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USA : Des pressions politiques sur des experts du climat ?

Publie le mercredi 31 janvier 2007 par Open-Publishing
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NOUVELOBS.COM | 31.01.2007 | 07:31

C’est ce qu’affirment deux ONG américaines, qui devaient présenter mardi leurs conclusions devant le Congrès.
Le Congrès américain se penchait mardi 30 janvier sur une affaire troublante : deux organisations non gouvernementales affirment avoir découvert la preuve de pressions politiques exercées sur des scientifiques d’organismes publics américains pour les pousser à minimiser la menace du réchauffement climatique.
Les conclusions de l’Union des scientifiques préoccupés (UCS) et du Programme de responsabilité du gouvernement (GAP) devaient être présentées mardi devant une commission de la Chambre des représentants. Les deux ONG ont annoncé lundi qu’elles dévoileraient "de nouvelles preuves d’un étouffement et d’une manipulation de la climatologie".
Le réchauffement, et la politique de l’administration Bush sur la question, suscitent un vif intérêt dans le nouveau Congrès à majorité démocrate, au moment où le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) est réuni à Paris pour faire le point sur la menace.

La NASA au coeur de la polémique

Dans la perspective de l’audition des deux ONG devant la commission de supervision et de réforme du gouvernement, le député démocrate Henry Waxman, son président, a demandé à la Maison Blanche et à l’Agence de protection de l’environnement (EPA) de remettre une bonne trentaine de documents sur leur politique climatique.
Parmi les personnes appelées à témoigner figure Rick Piltz, ancien responsable du bureau chargé de coordonner les programmes climatiques publics, qui a démissionné de son poste en 2005, clamant que les rapports des scientifiques sur le climat étaient volontairement édulcorés par les autorités.
L’UCS et le GAP affirment avoir découvert des preuves de pressions sur les scientifiques dans sept agences fédérales. Henry Waxman s’est dit particulièrement intéressé par des informations concernant le Conseil de la Maison Blanche pour la qualité de l’environnement, la NASA et l’EPA.
Des allégations de pressions politiques se trouvent également au coeur d’une controverse impliquant James Hansen, directeur de l’Institut Goddard pour les études spatiales, l’un des plus éminents experts américains sur le climat. James Hansen a accusé la NASA de vouloir l’empêcher de s’exprimer en public sur le réchauffement.

Trois projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre

Depuis que les démocrates ont repris le contrôle du Congrès, le climat apparaît comme une des priorités des parlementaires. La sénatrice démocrate Barbara Boxer a proposé un texte de loi très audacieux, censé permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80% d’ici 2050.
Un autre projet du démocrate Barack Obama et du républicain John McCain, deux sénateurs considérés comme des prétendants sérieux pour la présidentielle de 2008, propose une réduction des émissions des deux tiers dans les mêmes délais. De son côté, le sénateur démocrate Jeff Bingaman soutient un texte qui stopperait la croissance des émissions d’ici 2030 et conduirait ensuite à des réductions.
Les trois projets impliqueraient des limites contraignantes sur les émissions des centrales électriques et des véhicules, et utiliseraient un système d’échange de quotas d’émissions. Le président américain George W. Bush s’oppose lui à toute réduction obligatoire des émissions, estimant que cela nuirait à la croissance économique et que développer de nouvelles technologies coûtera moins cher.
A la Chambre des représentants, la présidente Nancy Pelosi veut créer une nouvelle commission pour mener des auditions et recommander des mesures sur le changement climatique. Une proposition qui témoigne de l’importance nouvelle du dossier pour le Congrès. (Avec AP)

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/ameriques/20070130.OBS9674/des_pressions_politiquessur_des_experts_du_climat_.html

Messages

  • La température risque
    d’augmenter d’au moins 8
    degrés au cours de ce siècle
    Disons-le d’emblée, le changement climatique est
    de loin le problème le plus angoissant auquel
    l’humanité a jamais été confrontée. Selon la dernière estimation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), nous pouvons nous attendre à une augmentation de la température moyenne du globe de 5,8 °C d’ici la fin du XXIe siècle. Le GIEC n’a cependant pas pris en compte un certain nombre de facteurs capitaux, comme l’anéantissement des forêts tropicales et autres végétations. Celles-ci renferment pourtant six cent milliards de tonnes de carbone - presque autant que ce que contient l’atmosphère - et dont la plus grande partie risque fort d’être libérée au cours des prochaines décennies par les activités de moins en moins contrô
    lées des sociétés géantes d’exploitation du bois. Le directeur général du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a récemment déclaré que seul un miracle pourrait sauver ce qui reste des forêts tropicales du globe.
    Sombres prévisions climatiques
    Le GIEC ne prend pas non plus en compte les terribles dommages infligés aux sols par les énormes machines et l’arsenal de produits chimiques toxiques de l’agriculture industrielle moderne. Les sols de la planète renferment mille six cent milliards de tonnes de carbone, soit presque deux fois plus que l’atmosphère. A moins d’un passage rapide à des pratiques agricoles durables, essentiellement biologiques, la majeure partie de ce carbone va être libérée dans les décennies à venir. Le Centre Hadley de l’Organisation météorologique britannique a intégré ces facteurs et d’autres à ses modèles les plus récents et a conclu que l’augmentation de la température moyenne du globe va atteindre 8,8 °C au cours de ce siècle et non pas 5,8 °C. (2) Les prévisions d’autres climatologues, qui prennent en considération des facteurs souvent négligés en grande partie, sont encore plus sombres. (3) S’ils ont raison, quelles sont les implications ?

    D’après le GIEC, nous pouvons nous attendre à une augmentation considérable de la fréquence et de la violence des vagues de
    chaleur, des tempêtes, des inondations et, bien sûr, à la propagation de maladies tropicales dans les zones tempérées, maladies qui affecteront non seulement la santé humaine, mais aussi les cultures. Nous
    devons aussi nous attendre à une élévation du niveau des mers pouvant atteindre quatre-vingt-huit centimètres au cours de ce siècle. En raison de l’infiltration de l’eau salée dans les sols et de la submersion temporaire ou permanente, cette élévation affectera environ 30 % des terres agricoles du globe. (4) Si le Centre Hadley ne se trompe pas, les conséquences en seront évidemment épouvantables.

    La fonte des calottes glaciaires de l’Antarctique secondaire, de l’arctique, et en particulier du Groenland, qui se produit beaucoup plus rapidement que ne l’avait prédit le GIEC, est également très préoccupante. Entre autres choses, elle va réduire la salinité des océans, ce qui affaiblira, voire détournera les courants océaniques comme le Gulf Stream de leur trajet actuel. (5) S’il devait se poursuivre, ce processus aboutirait à rendre glaciales des zones jouissant actuellement d’un climat tempéré, comme l’Europe du Nord, qui pourrait finir par ressembler au Labrador, situé à la même latitude. Ironiquement, le réchauffement planétaire pourrait donc conduire à un refroidissement local ou régional.

    Malheureusement, le changement climatique est plus rapide que prévu. En témoignent entre autres choses les sécheresses prolongées qui ont sévi dans de nombreuses régions du globe.
    Nous ne devons pas perdre de vue que tout cela résulte (en partie au moins) d’une élévation de la température planétaire ne dépassant pas 0,7 °C. Que se passera-t-il quand il nous faudra cultiver la terre dans un monde dont la température moyenne se sera élevée de 2 ou 3 degrés, sans parler des 5 à 8 degrés d’augmentation auxquels on pourrait assister d’ici à la fin du siècle ?

    Consommation énergétique
    Les composantes de l’agriculture industrielle moderne les plus voraces en énergie sont la production d’engrais azotés, les machines agricoles et l’irrigation par pompage. Elles représentent plus de 90 de toute l’énergie consommée directement ou indirectement par l’agriculture et en constituent toutes des éléments essentiels.

    Les émissions de carbone provenant de l’utilisation de combustibles fossiles à des fins agricoles en Angleterre et en Allemagne atteignent respectivement 0,046 et 0,053 tonne à l’hectare alors qu’elles ne sont que de 0,007 tonne, soit environ sept fois moindres, dans les systèmes agricoles non mécanisés. (6)

    Cela concorde avec l’estimation faite par Pretty et Ball, (7) selon laquelle la production de céréales ou de légumes dans l’agriculture moderne exige de 6 à 10 fois plus d’énergie qu’au moyen de méthodes agricoles durables.
    On peut arguer que l’adoption de sources d’énergies renouvelables, comme les énergies éolienne et solaire, celle des vagues et les piles à combustible permettrait d’éviter de réduire la consommation d’énergie pour protéger notre climat.
    Cette substitution nécessaire exigera cependant plusieurs décennies, d’aucuns pensent une cinquantaine d’années.

    Une réduction radicale des émissions de gaz à effet de serre est pourtant immédiatement indispensable si l’on en croit le Centre Hadley, selon lequel, dans moins de trente ans, le réchauffement transformera nos principaux puits actuels de carbone et de méthane (forêts, océans et sols) en émetteurs de gaz à effet de serre. Si cela arrivait, nous serions pris dans un processus d’emballement, une réaction en chaîne impossible à arrêter, conduisant à. une accélération du réchauffement et de l’augmentation de l’instabilité climatique.

    Nous devons donc développer un système agricole ne suscitant pas ces terribles problèmes et contribuant au contraire à revitaliser et reconstituer les ressources du sol. Comme cela ne manquera pas de surprendre ceux qui sont imprégnés de l’idéologie du progrès, un tel système aurait beaucoup en commun avec ceux jadis mis en pratique par nos lointains ancêtres et toujours appliqués dans les parties les plus reculées du tiers monde, qui ont réussi à rester, dans une certaine mesure du moins, en-dehors de l’orbite du système industriel. Peut-être ces pratiques ne sont-elles pas « économiques » selon les critères d’une société industrielle aberrante et nécessairement éphémère, mais ce sont les seules conçues pour nourrir les populations locales de manière vraiment durable.

    Il est significatif à cet égard que les autorités les plus respectées en matière d’agriculture durable, parmi lesquelles Jules Pretty, Miguel Altieri et bien d’autres, usent de plus en plus de l’expression « agriculture durable » comme synonyme d’« agriculture traditionnelle ».

    Si l’agriculture traditionnelle est la solution, on est fondé à se demander pourquoi les gouvernements et les organismes internationaux tiennent tant à empêcher qu’elle soit pratiquée et à lui substituer l’agriculture industrielle moderne. La réponse est que l’agriculture traditionnelle est incompatible avec le processus de développement que nous imposons aux populations du tiers monde, encore moins avec l’économie mondialisée, et surtout pas avec les intérêts à court terme des multinationales qui la dominent.

    Cela ressort clairement des passages suivants de deux rapports de la Banque mondiale. Dans le premier, au sujet du développement de la Papouasie-Nouvelle Guinée, la Banque mondiale reconnaît qu’« une des caractéristiques de l’agriculture de subsistance de Papouasie-Nouvelle Guinée est sa richesse relative ». De fait, « dans la majeure partie du pays, une nature généreuse produit assez pour se nourrir avec relativement peu d’effort ».

    L’ÉCOLOGISTE - Mol. 4 N’3 - OCTOBRE 2003

    mncds -lecteur-