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Nous reproduisons ci-dessous la déclaration de Voie Prolétarienne du 26 janvier sur l’évolution de la révolution en Tunisie.
Tunisie, la lutte du peuple continue !
Rejouissons nous de ses succès, prenons exemple sur elle !
Le peuple tunisien ne se fera pas voler sa révolution !
Ben Ali tombé, la lutte est rentrée dans une nouvelle phase. La bourgeoise tunisienne appuyée par les pays impérialistes s’emploient à assurer la continuité du pouvoir d’Etat et à faire rentrer dans le rang le peuple. Mais ce dernier refuse que sa révolution lui soit volée. Le gouvernement provisoire multiplie les tentatives d’apaisement. Il a pour mission de sauvegarder le principal et de faire quelques concessions sur les libertés démocratiques.
Le peuple ne veut pas de ce gouvernement provisoire dit « d’union nationale » dont les postes clefs sont aux mains des ministres de Ben Ali. Le Premier ministre était celui de ce dernier depuis 1999. Pour détourner les revendications populaires, les ministres ont démissionné du RCD. Malgré l’état d’urgence, qui interdit le rassemblement de plus de trois personnes, les manifestations sont quotidiennes. Les manifestants revendiquent la dissolution du parti au pouvoir.
Le peuple exige un changement de régime. Il n’a eu qu’un changement partiel, avec la caution de deux partis d’opposition : Ettajdid (ex PC) et PDP, libéral, interlocuteur privilégié des USA. Contre ce gouvernement, les manifestants scandent des mots d’ordre clairs, économiques et politiques : « le travail est un droit, bande de voleurs » ou « RCD dégage ».
« Ce n’est pas la révolution du Jasmin, c’est la révolution du sang, et elle n’est pas terminée ! »
Depuis dimanche 23, des milliers de Tunisiens venus du centre du pays, font le siège du palais de la Kasbah, qui abrite le Premier ministre. Ils crient leur détermination, « Un mois, deux mois, trois mois ! Jusqu’à la chute du régime ! ». « Le Peuple vient faire tomber le gouvernement » proclame une banderole. De Menzel Bouzaiane, Sidi Bouzib, Regueb, foyers du soulèvement, sont arrivés à Tunis un millier de manifestants. Ils disent « Nous sommes venus pour faire tomber les derniers restes de la dictature ». Le climat est tendu depuis dimanche. Les marcheurs brandissaient les portraits des victimes de la répression qui a fait au moins 100 morts. Ils crient « Ce n’est pas la révolution du Jasmin, c’est la révolution du sang, et elle n’est pas terminée ».
Face à la détermination des travailleurs et du peuple le gouvernement recule et cherche des aménagements de façade. Aujourd’hui, des négociations sont en cours pour créer un « comité des sages » appelé à remplacer ou à superviser ce gouvernement contesté par la rue et pour « protéger la révolution ». Le chef de l’armée a lancé une mise en garde au peuple contre le risque de vide politique tout en jurant de « protéger la révolution. » La bourgeoise se prépare à affronter le peuple.
La situation est révolutionnaire… mais !
C’est une Intifada qui a coûté cher. Plus de cent morts. Un prix fort, pour quelques acquis démocratiques, très précaires, pour l’instant. Il y a tous les ingrédients d’une révolution, mais il manque un Parti révolutionnaire, capable de conduire le peuple sur la voie de la révolution, en empêchant que des forces bourgeoises ne remplissent le vide laissé par la liquidation du RCD, et ne restaure le pouvoir des exploiteurs.
Les militants des organisations qui se réclament de la gauche communiste ont participé à ce soulèvement. Ils sont reconnus par la population. Mais ces partis, réprimés par le régime, manquent d’un programme répondant à la situation actuelle, et de l’enracinement ouvrier et populaire qui leur permettraient de mener une révolution jusqu’au bout. Aucun parti ou organisation n’a donc pu donner de perspectives à ce mouvement. Les intégristes, qui se sont montrés très discrets durant quatre semaines, ont essayé de le récupérer depuis le 14 janvier, mais ils n’y sont pas parvenus.
Les travailleurs et le peuple tunisiens font vivre l’espoir révolutionnaire
Les hommes et les femmes des régions pauvres, qui ont marché sur Tunis, ont rappelé qu’eux seuls ont renversé Ben Ali. Il disent, à ceux qui ont pris le train en marche, qu’ils ont payé de leur sang la chute de Ben Ali avec plus de 50 jeunes tués dans la région de Kasserine, les 8 et 9 janvier. Tués parce qu’ils exigeaient du travail et de la démocratie.
Ces hommes et ces femmes disent à la face du monde que les ouvriers, les travailleurs, les pauvres peuvent vaincre les dictatures les plus féroces. Que les exploités unis et déterminés peuvent changer le cours de l’histoire ! Et faire que l’impossible d’hier ou d’aujourd’hui soit possible demain.
Le potentiel révolutionnaire croît, surtout chez les jeunes. Ces mois de lutte sont une expérience très riche, une école de militantisme qui permettra demain d’aller plus loin, si elle se consolide en organisation et en conscience. La lutte des jeunes, des travailleurs et du peuple tunisien est un espoir et un encouragement pour tous les exploités et les opprimés. Elle dit aux peuples arabes qu’ils peuvent mettre fin à leur oppression et à leur exploitation. Elle dit la même chose aux jeunes français, grecs, anglais, italiens, irlandais, espagnols qui n’en peuvent plus de subir une crise qui n’est que la crise du capitalisme.
L’accumulation de ces expériences servira nos objectifs révolutionnaires, préparera de nouveaux soulèvements permettant d’entamer le système capitaliste et impérialiste qui ne peut survivre qu’en appauvrissant les peuples et en exploitant les ouvriers. Leur lutte est un espoir porteur d’avenir.
A Voie prolétarienne, nous disons : « réjouissons-nous des succès du peuple tunisien… et prenons exemple sur lui ! »
L’impérialisme français a montré encore une fois sa nature. Il camoufle son soutien jusqu’au bout à Ben Ali en prenant argument de la non-ingérence de la France dans une ancienne colonie. Mais en Côte d’Ivoire, elle aussi ancienne colonie, il ne ménage pas son soutien à Ouattara. Bref non-ingérence ou ingérence, c’est selon son intérêt.
Les impérialistes ne veulent rien perdre de leurs intérêts en Tunisie et ils sont prêts à lâcher du lest et à promettre quelques concessions en conservant l’essentiel de leurs intérêts. Et nous voyons poindre les bagarres entre les USA et l’Union européenne dans le partage du gâteau de l’exploitation des ouvriers tunisiens.
Nous sommes à leur côté, car nous avons les mêmes ennemis et les mêmes espoirs. Nous avons tous deux à nous libérer de l’exploitation capitaliste, à combattre l’impérialisme, sans relâche. Et en premier lieu, l’impérialisme français.
Faisons nôtres la détermination et le courage du peuple tunisien. Organisons-nous pour faire tomber, nous aussi, notre régime et marcher vers le socialisme. Faisons reculer la bourgeoisie française qui attaque les peuples des pays qu’elle cherche à dominer, et les travailleurs et travailleuses d’ici, les retraité(e)s, les étudiants, sacrifiant l’avenir des enfants du peuple, alors qu’elle pourchasse les sans papiers dont des travailleurs tunisiens.
Soutien internationaliste aux ouvriers et au peuple tunisien
Dans nos entreprises et ailleurs popularisons leur lutte exemplaire
Dénonçons la complicité de tous les gouvernements français avec Ben Ali
Organisons-nous pour vaincre le capitalisme, cause de chômage, de misère et d’abrutissement
Exigeons la régularisation de tous les sans papiers
Ouvriers exploités et peuples opprimés de tous les pays unissons-nous !
Le 26 janvier

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