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UN MOMENT DANS LA LUTTE...

Publie le mercredi 28 février 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

Solange TALLONE est salariée depuis 17 ans chez OMYACOLOR, fabrique de craies de 80 salariés à Saint Germain la Ville, à quelques encablures de Châlons en Champagne. Le syndicat CGT vient de gagner les élections dans l’entreprise en emportant tous les sièges au 1er collège. Mais à 54 ans, la déléguée syndicale CGT, secrétaire du Comité d’Entreprise et membre du CHSCT a été convoquée à un entretien préalable au licenciement le 27 février 2007 par le directeur de l’établissement .

Solange, mise à pied « conservatoire » depuis déjà 8 jours, s’est rendue à sa convocation à 14 heures avec une autre déléguée du personnel CGT. Dehors, une délégation d’une cinquantaine de militants CGT des Unions locales voisines manifestent leur solidarité avec leurs drapeaux rouges. 2 fourgons de gendarmes sont également présents sur place, un journaliste de L’UNION, une journaliste de FR3 et son caméraman sont également sur place.
Un peu plus d’une heure plus tard, elle apparaît, le visage marqué, au côté de la camarade qui l’a assistée. Et elle résume son affaire.
Solange, subit le harcèlement de la direction (elle reçoit 2 à 3 lettres recommandées par semaine de la part du directeur « pour un oui ou pour un non ») et des cadres de l’entreprise depuis 10 ans. Elle a également pris la défense d’autres collègues et porté l’affaire devant les Instances Représentatives du Personnel. Le patron a créé une commission « d’enquête » triée sur le volet, composée uniquement de cadres. Elle a rendu son verdict : c’est la déléguée syndicale qui « harcèle une demi-douzaine de personnes dans l’entreprise, dont un supérieur hiérarchique » ! L’employeur a produit quelques déclarations à charge, obtenues de quelques uns des collègues de Solange, après force pressions… Le matin-même de l’entretien prévu, chaque salarié a reçu chez lui une lettre directoriale dénonçant les allégations syndicales et assurant chacun qu’il respectera les lois et « plus particulièrement le code du travail » lorsqu’il prendra sa décision.

Le Secrétaire général de l’UL CGT de Châlons, Daniel Garda, estime alors dans son commentaire qu’ « au lendemain d’une victoire écrasante de la CGT,... le directeur d’OMYACOLOR a voulu faire un exemple pour faire peur aux salariés tenté de revendiquer ». Il appelle tous les présents à maintenir la solidarité et prend immédiatement un certain nombre de dispositions dans ce sens, avec le concours de Jean-Pierre LANGLET, Secrétaire général de l’Union départementale CGT également présent.
Avec un certain nombre de camarades qui sont également membres du Parti communiste, nous confirmons notre accord avec l’un des 3 moyens prévus dans le programme de Marie-George Buffet : « la démocratie à l’entreprise : il faut en finir avec la dictature des marchés financiers, avec les pleins pouvoirs du chef d’entreprise… La loi organisera la reconnaissance formelle et le développement résolu de toutes les formes de participation des syndicats, des associations et partis au fonctionnement des institutions. Leurs représentants seront dotés de statuts adaptés. »

Alignement du document Gauche

Nous nous dispersons sous la bruine et je prends la petite route longeant le canal latéral à la Marne pour rentrer à Vitry. Passant devant la tour ronde au toit pointu du château d’Ablancourt, j’arrive au point de vue qui domine toute la plaine largement inondée, champs et peupleraies, par les débordements de la Marne. De là, on plonge du sommet de la côte vers le bas du village de Soulanges, le long du canal aux eaux boueuses. À mi-flanc, parmi les petits sapins et l’herbe coupée, les 11 croix blanches de l’équipage du bombardier allié abattu à la fin de la II° Guerre Mondiale, descendent à la queue leu-leu jusqu’à l’entrée du village. Peu après, je rentre chez moi pour rendre compte aux copains sortis du boulot et qui attendent de savoir…

NOSE DE CHAMPAGNE.

Messages

  • cher nose,
    bon courage à toute l’équipe d’omniacolors...( les craies que j’utilisais au début de ma carrière de maitresse du temps où l’on écrivait encore beaucoup au tableau !!!)
    nous avons eu le même genre d’affaire ds la Manche ds une entreprise de confection de luxe (GRANDIS) et j’apportais toujours le soutien de la FSU et du PCF aux copains de la CGt qui menaient le combat... COMBAT ....nous en aurons encore beaucoup d’autres ! RESISTONS ! anna

  • Merci Nose pour ce témoignage qui montre la férocité de la repression patronale à l’égard de tout ceux qui osent tenir tete.
    Nulle doute que ces patrons iraient encore beaucoup loin si les circontances historiques le leur permettait.

    Face à ces agissements comment ne pas penser à la proposition de MGB de droits nouveaux pour les salariés dans l’entreprise ?
    Comment arriver à ce que les salariés soient syndiqués et soient reellement des citoyens dans l’entreprise si ils sont à la merci du patron, de son arbitraire, de sa repression. Marie-Ségolène Royal semble à des années lumières de la réalité de l’entreprise quand elle fait crorie que de nouvelles déductions d’impot sur les cotisations syndicales et de nouvelles règles de représentativités (par ailleurs souhaitables) permettrait un renforcement des syndicats.

    Il faut contester le pouvoir de l’actionnaire et des patrons dans l’entreprise. Il faut donc s’attaquer au droit de proprièté sur l’entreprise : sans aller jusqu’à proposer la réquisition puis l’autogestion (si il faut aller vers cet objectif, la socièté française n’y est pas prete aujourd’hui) il faut rééquilibrer les pouvoirs dans l’entreprise : les salariés doivent avoir un avis désisionnaire et non plus seulement consultatif et de même pour les élus locaux.

    Il faut en finir avec le féodalisme consistant à donner le pouvoir à ceux qui ont l’argent. Rien n’est possible, aucun programme social n’est crédible si on ne s’attaque pas à ce problème là.

    Jips

    • Bien d’accord avec vous tous. Pour que ce genre d’agissements, indigne d’un chef d’entreprise et de quelques lèches-culs de service, cesse, tous les salariés devraient prendre conscience de leur force en se syndicalisant ensemble. Il faut admettre aujourd’hui qu’on vit des moments très graves. Quelque part, nous sommes en guerre contre "la finance" et ses sbires qui veulent nous esclavagiser. Nous avons pour tout arme que le syndicalisme. Il faut s’y engouffrer tous, pour faire respecter nos droits. ça urge ! Je note au passage que les allemands ont probablement sauvé près de 1000 emplois chez EADS/AIRBUS, par rapport aux français, probablement grâce à un syndicat un peu plus étoffé que chez nous. Mais si nous nous faisons un devoir de l’être tous, ça pourrait bien changer le paysage.

      NOSE, j’ai l’impression que la CGT donne de l’urtiquaire aux patrons. Il faut rappeler aussi que les délégués syndicaux sont protégés par la loi, mais dans les faits, leurs droits sont baffoués comme dans ce cas présent. C’est absolument ignoble. La seule réponse dans cette entreprise serait que tous les salariés se syndiquent à la CGT, pour soutenir Solange TALLONE. Les patrons regarderont à deux fois avant d’attaquer un délégué syndical. Juliette.