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Un bracelet pour ceux qui travaillent

Publie le jeudi 15 mars 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

Des USA, un dispositif permettant d’espionner l’"état émotif" de tous les salariés

de Francesco Piccioni traduit de l’italien par karl&rosa

En lisant les nouvelles et les articles concernant les technologies (surtout électroniques et informatiques) on a l’impression de vivre au pays de cocagne.

La connectivité universelle – et donc la "liberté" - semblent à portée de main, capturés comme nous le sommes par des dispositifs sans fil et des réseaux wi-fi même "domestiques", des puces pouvant surveiller n’importe quoi, des senseurs, des caméras lilliputiennes et des microphones à longue portée.

Un ensemble de bidules rivalisant pour nous convaincre que leur usage est immanquablement "libératoire". On ne manque pas d’"idéologues" (même "transgressifs") amplifiant cette sensation ou bien, plus concrètement, de publicitaires qui se chargent de faire en sorte que notre main aille toute seule à la recherche du portefeuille.

Et bien, Il semble que soit venu le moment de modifier cette vision.
A la fin de ce mois la Third Eye (« Troisième œil », par pur hasard) va présenter à Las Vegas son produit le plus avancé, le Security Alert Tracking System. Un système complexe ayant son point de force dans un petit engin. Cela semble à première vue une montre normale, avec son bracelet mais sans cadran ni affichage. Il contient en réalité une bio puce en mesure de détecter aussi bien la fréquence du battement du cœur que les niveaux de saturation de l’oxygène dans le sang, par le contrôle continu des niveaux d’hémoglobine. Quand les deux paramètres atteignent un certain seuil, le dispositif envoie un signal d’alarme à la centrale de contrôle (en modalité sans fil, évidemment) et à l’insu de la personne qui le porte.

Le principe médical scientifique (en effet, le partenaire de l’opération est la SPO Medical, spécialisée dans la construction de bio senseurs et de microprocesseurs « portables ») est simple : le battement du cœur et la saturation du sang varient dans les situations de stress, comme quand on se trouve devant une menace ou que l’on est engagé dans une « activité illégale ». Le signal permet d’activer les webcam qui contrôlent le secteur (ou la personne) et de vérifier dans le détail ce qu’est en train de faire le porteur de l’engin clignotant. L’équivoque plane : il y en a qui pourraient penser qu’il s’agit d’une variante hi tech du « bracelet électronique » à mettre aux détenus en permission récompense ou aux arrêts domiciliaires et se dire donc hâtivement d’accord parce qu’ils imaginent qu’il s’agit d’un truc destiné à augmenter « la sécurité » de tant de braves gens qui ne pensent qu’à travailler.

Erreur ! Les destinataires de ce bracelet sont précisément les travailleurs. En effet, la « centrale de contrôle » (la partie la plus coûteuse du « paquet » vendu par la Third Eye) est pensée pour une usine comme pour un casino, pour une banque aussi bien que pour un supermarché, pour un ministère comme pour le siège central d’une multinationale. En lisant les dépliants décrivant le « produit » on peut faire une expérience hilarante (mis à part les frissons dans le dos) : on exalte un « procédé non invasif très important », qui « ajoute à la sécurité des salariés », et – enfin – « pour comprendre quels sont les employés engagés dans des activités illicites (unlawful) ».

Le domaine d’application est potentiellement infini : les « fainéants » visés par le prof. Ichino peuvent commencer à trembler (problème psycho technologique : les « fainéants » pourraient montrer moins de variations significatives de leur fréquence cardiaque), ceux qui sont amoureux de la collègue d’en face feront mieux de changer de rayon, etc. Mais, ironie à part, ce petit engin diabolique n’est que l’un des mille signaux concrets de l’évolution de la machine productive vers un contrôle total sur le travailleur. Un signal expliquant, de toute façon, comment la technique – en soi-même – n’est certainement pas « libératoire ».

Nous vivons dans un monde de marchandises incorporant des quotas croissants de technologie. Nous apprenons à nous en servir, jusqu’à ne plus pouvoir nous en passer. Nombre de ces technologies nous ont effectivement « libérés » d’un nombre incroyable de tâches physiquement ingrates (qu’on pense seulement à la fonction révolutionnaire de la machine à laver dans le fait que les femmes sont devenues des protagonistes sociales), nous livrant, en revanche, à des dépendances plus subtiles.

Mais toute technologie a des « portes « s’ouvrant dans les deux sens : ce qui passe d’un côté à l’autre – et surtout la possibilité d’organiser et de « contrôler » les réseaux – ne dépend que de la « puissance » du sujet à l’oeuvre. Lequel pourra très difficilement être l’individu, avec son hardware spartiate lui permettant d’être connecté avec le monde. Et, en définitive, sous contrôle.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

Messages

  • Cette technologie grand publique, n’est encore une fois qu’une banalisation et vulgarisation scientifique de ce que posséde l’armée.
    Beaucoup de produits comme "le GPS" ou c"es software que l’on trouve sur le net pour regarder le globe et pointer sur son adresse d’une manière amusante" sont des produits mis à la diposition du publique parce que devenu banale pour l’armée. La puissance des différents sattelites permettent surement une vue en temps réel à quelques metres seulement d’une personne repérée par son adresse I.P. par exemple (voir la précision amusante de Google earth pour ne pas citer).

    Les scientifiques arrivent à faire disparaitre une partie du spectre lumineux. Ideal pour faire disparaitre au radar des avions - pire encore faire disparaitre des militaires sur une application de tissu.
    Dans 15, 30 ans la banalisation de cette découverte permettra au grand publiques de se vetir différement et peut pourquoi pas prolonger la mode de scarification et percing en faisant disparaitre une partie de son corps façon cyber punk....
    Nous ne sommes pas loing d’un délire de science fiction. Mais cela pourrait être la réalité de nos futurs enfants... quand on voit comment la terre tourne...
    Ce bracelet servira peut etre de détecteur de mensonges et accompagnera les relevés d’ADN.
    Il pourrait aussi servir au personnes agées qui vivent seul et de garder un oeil sur eux les périiodes de canicules (voire réchauffement de la planete....
    il faut vivre avec son siecle je pense :)

  • 1984 quand tu nous tiens, déjà que les gens bossent dans des "boites" entourées de grillage et autres gardiens.

    RESISTANCE