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Sur le pont d’Avignon, les socialistes ne dansent pas tous en rond…
Publie le samedi 8 décembre 2007 par Open-PublishingLa préparation des élections municipales est toujours une période délicate pour les partis politiques qui doivent rendre parfois des arbitrages douloureux.
C’est encore moins simple pour le PS qui est aujourd’hui aux abonnés absents, voire carrément à contre-courant en plein conflit sur les régimes spéciaux ou les universités, son premier secrétaire ne faisant guère entendre la voix de l’opposition face à la politique ultra-libérale de Nicolas Sarkozy.
En prenant position en faveur du Oui au mini traité européen, en vue du vote lors de la convocation prochaine du Parlement, le bureau national du PS aide objectivement le président de la république. Ce nouveau Oui socialiste, malgré le vote populaire en faveur du Non au TCE le 29 mai 2005 et après avoir dit précédemment qu’un nouveau référendum était nécessaire, arrive au terme d’une « logique » qui n’est plus acceptée par une partie grandissante des militants.
Les socialistes de la cité papale n’échappent pas à ce débat sur l’absence de ligne politique claire et d’idées fortes de leur parti. Hasard du calendrier, le premier des trois forums nationaux inscrits dans le processus de rénovation du PS se tenait justement à Avignon 24 novembre dernier…
– En vue des élections municipales du printemps prochain, deux des trois candidats socialistes à l’investiture : Yves Léonard et Cécile Helle viennent de jeter l’éponge au niveau local de sorte que les militants n’auront plus aucun choix possible, une seule personne restant en lice : Michèle Fournier-Armand, vice-présidente du Conseil Général de Vaucluse.
Cécile Helle appelle à une initiative citoyenne de gauche, en n’excluant pas de rejoindre le conseiller général communiste André Castelli, entrant ainsi en concurrence avec la liste socialiste officielle.
Mais ce débat politique est d’autant plus vif que, pour nombre de militants socialistes avignonnais, le fonctionnement démocratique de la section d’Avignon laisse plus qu’à désirer. Cette section comprend en fait deux sous-sections ; celle d’Avignon-ville et celle d’Avignon Montfavet. Ces deux communes, bien qu’ayant des codes postaux différents, constituent ensemble la section d’Avignon.
Dans l’une, Avignon-ville, milite la vice-présidente du CG de Vaucluse : Mme Michèle Fournier-Armand et dans l’autre, celle de Montfavet, milite Cécile Helle, ancienne suppléante d’Elisabeth Guigou (reclassée par le PS dans une autre circonscription électorale plus clémente…)
La proximité équidistante des villes de Marseille et de Montpellier et les règles démocratiques internes très particulières qui y règnent, semblent avoir déteint fortement sur la section PSOn constate en effet qu’avant chaque vote important (congrès, référendum sur le TCE ou désignation des candidats aux diverses élections), le nombre d’adhérents de la section d’Avignon-ville augmente dans des proportions fulgurantes ! Sans doute l’opération des adhérents « soldés » à 20 € favorise-t-elle ces envies subites de prendre une carte au PS avignonnais…
Les partisans de Cécile Helle pointent du doigt également une convocation des adhérents dans le local appartenant à la section d’Avignon-ville (plutôt que dans un autre endroit « neutre »), à quelques mètres d’une rocade très bruyante et d’une capacité de quelques dizaines de personnes alors que les deux sections réunies en comptent plusieurs centaines…, des dates de réunion fixées au dernier moment de sorte que tous les adhérents ne puissent être convoqués, une mise à l’écart dans les préparatifs de débat de la secrétaire de la section d’Avignon-Montfavet, bref tout l’arsenal que l’on a déjà connu ou que l’on connaît encore aujourd’hui dans certaines fédérations départementales du PS…
Bien que cette histoire, digne des plus belles intrigues de l’ancien Palais des papes, soit aussi une rivalité de personnes, elle porte en germe le débat qui pourrait voir le jour, dans les mois qui viennent, à l’approche du prochain congrès du PS, à savoir celui d’une scission éventuelle entre les sociaux-libéraux (la fédération de Vaucluse étant plutôt strauss-kazienne…) et les autres socialistes pour un dénouement à l’Allemande avec un regroupement de l’aile gauche du PS, du PC, d’écologistes, etc. dans un autre parti politique…
Contrairement à ce que l’on entend généralement, le choix à faire ne serait pas entre une orientation résolument à gauche et une orientation sociale-démocrate modérée mais entre une politique de gauche réformiste et une orientation démocrate résolument centriste incarnée par Ségolène Royal ou DSK pour le PS, François Bayrou pour le MODEM, Eric Besson, Bernard Kouchner ou autre Jean-Marie Bockel pour les transfuges du PS au gouvernement, etc.
Autant de dirigeants qui sont devenus au fil des années tout simplement démocrates, à l’Américaine, comme Tony Blair en Angleterre, Gérard Schröder en Allemagne, Romano Prodi en Italie, bref les partisans de la troisième voie et du vote Oui au TCE en 2005 ou à la constitution européenne bis en 2007.
Aujourd’hui, faire passer l’âge de départ à la retraite à 67 ans comme l’ont fait les sociaux-démocrates allemands, réduire de 80% en 25 ans le nombre de lits d’hôpitaux, comme l’ont fait les sociaux-démocrates suédois, ne pas assujettir les stocks -options aux cotisations sociales, comme l’ont fait les socialistes français lorsqu’ils étaient au pouvoir, c’est être « réaliste, moderne, vivre avec son temps et naturellement réformiste » !
Mais de nombreux socialistes n’acceptent plus ces reculs de société, qualifiées outrancièrement de « réformes ». On peut d’ailleurs constater qu’en Allemagne, la création du parti Die Linke (« La gauche »), à l’instigation d’Oscar Lafontaine (ancien dirigeant du SPD qui a démissionné en 2005 pour protester contre l’alignement de Gérard Schröder sur les politiques libérales), est un réel succès.
En effet, le SPD, après avoir perdu plusieurs élections locales dans les Lander, est en grande difficulté à cause de son alliance avec la CDU. Cependant, si la droite allemande obtient un meilleur score que le SPD, elle n’est pas majoritaire. L’existence de Die Linke a ainsi redonné à la gauche allemande la possibilité d’être majoritaire, à condition que le SPD renonce à ses alliances avec Angela Merkel.
Le prochain congrès du PS en 2008 pourrait être le moment idéal pour les vrais réformistes de faire ce qui paraît inévitable depuis le référendum du 29 mai 2005 : scinder le PS en deux partis distincts, un parti socialiste réformiste et un parti démocrate, ce qui n’exclurait pas d’éventuelles alliances électorales entre eux par la suite et ce qui réduirait sans doute les prétentions de François Bayrou à vouloir capter les voix des électeurs du centre-gauche…
- Réformer Aujourd’hui
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