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Un de la fai sur fsl

Publie le mercredi 26 novembre 2003 par Open-Publishing

Salut tt le monde,
Tout le monde parle de l’unité. Kris s’y dit "favorable" à condition qu’elle se construise "naturellement dans les luttes". Qu’est-ce que tout cela veut dire ? ça n’a pas de sens d’avoir un débat philosophique sur le positif ou le négatif d’un plus grand rassemblement : je ne vois pas en quoi le fait minoritaire aurait en soi un aspect positif. Je ne suis pas un illuminé postulant la nécessité du petit nombre. Je ne pense pas non plus que l’étroitesse géographique de ce débat sur l’unité soit une condition de son échec. Je crois simplement qu’on se concentre sur les moyens d’un tel projet sans en examiner l’essentiel : les conditions. On réclame l’unité comme si tous les anarchistes pensaient tous pareil, avaient le même programme politique - or, la liste montre bien que nous n’avons d’unité politique sur aucun sujet de société. On peut donc se demander pourquoi la question de l’unité, une unité permanente qui transcendrait des regroupements ponctuels, trouverait une quelconque légitimation sinon dans la démagogie.

Il n’y a pas d’unité sans programme politique - or, quand on lit le manifeste de Babar, on est frappé par son aspect apolitique : ce texte joue sur les sentiments. L’OCL, au moment de ce débat, avait publié une critique assez pertinente de cet aspect. Je n’ai rien contre le FSL a priori : du moment que l’unicité politique n’est pas envisagée, je n’ai rien contre des rencontres ponctuelles pour réactualiser les divergences et voir sur quels terrains on peut mettre nos forces en commun. Pour le Vaaag, je suis un peu plus mitigé : je ne suis pas d’accord avec Stecunga, qui pense que les anarchistes doivent être partout pour signaler leur autonomie - tout dépend de la façon dont on le fait. En effet, je crois qu’il y a des ambiguités qu’il vaut mieux dissiper, des initiatives dont il vaut mieux se désolidariser : le FSE, s’il n’a pas été créé par l’Europe, en est à terme un bon instrument ; le partenariat entre FSE et autorités est une représentation idéale de l’idéologie corporatiste dont elle se délecte. Nous sommes tous, contestataires et autorités, des partenaires sociaux, nous devons dialoguer, etc.

Créer un FSL pour marquer, non pas notre autonomie, mais notre indépendance, était un point intéressant, une démarche que la CNT semble avoir rompue en allant témoigner dans la manifestation des passerelles existant entre FSE et FSL. Participer à une manifestation, même en rupture, est autre chose que d’aller porter la contradiction. Organiser un Vaaag autour d’une initiative sans intérêt comme les rassemblements alter-mondialistes me paraît douteux : c’est donner du crédit à l’idée que, plus que l’Etat français, plus que l’Europe, le G8 joue un rôle décisionnel. C’est justifier une démarche strictement symbolique, un rite. Regardez les anti-G8 : l’essentiel des activités des militants a été de "retarder les délégués", alors qu’en même temps, les grèves battaient leur plein. Chaque organisation essaie d’y recruter, de fusionner, tandis que les électrons libres représentent un marché providentiel.

La LCR et Attac & Cie y concrétisent leur unité grandissante, y trouvent même des passerelles avec l’ex-gauche plurielle, tant mieux pour eux ; mais si des anarchistes devaient y avoir leur place, c’était pour démontrer le caractère fallacieux de telles rencontres et détourner les militants sincères de cette pseudo-contestation. Organiser un Vaaag, c’était s’ancrer dans la grande tradition : l’essentiel des débats et des critiques post-Vaaag étaient absolument inintéressants : le conformisme de certains libertaires, le machisme de certains autres, débats qui sont sans doute nécessaires, mais qui ne méritent pas l’exclusivité des discussions. La grande question était absente : pourquoi être là ? Pourquoi une "unité des libertaires" ? Je ne me suis reconnu ni dans ceux qui s’intégraient au concept d’anti-G8, ni dans les idiots qui, en balançant quelques pierres sur une station service pour piquer des cigarettes ou des cocktail sur les flics, s’imaginent avoir été de grand révolutionnaires.

Je ne crois pas qu’il faille être schématique, comme le dénonce à raison Eric : il n’ya pas des manipulateurs, des naîfs et des électrons libres ; en revanche, je crois qu’il y a une idéologie de l’unité qui est à mon avis contraire à l’essence du projet anarchiste. Les discours sur l’unité des "révolutionnaires" ne servent qu’à cacher les divergences profondes entre eux. C’est au nom de cette unité que AL et LCR jouent à je t’aime moi non plus. Tout se résume par ce que dit Kris : "rassembler tous les copains et copines de bonne volonté sans ostracisme". Amen ! Oublions les conditions politiques de l’unité pour construire l’unicité ! Tout ça, c’est de l’angélisme religieux, pas une analyse digne d’une démarche politique sérieuse.

Cordialement,

Richard