Accueil > Sur France 2 Mélenchon parle au peuple, Edouard Philippe à la finance !
Sur France 2 Mélenchon parle au peuple, Edouard Philippe à la finance !
par Randy & Mathurin
Publie le vendredi 29 septembre 2017 par Randy & Mathurin - Open-Publishing
Tout le monde s’attendait à un terrible match de boxe dont l’issue serait l’inexorable KO d’un des protagonistes… Mais c’est un autre scénario qui s’est écrit. Celui de deux hommes, sereins et parlant chacun à leur camp : Mélenchon au peuple, Philippe à la finance et ses vassaux.
Deux mondes opposés.
Le début du débat fût frappant. Jean-Luc Mélenchon s’est fait l’écho de cette France qui souffre. Il a parlé au nom de ce peuple qui année après année, élection après élection, voit sa condition se détériorer inexorablement. Ces salariés que l’on presse toujours un peu plus, dont le salaire n’augmente jamais quand les factures, elles, ne cessent de croître chaque rentrée ; ces retraités, qui souffrent du même problème, et à qui on va ajouter le poids de la CSG augmentée ; ces étudiants pour qui se loger deviendra une épreuve, et dont les allocations seront réduites ; ces chômeurs toujours plus nombreux à qui l’on promet une réforme mais pas de travail si ce n’est celui du modèle allemand et ses jobs à 1 euro de l’heure ; ces fonctionnaires, qui ne voient pas non plus leur indice augmenter, mais bientôt leurs droits attaqués…
Ce discours se résume en une affirmation politique forte prononcé par Jean-Luc Mélenchon : « La souffrance se repend partout. Ce n’est pas juste. Quand il y a neuf millions de pauvres dans le pays, on ne peut pas entendre que l’on va encore donner quatre milliards à ceux qui ont déjà tout ».
Le premier ministre tente alors une parade qui ne trompe personne : Oui, la France va mal. Mais il se décharge de toute responsabilité. « Ce n’est pas moi ! C’est les autres ! Ceux d’avant ! ». Pourtant M. Philippe a soutenu toutes les réformes engagées par M. Sarkozy. Les amnésies ont décidemment la vie dure dans le champ politique.
Alors sous prétexte de vouloir engager de « vraies réformes », et de vouloir changer le pays « en profondeur », le premier ministre a tenté de justifier son action politique. Mais la novlangue politicienne ne fait plus illusion. La réalité est moins noble que ce qu’il n’y paraît. Le tandem Macron-Philippe qui procède à un véritable dépècement de notre état, de notre industrie et de notre modèle social, n’est qu’en réalité un servile duo de pantins au service des directives austéritaires imposées par Bruxelles.
Les fausses tergiversations de M. Philippe quant à la ratification du traité de libre-échange entre l’Europe et le Canada (CETA) en sont la parfaite illustration. Leur rôle se limite à nous faire croire qu’ils décident ce qui est bon pour le pays alors qu’ils ne sont fidèles qu’à un seul mandat : celui qu’ils ont reçu de la finance et de ses institutions.
Les ordonnances sur la loi travail, par exemple, ne sont que le prolongement de l’action politique entamée par Hollande et Sarkozy. Elles visent à réduire les normes sociales et les protections des salariés au profit d’un grand marché unique et d’une concurrence exacerbée entre les travailleurs européens. Philippe et Macron n’ont rien de révolutionnaire : ils sont les sinistres représentants officiels d’une finance qui s’accapare tous les pouvoirs.
Sur le plateau, c’est le monde des banquiers et des courtiers que M. Philippe représentait : ceux à qui le cadeau vient d’être fait de soustraire les taxes sur les hauts salaires de ses cadres. C’est aux plus riches, aux oligarques, aux gros actionnaires qu’il s’est adressé : ceux à qui ils ont fait le cadeau de la suppression de l’ISF. Il les a rassurés en leur adressant un message clair : « Le gouvernement ne changera rien, tout se passera comme prévu ».
La justice face à la justesse.
Une autre chose fut frappante dans cette émission, au-delà du combat central : c’est l’impassibilité du premier ministre face à la critique répétée d’une politique générale injuste. Car l’injustice saute aux yeux lorsque le gouvernement retire 5 euros d’APL aux plus fragiles et baisse l’impôt sur la fortune pour les plus riches. « Et alors ! » répond-il, la justesse idéologique, et la justesse envers les maîtres qui les ont amenés au pouvoir, prévaut sur la justice sociale.
Leur justesse idéologique les persuade de la nécessité du respect inconditionnel des 3% et de toutes les directives européennes, quoi que cela coûte au pays et au peuple. Elle les convainc que l’enrichissement des riches finira bien par provoquer l’enrichissement des plus pauvres.
Leur a-t-on dit à toutes ces belles personnes que le pays n’a jamais compté autant de millionnaires ? Autant de dividendes versés ? Et que pourtant, depuis 2005, le nombre de pauvres a augmenté de plus d’un million en France. Cette accumulation de richesses dans les mains de quelques-uns se fait au détriment du plus grand nombre. L’équation est simple, assez pour qu’un enfant de primaire la résolve. Mais l’énarque reste aveuglé par l’idéologie qui l’a structuré.
Leur voile idéologique les conforte dans leurs certitudes. Dans leur monde, les économies faites sur le budget de l’hôpital et de la santé doivent permettre « de redresser le pays ». Dans le nôtre, elles sont synonymes d’inégalités, de renoncement aux soins pour une partie de la population et d‘une dégradation des conditions de travail des personnels soignants et de la prise en charge des patients.
Dans leur champ de vision, les êtres humains et la planète sont renvoyés au rang de statistiques : les souffrances, les maladies, la pauvreté, le chômage de masse, les familles brisées, le réchauffement climatique, tout cela ne devient qu’une externalité secondaire dont ils ne sont pas comptables devant leurs maîtres. La politique de la calculette, les 3% de déficit, la réduction de la dette : voilà leur horizon. Voilà ce qui leur importe.
Face à cette folie idéologique que les libéraux ont subtilement, à force de le répéter, érigé en pragmatisme, Jean-Luc Mélenchon s’est posé hier soir comme celui qui propose un autre chemin pour le pays. « Oui, vous avez raison, je suis contre ce monde injuste qui abîme l’homme et saccage la planète » a-t-il subtilement répliqué au premier ministre qui lui lançait : « Vous n’aimez pas le monde dans lequel on vit ».
Désormais, que les yeux s’ouvrent, que les esprits s’éveillent.