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Un ancien économiste en chef du FMI donne les deux scénarios plausibles pour les années qui viennent.

Publie le vendredi 10 avril 2009 par Open-Publishing
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Simon Johnson, ancien économiste en chef du FMI, écrit :

A mon sens, les Etats-Unis ont devant eux deux scénarios plausibles.

1- Le premier scénario est constitué d’une suite de solutions ad hoc, banque après banque, et d’un continuel roulement de sauvetages (répétés), comme ceux qu’on a pu voir en février pour Citigroup et AIG. L’administration tentera d’y parvenir tant bien que mal, et la confusion règnera.

Boris Fyodorov, ancien ministre des finances russe, a lutté pendant la plus grande partie de ces deux dernières décennies contre les oligarques, contre la corruption et contre l’abus d’autorité sous toutes ses formes. Il disait volontiers que la confusion et le chaos allaient dans le sens des intérêts des puissants - leur permettant d’agir légalement ou illégalement, en tout impunité. Lorsque l’inflation est élevée, qui peut encore dire ce qu’un morceau de propriété vaut réellement ? Lorsque le système de crédit repose sur des arrangements gouvernementaux byzantins et des transactions d’arrière-salle, comment savoir si vous n’êtes pas escroqué ?

Notre avenir pourrait être celui où le chamboulement permanent alimente le pillage qu’opère le système financier, et où nous discuterons à l’infini du pourquoi et du comment les oligarques ont pu se métamorphoser en simples fripouilles, et comment est-ce dieu possible que l’économie n’arrive pas à redémarrer ?

2- Le second scénario débute d’une manière plus glauque, et pourrait malheureusement se terminer de la même manière. Mais il offre au moins un espoir minime que nous parviendrons à sortir de notre torpeur.

Le voici : l’économie globale continue de se détériorer, le système bancaire de l’Europe de l’Est s’effondre et – du fait que ce sont essentiellement des banques d’Europe occidentale qui en sont les propriétaires – la crainte justifiée d’une insolvabilité généralisée des gouvernements européens s’empare de tout le continent. Les créanciers souffrent de plus en plus et la confiance sombre encore davantage. Les économies asiatiques exportatrices de biens manufacturés sont ravagées, tandis que les producteurs de matières premières en Amérique Latine et en Afrique ne s’en sortent guère mieux. L’aggravation dramatique de la situation mondiale donne le coup de grâce à une économie américaine déjà chancelante. Les taux de croissance de référence de l’administration Obama pour le budget en cours sont de plus en plus considérés comme irréalistes. Les “scénarios de stress” optimistes que le Trésor américain utilise actuellement pour évaluer les bilans des banques deviennent la source d’une grande gêne.

Face à ce genre de pressions et confrontés à la perspective d’un effondrement à la fois national et global, un peu de jugeote infuse enfin l’esprit de nos dirigeants.

La représentation communément partagée parmi l’élite est toujours que la crise actuelle “ne peut pas être aussi grave que lors de la Grande Dépression”. Cette vision est fausse.

Ce à quoi nous sommes confrontés pourrait, en réalité, être pire que la Grande Dépression - parce que le monde est aujourd’hui bien plus interconnecté et parce que le secteur bancaire est devenu énorme. Nous sommes confrontés à une récession synchronisée dans presque tous les pays, à une baisse de la confiance des individus comme des entreprises, et à des problèmes majeurs pour les budgets des États. Si nos dirigeants deviennent conscients des conséquences potentielles de cette situation, alors nous assisterons peut-être à une reprise en main draconienne du système bancaire et de la vieille élite brisée. Espérons qu’il ne soit pas alors trop tard.

http://www.theatlantic.com/doc/200905/imf-advice

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