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Tunisie : Des personnalités politiques entament une grève de la faim illimitée

Publie le dimanche 23 octobre 2005 par Open-Publishing

Sept figures de la société civile et de la scène politique tunisiennes ont annoncé mardi, lors d’une conférence de presse, avoir entamé le même jour une grève de la faim illimitée "pour exprimer leur refus de l’arbitraire et exiger le respect des droits politiques et humains du peuple tunisien".

Dans un communiqué, les grévistes, des dirigeants d’associations et de partis politiques légaux et non reconnus, justifient leur décision par la "détérioration de la situation politique, sociale et culturelle". Ils mentionnent à cet égard, les problèmes dans lesquels se débattent l’Association tunisienne des magistrats (ATM), la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) et le Syndicat des journalistes tunisiens (SJT) et la situation "alarmante" des "détenus politiques".

Les signataires du document s’élèvent contre la volonté du pouvoir d’"ignorer délibérément l’aspiration de secteurs entiers de la société civile à plus de liberté et de participation" et l’accusent d’avoir "accru ses mesures répressives" à un mois du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) prévu en novembre à Tunis.

A travers leur grève, les opposants s’assignent trois objectifs. Ils réclament la liberté d’association par la reconnaissance de toutes les associations et de tous les partis qui aspirent à une existence légale et la levée des entraves qui bloquent l’activité de celles et ceux légalement reconnus.

Concernant la liberté de presse, ils appellent à la levée de la censure, à la cessation des pressions exercées sur les journalistes et à l’ouverture des médias audiovisuels à tous les courants de pensée.

Ils réclament enfin "la libération des prisonniers politiques, islamistes, internautes, jeunes injustement accusés de terrorisme ainsi que la libération de l’avocat dissident Mohamed Abbou et l’adoption d’une loi d’amnistie générale".

Selon le chef du Parti démocratique progressiste (PDP), Me Néjib Chebbi, cette grève vise à attirer l’attention de l’opinion publique sur "la situation dans un pays sans libertés et sans respect des droits de l’Homme les plus élémentaires".

"C’est pour dire aussi à nos amis qui viennent participer au SMSI que vous ne pouvez pas célébrer la liberté d’expression sur Internet dans un pays où l’élite cesse de s’alimenter à cause de l’absence de liberté", a-t-il ajouté.

Le président du SJT (non reconnu), Lotfi Hajji, s’est défendu lui et ses cogrévistes de vouloir perturber le sommet mondial, car, a-t-il fait valoir, "nos doléances sont anciennes et nous y sommes attachés".

Relayé par le porte-parole du Parti ouvrier communiste tunisien (POCT - non reconnu), Hamma Hammami, et le "juge rebelle" Mokhtar Yahyaoui, Me Ayachi Hammami, président du comité de soutien de l’avocat dissident Mohamed Abbou, s’est fait l’écho de la détermination des membres du groupe à poursuivre la grève "pour changer la situation".

Les deux autres grévistes sont Mes Abderraouf Ayadi, vice-président du parti Congrès pour la République (CPR/non reconnu), et Mohamed Nouri, président de l’Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP) qui a fait état de plus de cent grévistes de la faim parmi les quelque 500 détenus islamistes.

Les autorités leur dénient la qualité de prisonniers politiques, en mettant en avant les délits de droit commun pour lesquels ils ont été condamnés.

Avec TUNIS (AP)

http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=2571