongrie ou Roumanie).

    Ils/elles ont été arrêtés et torturés par la police française (les « brigades spéciales ») puis livrés à la Gestapo et exécutés.

    60 ans après, la France s’est excusée pour les rafles et les crimes commis en son nom. Elle commémore le Veld’hiv. Elle célèbre les résistants et toutes celles ou ceux qui ont aidé les gens traqués. Elle affirme qu’il aurait fallu désobéir à des ordres injustes.

    À quoi bon ces commémorations quand le même cycle infernal du racisme d’Etat et de la discrimination recommencent ? Quand on reparle de quotas. Quand on criminalise les Sans Papiers et leurs soutiens.

    Aux fonctionnaires de police, aux juges, aux employés des préfectures, aux pilotes d’avion ou aux capitaines de ferrys, nous disons : « désobéissez à des ordres injustes ! ». Soutenir les Sans Papiers et empêcher l’horreur quotidienne des expulsions est plus que légitime : c’est lutter pour la défense des droits de tous les humains. Le Réseau Education Sans Frontières et Florimond Guimard mènent une lutte indispensable. Le pouvoir ne nous intimidera pas.

    Déclaration de Pierre Stambul (UJFP) à la manifestation de soutien à Florimond Guimard le 22/10/2006

    Une réflexion d’Emmanuel Terray ( Directeur d’études à l’EHESS) , reprise sur le site de Dominique Natanson Mémoire Juive et Education

    1942 - 2006
    Peut-on comparer la traque des Juifs et la chasse aux sans papiers ?

    Cet article a paru sur le site A l’encontre, revue politique virtuelle.

    La répression de « l’immigration illégale » telle qu’elle est conduite par le Ministre de l’Intérieur (Nicolas Sarkozy) en France et les divers procédés qu’elle met en œuvre – opérations « coup-de-poing » dans les quartiers habités par les migrants, contrôles au faciès, interpellation des enfants dans les écoles, convocations-pièges au guichet des préfectures – évoquent inévitablement, aux yeux de certains de nos concitoyens, les années noires de 1940-1944 et le sombre souvenir des persécutions antisémites.

    Bien entendu, sitôt que ce parallèle est explicitement énoncé, les protestations fusent pour souligner son caractère incongru. Les deux situations n’auraient, assure-t-on, rien de comparable, et leur seul rapprochement serait une insulte à la mémoire des victimes de l’extermination.

    Voire... Assurément, il existe entre les deux épisodes des différences considérables, et il serait absurde de les nier. Cependant, sitôt qu’on cherche à les cerner de façon précise, il apparaît qu’elles tiennent presque exclusivement au rôle des occupants allemands : terriblement présents et actifs en 1942, ils ont – fort heureusement –disparu en 2006. En revanche, si l’on considère le comportement des autorités françaises, les similitudes sont manifestes.

    En premier lieu, la présence de certaines personnes sur notre sol est constituée en « problème », et tous les esprits « raisonnables » s’accordent pour estimer que ce problème exige une solution. En 1940, une large fraction de l’opinion, débordant de très loin les frontières de l’extrême-droite, reconnaissait la réalité d’une « question juive » en France, même si des divergences profondes existaient quant aux réponses à lui apporter. De même, de la droite à la gauche, nos dirigeants proclament d’une même voix que l’immigration illégale met en péril nos équilibres sociaux et notre identité, et qu’il faut donc la refouler, les désaccords ne portant que sur la méthode.

    En second lieu, les solutions envisagées passent toutes par l’expulsion partielle ou totale des personnes jugées indésirables. En 1942, cette expulsion prend la forme d’une livraison aux autorités occupantes. En 2006, les intéressés sont renvoyés dans des pays dont certains sont soumis à des dictatures impitoyables, dont d’autres sont ravagés par la guerre civile, dont tous sont marqués par le sous-développement, le sous-emploi et la pauvreté. Bien entendu, le résultat final est infiniment moins tragique aujourd’hui qu’hier, mais ce qui est caractéristique, c’est que, dans les deux cas, l’administration française se désintéresse entièrement de ce résultat : littéralement, ce n’est plus son affaire. On a soutenu qu’en 1942 les autorités françaises ignoraient le sort réservé aux Juifs par les nazis : peut-être, mais leur ignorance même était le résultat d’une décision réfléchie : elles ne voulaient pas le savoir. Il en est exactement de même aujourd’hui : ce qui compte pour le gouvernement, c’est de se débarrasser des hommes, des femmes et des enfants concernés ; sitôt la frontière franchie, il ne s’estime plus responsable de rien et les abandonne à leur destin en toute indifférence.

    Pour expulser les gens, il faut d’abord s’assurer de leur personne. Nous retrouvons ici la gamme des procédés que j’évoquais en commençant. C’est que dans ce domaine les analogies résultent de la « nature des choses » ; la chasse à l’homme, surtout lorsqu’elle est assortie d’objectifs chiffrés, implique l’utilisation d’un certain nombre de techniques : rafles, convocations-pièges, interpellation des enfants dans les écoles, internement administratif. Quelles que soient les populations ciblées, le recours à ces techniques est inéluctable dès lors qu’on prétend à l’efficacité. Il faut d’ailleurs admettre que, sur ce point, le Ministre de l’Intérieur n’a guère innové par rapport à ses prédécesseurs de l’époque de Vichy et de la guerre d’Algérie et la police française n’a eu qu’à puiser dans ses archives pour retrouver les bonnes vieilles méthodes.

    En quatrième lieu, la mise en œuvre de la répression et les dérives qui l’accompagnent suscitent inévitablement des protestations de caractère moral ou humanitaire. Face à ces protestations, la riposte des responsables est la même, en 2006 comme en 1942, et elle est double : d’un côté, les autorités, nous disent-elles, ne font qu’appliquer la loi, et les protestataires s’entendent reprocher leur incivisme. Par ailleurs, pour désarmer les oppositions, les autorités introduisent des distinctions à l’intérieur de la population frappée par la répression. En 1942, le gouvernement de Vichy déclarait séparer le cas des Juifs français, dont il prétendait vouloir sauver au moins la vie, de celui des Juifs étrangers, livrés pieds et poings liés à l’occupant. De même aujourd’hui, Maître Arno Klarsfeld, l’ineffable médiateur promu par le Ministre de l’Intérieur, insiste sur l’opportunité d’opérer un tri, une sélection, entre les familles qui ont des attaches avec la France et celles qui n’en ont pas, l’expulsion de ces dernières n’appelant aucune objection de sa part.

    Entre 1942 et 2006, les éléments de continuité sont donc nombreux, et il est d’autant plus légitime de les mettre en évidence que, comme les historiens l’ont aujourd’hui démontré, la politique anti-juive du gouvernement de Vichy ne lui a nullement été dictée ni imposée par l’occupant, même si elle comblait ses vœux. C’est d’eux-mêmes et spontanément que le gouvernement, l’administration et la police de Vichy ont offert et apporté leur concours aux autorités allemandes, notamment sous le prétexte proclamé de préserver la souveraineté de l’Etat sur le territoire national : ils ne sauraient donc excuser leur conduite au nom de la contrainte ou de la « force majeure ». La comparaison est donc légitime avec la politique présente, dont l’origine « française » n’est pas discutée.

    Si les événements suivent leur cours actuel, il est vraisemblable que les analogies iront jusqu’à leur terme et que, dans trente ou quarante ans, des cérémonies de repentance seront organisées pour déplorer et désavouer la politique d’immigration pratiquée actuellement. Plutôt que d’attendre un tel dénouement, ne serait-il pas préférable de renforcer dès aujourd’hui la résistance à cette politique, en attendant d’y mettre fin dès que l’évolution de l’opinion le permettra ?

    Patrice Bardet