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Sur la nécessité des nationalisations

Publie le dimanche 30 septembre 2007 par Open-Publishing
6 commentaires

Ci-dessous une contribution personnelle pour le Congrès Extraordinaire du PCF :

Sur la nécessité des nationalisations

Ces dernières décennies, la revendication de la propriété collective des moyens de production et d’échange a peu à peu disparu du programme du PCF. Cette revendication est désormais remplacée par des mesures réformistes et limitées telles que « de nouveaux pouvoirs pour les Comités d’Entreprise » ou des « bonus-malus pour les entreprises en fonction de leur politique sur l’emploi ». Il s’agit là d’un très grave recul idéologique du PCF.

En effet, la question de la propriété collective des moyens de production et d’échange est l’un des fondements du marxisme. C’est cette question de la propriété et du contrôle de l’économie qui distingue le système capitaliste du système socialiste à construire.

L’expérience désastreuse du stalinisme est souvent utilisée comme argument pour remettre en cause l’idée même de la nationalisation et d’économie planifiée. Cependant, ce que défendent les marxistes est tout à fait différent de ce qui existait en URSS à l’époque de la dictature de Staline. Les marxistes revendiquent la nationalisation des usines, entreprises, banques, assurances, supermarchés, terres agricoles, mines, etc., – mais cette nationalisation doit se faire sous le contrôle des travailleurs. En URSS, ce programme a été mis en œuvre après la révolution, mais la démocratie ouvrière des premières années n’a pas survécu, en raison de l’isolement de la révolution dans un pays économiquement arriéré.

Le programme actuel du PCF propose bien de renationaliser EDF-GDF. C’est un point positif. Mais en ce qui concernent le logement, le crédit et l’eau, par exemple, le programme parle de constituer des « pôles publics ». Cette formule confuse laisse la porte ouverte à un « partenariat » public-privé dans le cadre du « pole ». Et de toute façon, seule une minorité de l’économie est concernée par ces « pôles ». Le programme du PCF ne réclame jamais la nationalisation des grands groupes industriels, des grands groupes du CAC 40, des chaînes de supermarchés, etc. Or, laisser ces entreprises sous le contrôle des capitalistes, c’est leur laisser le contrôle de l’économie et donc le contrôle du destin politique du pays.

Lorsqu’un gouvernement de gauche s’installera en France, s’il ne s’attaque pas à la propriété privée des grands moyens de production, les capitalistes utiliseront toute leur force de frappe économique pour saboter les réformes sociales mises en place. C’est ce qui se passe en ce moment au Venezuela. Le gouvernement met en œuvre de nombreuses réformes progressistes (réduction du temps de travail, investissement massif dans l’éducation et la santé, etc.), mais laisse pour l’instant la plupart des entreprises entre les mains des capitalistes. Et que se passe-t-il ? Les capitalistes se servent de leur pouvoir économique pour saboter les réformes sociales et tenter de faire tomber le gouvernement : coup d’Etat en 2002, lock-out patronal de l’industrie pétrolière, pénurie alimentaire organisée par le patronat – entre autres. Laisser les entreprises aux mains des capitalistes, c’est laisser une arme puissante aux ennemis des travailleurs, arme qu’ils n’hésiteront pas à utiliser pour défendre leurs intérêts de classe.

Comment faire pour nationaliser sous le contrôle des travailleurs ? Là encore, tournons nous vers le Venezuela. Plusieurs entreprises ont été nationalisées et placées sous contrôle ouvrier. Ainsi, c’est un comité d’usine directement élu par les ouvriers qui décide de ce qui est produit, comment et à quel prix. Les ouvriers se réunissent très régulièrement en Assemblées Générales pour décider de l’avenir de l’entreprise. Il n’y a pas de patrons, pas d’actionnaires propriétaires de l’entreprise, et cependant l’entreprise fonctionne très bien. Cependant, cela ne sera viable sur le long terme que si cette expérience est étendue aux autres secteurs de l’économie.

La nationalisation, sous le contrôle démocratique des travailleurs, des moyens de production et d’échanges, est la condition sine qua non de la réalisation durable d’un programme communiste, et le choix ou le refus de cela distingue les marxistes des réformistes.

Messages

  • Sur ce point , est-ce que quelqu’un a des infos concretes concernant :

    1/ La possibilité légale de se constituer en coopérative ouvrière.
    Est-ce qu’il y a des possibilité d’obtenir des fonds pour créer une telle structure ?

    2/ Est-ce qu’il y a une volonté de mettre en oeuvre des coopératives, avec des salaires égaux et sans hierarchie.
    Est-ce que le modèle d’une coopérative avec conseil ouvrier et vote existe en France, si oui où ?

    3/ Si non, est-ce que cela interesse quelqu’un de reflechir à une initiative de ce genre ?
    Je suis chomeur depuis mai 2007, et j’ai pas envie de retravailler pour un patron.

    Pour ceux qui sont sérieusement motivés par un projet de ce type :

    jy.denis@wanadoo.fr

    Merci pour les réponses constructives.

    jyd.

    • Les coopératives ouvrières ont leur intérêt pour ce qui est du local, lpour du capitalisme relocalisé, pour un retour aux circuits courts, à ou la non péréquation sur l’ensemble du territoire n’est pas une inégalité. Pour le reste les nationalisations sont effectivement une première étape.

      Christian D

      LA MAITRISE CITOYENNE DE LA PRODUCTION
      http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=51004

    • La question se pose vraiment pour les financements socialisés comme pour la secu , plus un seul matos issu d’une industrie publique , ne recoit le pactol , médicaments , materiel radiologique , dentaire, construction , etc... pire cela ne crée presque plus d’emplois en france , adieu Thomson ,Quetin, general electric, usine du rhone, vive sony, teva etc.. bientôt même la gestion de la secu, le tertiaire , les services seront, privatisés, délocalisés !

      Forcement, les questions, du crédit , des fabrications , de l’autonomie du Pays (médicament, alimentation etc..) se posent lorsque l’on propose, securité, emploi, formation pour les salariés ! Sans repli identitaire, mais avec des coopérations, des solidarités internationales , mais ne soyons pas naif, sans brevets et protections , c’est la liberté du renard dans la basse cour .

      Les américains ont soutenu Straus FMI, pour aider les pays émergents ou plutôt le capitalisme des pays émergents , cela devrait nous faire réfléchir , par exemple le cheptel bovin Brésilien appartient aussi à carrefour , les producteurs de médicaments en inde sont près à innonder le marché . Qui finance , qui est actionnaire ?

      La concurence libre et non faussée , je ne vois que des services publiques , ou des pôles publiques pour l’arrêter ! Nous avions déjà ce débat, lors des questions de sémantique donc des fondamentaux , entre service public et services d’intérets generaux . Certains camarades du PCF et de la CGT , bien établis à Bruxelle, faisaient semblant de ne pas comprendre la difference ! d’ailleurs pour certains, ils ont appelé à voté oui au traité ue ou ils ont fait silence, c’est encore pire !

      Maintenant il ne faut plus poser la question , mais trouver des réponses alternatives et concrêtes au capitalisme et vite !

      boris

      ps/excusez, le manque de rigueur, je repond d’instinct, les forums c’est fait pour cela !

    • Nationalisation n’est pas le bon mot car empreint d’étatisme sclérosant avec désignation par le pouvoir du PDG.Toutes les grandes entreprises de 500 salariés et plus doivent être administrés et animés par un Conseil de salariés ,composé de toutes les catégories de personnel,élu tous les 2 ans avec contrôle semestriel.L’état peut avoir un ou deux représentants pour coordonner la vision entreprenariale d’après un plan élaboré pour les besoins des citoyens .Des représentants des clients de l’entreprise peuvent aussi être parti prenante de ce conseil.Faut-il élire un Président-directeur de ce conseil pour le faire fonctionner efficacement ?Question à débattre dans chaque conseil qui trouvera la meilleure formule suivant la qualité des dirigeants et leur volonté de servir la collectivité et non pas de se servir .L’autocrate est toujours présent dans chaque direction,même révolutionnaire .Les garde-fous sont nécessaires et la surveillance intelligente des travailleurs est la seule capable d’éviter toute dérive autoritaire et tromperie sur la marchandise fabriquée .D’autre part le système bancaire doit être remis sur des bons rails par la gestion directe par un conglomérat d’entreprises d’une même industrie:Métallurgie,Bâtiment et travaux publics,énergie et transports,nouvelles technologies,commerce,agriculture et industrie agro-alimentaire,construction navale et pêche,tourisme,environnement et développement durable.Ces banques,débarassées de tout actionnariat et privilège d’intérêt,seront à même d’aider chaque entreprise dans sa gestion financière en attendant la suppression de l’argent à terme.

      Pour ce qui concerne les PME-PMI de moins de 500 salariés,le patron peut poursuivre son action d’entrepreneur,aidé par un conseil de salariés élu sur les mêmes bases que les grandes entreprises.Son expérience peut aider dans un premier temps,s’il accepte de jouer le jeu,les salariés à cogérer le pouvoir.Mais le voudra-t-il ?Seul le rapport de forces dans la socièté l’aidera à assumer ce rôle .N’importe comment c’est dans le mouvement d’une socièté en révolution que les changements transformateurs se feront ou ne se feront pas .Bien des novations apparaîtront dans la pratique que nous ne pouvons pas prévoir maintenant et c’est tant mieux.L’appropriation collective des moyens de production et d’échanges reste une donnée centrale de toute révolution qui se respecte et veut réussir,mais la gestion et l’animation de ces moyens de production et d’échanges restent l’affaire des salariés eux-même et des citoyens,l’Etat ne jouant qu’un rôle de coordination et d’aide politique et moral dans le respect des choix citoyens des travailleurs .

      L’autogestion peut se mettre en place dés maintenant partout où c’est possible sans attendre un succès électoral à venir.Le peuple soutiendra toute action qui le favorise,encore faut-il le lui démontrer .Les communistes existent pour cette raison et non pas pour promouvoir tel ou tel leader,même charismatique ou exceptionnel.Ramer à contre-courant c’est très dur,mais c’est nécessaire si nous voulons retrouver le bon "courant" qui nous dirige vers les îles paradisiaques où le capitalisme n’est plus qu’une tombe et un épitaphe historique .

      Sans une bonne économie il n’y a pas de bonne politique pour satisfaire les besoins citoyens pour une république fraternelle avide de nouvelles libertés.Sachons tirer les leçons des échecs de L’URSS et de ses satellites de l’europe de l’est .

      Bernard SARTON,section d’Aubagne

    • Jyd,

      Non je n’ai rien à proposer, mais il y a des initiatives intéressantes de toute sortes sur ce terrain , le statut de SCOOP me semblant le plus intéressant ( voir statuts à cette page , notamment les 2 formes de SCOOP :

      http://www.place-publique.fr/article95.html ).

      En fouinant un peu tu trouveras certainement des possibilités de travailler avec une SCOOP, il y en a qui semblent assez ouvertes.

      Rencardes toi dans ta région. J’ai été amené très indirectement à connaitre celle-là par exemple, intéressante , à explorer pour comprendre comment ça marche :

      http://www.oxalis-scop.org/

      Mais sinon sur le fond ce sont des expériences et des structures à développer, mais bien sur à un moment donné, ça sera comme le reste le choc avec les noyaux essentiels de production de richesses qui sont tenus par les bourgeois.

      Mais c’est à développer au maximum , comme bien d’autres initiatives qui cherchent à socialiser et développer la démocratie des travailleurs, même dans des domaines de production.

      Parallèlement à la bataille pour le contrôle des travailleurs sur les entreprises privées et d’état.

      Copas

  • Une révolution qui fait l’impasse sur l’appropriation collective des moyens de production et d’échange,ou bien qui ne fait les chôses qu’a moitié se sera pas viable.
    le capital se servira des bastions encore en ses mains comme une véritable arme contrévolutionaire :
    fuite des capitaux organisée a grande echelle par les banques encore en ses maisn,sabotage de la production,dumping sur les prix,etc..
    ET évidemment la nationalisation (ou autre terme) se fera sans indemnitées ni rachat !!
    Je ne suis pas contre l’idée que le pdg soit élu par un conseil.
    Mais là aussi il faudra faire tourner les gens sur les différents postes à responsabilités.
    Definir :que produire,comment ,pour qui et qui décide.
    il ya des urgences:logement,santé ,éducation,agriculture et tout cela dans un but humain en respectant l’environnemnt,ce qui implique un arret du productivisme et la croissance pour la croissance.
    On voit bien là l’ampleur de la tàche,et la perte considérable de richesses pour la bourgeoisie !!
    Ayons un regard sur le chili de 1973 :il faudra instantanémént défaire la hierarchie militaire !!

    je m’étonne de ne jamais voir cette question de la violence probable du capital pour garder ses privileges,posée par les camarades du pcf et de la lcr.

    DAmien