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Communiqué de presse de RAIDH
Le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants, institution indépendante du Conseil de l’Europe, se montre « plus que réticent » à l’introduction des pistolets à électrochocs de type Taser dans les prisons françaises, dans son rapport sur la France publié le 10 décembre 2007.
RAIDH se félicite des recommandations adressées par le Comité pour la prévention de la torture (CPT) du Conseil de l’Europe dans son rapport sur la France. Le CPT indique à propos de l’implantation des pistolets électriques de type Taser qu’"il est plus que réticent à l’introduction d’une telle arme en détention, vu la nature particulière des fonctions assumées par le personnel pénitentiaire".
Après le Comité contre la torture de l’ONU , cette annonce de la plus haute institution européenne de protection des droits de l’Homme tombe mal pour le ministère de l’Intérieur, qui envisageait d’autoriser les policiers municipaux à se doter d’armes de type Taser, en modifiant le décret du 24 mars 2000 qui dresse la liste des armes dont ils peuvent être dotés.
Depuis deux ans, RAIDH, Réseau d’Alerte et d’Intervention pour les Droits de l’Homme mobilise l’opinion publique, et interpelle les parlementaires et le gouvernement sur les dangers relatifs à l’implantation généralisée d’armes à électrochocs de type Taser en France.
En dépit des multiples alertes lancées, des rapports adressés aux institutions publiques, et la mobilisation de milliers de citoyens, RAIDH déplore que le gouvernement campe sur cette dangereuse position et refuse la nécessité d’une régulation et une limitation de la dotation d’une arme dont l’usage peut constituer un traitement cruel, inhumain ou dégradant.
Le Ministère de l’Intérieur a récemment fait part à RAIDH de son intention de poursuivre la dotation d’armes à électrochocs, en équipant 4000 policiers dans les années à venir et potentiellement 17000 policiers municipaux.
« Cependant, après ces prises de position du Comité contre la torture de l’ONU puis du Comité européen pour la prévention de la torture du Conseil de l’Europe, nous n’oserions imaginer que le gouvernement n’entende pas raison… » indique RAIDH.
Une pétition en ligne à l’attention du Président de la République pour une régulation des armes à électrochocs est en ligne à l’adresse suivante : www.raidh.org/petition
RAIDH – Réseau d’Alerte et d’Intervention pour les Droits de l’Homme – www.raidh.org
RAIDH, Réseau d’Alerte et d’Intervention pour les Droits de l’Homme est une jeune association de défense des droits de l’Homme, mobilisée autour de la promotion des droits humains, parmi lesquels le droit à la sûreté, le droit de ne pas se faire arrêter ou brutaliser de manière arbitraire.
Citation in extenso du rapport du Comité de prévention de la torture dans son rapport 2007 sur la France :
c. pistolets à impulsion électrique
170. Tout comme les services de police et de gendarmerie, l’Administration Pénitentiaire s’est dotée d’un certain nombre de pistolets à impulsions électriques (PIE), de marque Täser, qui étaient en test, lors de la visite, dans un petit nombre d’établissements pénitentiaires, dont la Maison d’arrêt de Fresnes.
Le Directeur de l’Administration Pénitentiaire a déclaré, lors de sa rencontre avec la délégation du CPT, beaucoup compter sur l’effet dissuasif du pistolet à impulsions électriques [168]. Toutefois, cette appréciation était très loin d’être partagée par de nombreux membres du personnel pénitentiaire, comme la délégation du CPT a pu s’en rendre compte sur le terrain. Les avantages de l’utilisation du PIE dans un espace clos, comme celui des établissements pénitentiaires, où le personnel est traditionnellement non armé, restaient encore à démontrer, selon les personnels interrogés. En outre, la mise à disposition de telles armes - qui ne seraient utilisées que dans des circonstances exceptionnelles - imposerait nécessairement une formation adéquate et des personnels régulièrement entraînés et comporterait inévitablement des risques considérables pour les relations entre détenus et personnels et pour l’atmosphère générale en détention
Le CPT souhaite recevoir copie de l’évaluation qui ne manquera pas d’être faite à l’issue de la phase de test susmentionnée. Il souhaite d’ores et déjà indiquer que par principe, il est plus que réticent à l’introduction d’une telle arme en détention, vu la nature particulière des fonctions assumées par le personnel pénitentiaire.
Sources :
Messages
1. Taser : la France épinglée, 13 décembre 2007, 17:40
ONU : un comité juge le Taser comme étant une "forme de torture"
Genève - Le Comité de l’ONU contre la torture a estimé que l’utilisation du pistolet Taser constitue "une forme de torture" et "peut même provoquer la mort". Cette arme a été mise en cause récemment dans les décès de trois hommes au Canada et de trois autres aux Etats-Unis.
"L’usage de ces armes provoque une douleur aigüe, constituant une forme de torture", selon le Comité, composé de dix experts indépendants. "Dans certains cas, l’usage de ces armes peut même causer la mort, ainsi que l’ont révélé des études fiables et des faits récents survenus dans la pratique", a fait valoir le Comité.
Le Comité a émis cet avis dans des recommandations délivrées à l’Etat portugais qui a acheté des armes à impulsions électriques ’Taser X26’ destinées à différents corps de police.
Le Portugal "devrait envisager de renoncer à l’usage des armes électriques ’Taser X26’ dont les conséquences sur l’état physique et mental des personnes ciblées seraient de nature à violer" les dispositions de la Convention anti-torture de l’ONU, ont recommandé les experts.
Le ministre de la Justice de la province canadienne de Nouvelle-Ecosse, Cecil Clarke, a annoncé jeudi avoir ordonné un réexamen immédiat de l’utilisation du Taser après le décès d’un homme ayant reçu une décharge de cette arme une trentaine d’heures plus tôt.
Le 14 octobre dernier, toujours au Canada, un immigrant polonais âgé de 40 ans qui avait reçu au moins deux décharges de Taser, est décédé. En octobre, un Montréalais avait été hospitalisé après avoir reçu une décharge de Taser et était mort quelques jours plus tard.
En Suisse, le Conseil national a décidé début octobre d’intégrer les pistolets à électrochocs dans le catalogue des armes pouvant être utilisées lors de l’expulsion de personnes séjournant illégalement en Suisse. Le Conseil des Etats s’y est lui opposé.
SDA-ATS