Sondage et Unité de la Gauche

54% des Français pour la fusion des partis de gauche.
Le sondage commandé par sud-ouest dimanche (15.06.09) est le type même de sondage qui ne sert à rien. Qui, à gauche, n’est pas pour l’unité ? Personne. La véritable question est dans le contenu que l’on donne à cette unité, et surtout, pourquoi faire, bref : le programme, car c’est bien cela qui changera la vie ou non de la majorité de la population.

De ce point de vue, le choix de sud-ouest de consacrer le commentaire de ce sondage au PS Manuel Valls est éclairant à plus d’un titre. Celui-ci, après avoir donné son aval à la création d’un « mouvement de gauche », annonce illico qu’il faut faire disparaitre toute idée de « socialisme », jusqu’au mot « socialiste » d’ailleurs. Bienvenue en capitalisme.

Et, comme pour en donner la preuve, il se laisse aller à définir quelques lignes de « programme » : « L’école ou tout n’est pas une question de moyens » (tiens, on a déjà entendu ça quelque part, non ?), la sécurité, le nucléaire (sans plus de précisions) et les retraites : « nous n’éviterons pas l’allongement de la durée de cotisations et peut-être le recul de l’âge du départ à la retraite », nous dit de manière péremptoire M Valls, soit exactement la même chose que les déclarations le même jour de B. Hortefeux du « mouvement de droite ». A aucun moment celui-ci ne s’interroge sur un autre partage des richesses –même light- qui permettrait de financer les retraites et la santé de la majorité de la population, sans remise en cause de celle-ci : un véritable enjeu de civilisation pourtant.

Et le seul moment ou il aborde « la création des richesses » c’est pour estimer « qu’ il y a des millions « d’entrepreneurs » (langage moderne de remplacement de « l’archaïque » patrons ) qui peuvent porter des valeurs de gauche ». Jamais pour aborder la question des licenciements, des licencieurs et des licenciés, de la majorité de la population qui vit sans pouvoir joindre les deux bouts et pour certains dans la misère totale, de ces actionnaires – dont certains appartiennent sa mouvance- qui licencient uniquement pour pouvoir remplir encore plus leur portefeuille qui dégouline déjà de partout, et du partage des richesses, clé pourtant de tout changement réel pour satisfaire les besoins sociaux, écologiques et démocratiques de la majorité de la population.

Même si de toute évidence ce n’était pas le but recherché, cet interview est bien plus révélateur de l’importance du contenu de l’unité… que les slogans et les sondages incantatoires sur le sujet. Tous ceux qui ne veulent pas préserver ce capitalisme créateur de misère et qui se donnent comme objectif de changer réellement la vie de la majorité de la population, tous ceux qui ne veulent pas recommencer les tristes expériences de cette fausse gauche là (forfait hospitalier, csg, blocage des salaires, désindexation des salaires sur les prix, licenciements contre lesquels on ne peut rien, privatisations en masse etc...) doivent s’atteler à rassembler les anticapitalistes en indépendance vis-à-vis de ceux qui, de « gauche », n’ont plus que le nom.