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Tout le monde sous techno contrôle

Publie le samedi 1er mai 2004 par Open-Publishing
3 commentaires


La relation annuelle du garant pour la confidentialité tire la sonnette d’alarme
sur l’utilisation de plus en plus massive des technologies pour défendre la "sécurité" au
préjudice des libertés de tout le monde. Et elle suggère
des antidotes


GIANNI ROSSI BARILLI

Le futur est déjà parmi nous et nos démocraties risquent de se noyer dans une mer de contrôles de plus en plus capillaires, parfois même inutiles où à effet contraire, même du point de vue de ceux qui aspirent à exercer le contrôle. Des yeux indiscrets partout et des laisses électroniques pour chaque occasion, au nom de la sécurité, de la lutte contre le terrorisme où même seulement de la prospérité du marché. Il s’agit de "dérives technologiques qui peuvent causer des effets de distorsion graves". Cela a été souligné hier par le garant de la confidentialité Stefano Rodotà en présentant sa relation annuelle. Et en expliquant que "le respect des droits et des libertés fondamentales n’est pas qu’un devoir imposé par les lois, mais une formidable "valeur ajoutée" pour la démocratie dans la lutte contre ceux qui, les terroristes les premiers, nient par leurs actes ses valeurs". Il y a de l’inquiétude dans les paroles de Rodotà, mais aussi de la confiance dans la possibilité de neutraliser la négativité des techniques du contrôle à travers des tutelles de plus en plus claires et détaillées de la dignité des personnes. Voila précisément le but du Code concernant la protection des données personnelles, mis au point l’année dernière par le gouvernement et le parlement et entré en vigueur dés le début de 2004, qui définit la protection des données comme un droit fondamental. Et qui établit à l’article 3 que "les systèmes d’information et les programmes informatiques sont configurés en réduisant au minimum l’utilisation de données personnelles et de données identificatrices, de façon à en exclure le traitement quand les finalités poursuivies dans les cas singuliers peuvent être réalisées par des données anonymes ou par des modalités opportunes permettant de n’identifier l’intéressé qu’en cas de nécessité".

C’est ainsi, a expliqué Rodotà, qu’on peut prévenir ou corriger les distorsions, en évaluant toujours l’ "impact confidentialité" de normes et comportements. Autrement "se confier aveuglement aux technologies, en croyant qu’en elles réside désormais la solution de tous les problèmes, peut se résoudre dans une délégation en blanc, avec une politique qui risque de se faire exproprier de ses tâches de choix et de décision sur de graves questions sociales".

D’autant plus que les possibilités d’expropriation décisionnelle galopent à un rythme forcené. Nous ne nous sommes pas encore habitués au déferlement de la vidéosurveillance, des contrôles sur le trafic téléphonique et sur la communication via Internet et déjà d’autres méthodes d’espionnage de nos vies avancent. Comme les "étiquettes intelligentes", qui "en remplaçant les codes à barres, permettront de suivre les produits dans leurs déplacements, en créant ainsi les conditions pour contrôler ceux qui ont acheté et qui usent ces produits". Ou comme les chip sous-cutanés qui peuvent localiser toujours et où que ce soit les personnes, qui modifient la matière même du corps humain. Ou encore comme la quantité de données biométriques (des empreintes digitales à l’Adn) demandées par des gouvernements (en commençant par celui des Etats-Unis) pour vérifier l’identité des personnes à travers leurs "traces" physiques. "Le recours massif aux solutions basées sur la biométrie - dit Rodotà - peut être présenté et perçu comme une panacée technologique et alors l’opinion publique peut tendre à surévaluer leur précision, en associant de façon impropre de telles technologies à une protection absolue contre le terrorisme. A cette fausse certitude peut être associée une "mithridatisation" sociale croissante. La diffusion du recours à la biométrie au-delà des situations de stricte nécessité risque de faire perdre progressivement aux citoyens la sensibilité nécessaire pour saisir les risques pour leur liberté personnelle. La société peut être anesthésiée par l’effacement progressif des perceptions liées à la perte du contrôle exclusif sur son propre corps".

L’alarme du garant pour la confidentialité est partagée par le président de la Chambre des députés Pierferdinando Casini, qui a défini hier "très dangereux de céder des quotas de notre liberté en échange de sécurité, en nous soumettant en quelque sorte à l’inéluctabilité de la société de surveillance". Casini a ajouté que, comme le soutient Rodotà, "les raisons de la sécurité et celles de la tutelle des données personnelles peuvent coexister. Ce qui compte est que l’équilibrage entre ces raisons ne perde jamais de vue sa référence principale : la défense intransigeante de la valeur de la démocratie".

Remarquablement différent le jugement du ministre pour l’innovation technologique, Lucio Stanca, sur la relation du garant. Les cris d’alarme de Rodotà, selon Stanca, sont excessifs et peuvent "être perçus comme un frein ultérieur à l’utilisation et à la diffusion de l’innovation. C’est à la politique d’évaluer, dans les circonstances spécifiques, le juste balancement entre deux droits légitimes qui sont souvent en conflit : celui à la confidentialité et celui à la sécurité".

Et s’il s’agit de choisir entre les deux ? Le secrétaire général de la Farnesina (Ministère des Affaires Etrangères : NdT) Umberto Vattani n’a aucun doute : la sécurité est prioritaire. Pendant une audition au Comité de contrôle sur l’actuation des accords de Schengen, Vattani a affirmé hier que "depuis le 11 septembre la lutte contre le terrorisme est une priorité absolue pour l’Italie". Et il a dit aussi craindre qu’à l’avenir "on ira vers des mesures de plus en plus sévères pour garantir la sécurité". Et patience, naturellement, pour la confidentialité. Dont la traduction italienne est, en ce cas, liberté.

Traduit pour Bellaciao par Karl et Rosa

01.05.2004
Collectif Bellaciao

Messages

  • Moi je crois que les honnêtes gens n’ont rien à cacher : dans des rames de trams à Strasbourg et dans certains bus, il y a déjà des caméras ; il y en a aussi dans les magasins, aux carrefours . Moi je ne pense pas que ce soit une atteinte à ma liberté ; c’est peut-être même un alibi : si quelqu’un se fait tirer dessus au carrefour quand je suis à ce carrefour , tout le monde pourra voir grâce aux caméras et autres technologies que moi je n’étais que là, mais que ce n’est pas moi qui ai tiré.

    Donc moi je demande des caméras partout ; elles peuvent même être cachées.

  • Je pense que la garantie des libertés tient dabord dans la notion en tant que citoyens, que nous avons du respect de soi et d’autrui dans son intégrité,sa liberté,ses biens et ses devoirs....enseignements que nous intégrons de part nos familles, nos écoles. Nos institutions n’en sont que le reflét. C’est l’action de chacun au quotidien qui determine le comportement general. J’ai confiance dans les institutions de mon pays, la France, car le niveau de vigilance et d’éducation des citoyens est élevé . Plus de caméra c’est autoriser sous reserve des textes de lois "democratiques" une presence et une surveillance normale du territoire et de l’espace collectif par des moyens plus modernes, c’est tout. La police est un service public comme un autre qui est utile et indispensable . De toute façon on n’a pas besoin de caméra pour savoir ce que vous faites ! votre carte bleue, internet et votre carte de sécu ou de fidélité à un magasin ou encore votre telephone permettent de retracer toute votre activité journalière ! et même quand vous payez votre facture d’eau,suivant la composition de votre foyer on peut en déduire le nombre de fois où vous êtes allés aux toilettes ! investissez-vous dans la vie de tous les jours, ne fraudez plus la redevance télé, passez au vert et pas au orange, levez-vous dans les transports pour les personnes agées, dites bonjour à votre voisin et ne jetez plus de papier par_terre...ne crachez plus n’importe ou et nous aurons une société plus civique et conviviale au quotidien...donc plus détendue, chacun ayant sa place et un rôle à jouer pour le bien de tous et de toutes ! Moumou

  • Comment on fait pour neutraliser les caméras ? Y’a certainement un moyen...